Des magasins vides, chantiers à l’arrêt : Une crise de ciment « paralyse » le BTP à Conakry…

CONAKRY-Le Ciment, produit indispensable pour toute construction en dur manque dans la capitale guinéenne depuis quelques jours, selon certains citoyens. De nombreux magasins visités par Africaguinee.com en ce lundi 26 mai 2025 sont complètement vides. Dans de nombreux chantiers également visités, les travaux sont à l’arrêt par manque de ciment. Cette rareté n’est pas sans conséquence sur le BTP, un secteur porteur de croissance. Constat.

Rencontré devant son magasin complètement vide à Cosa, Dieng Amadou explique sa peine :  « Aujourd’hui, nous sommes vraiment confrontés à une difficulté en raison du manque de ciment dans notre capitale. Vous savez, la tête des chantiers, c’est le ciment ; s’il n’y a pas de ciment, on ne peut pas parler de construction. Nos clients viennent tous les jours, mais ils constatent qu’il n’y a pas de ciment. Nous avons appelé nos fournisseurs, mais ils n’ont pas expliqué la cause du manque à Conakry. Donc, comme vous le constatez, nos magasins sont vides et nous sommes dans une grande difficulté aujourd’hui. Depuis un mois, nos magasins sont complètement vides mais le prix n’a pas augmenté ; il reste le même », a-t-il expliqué.

Issa Camara est aussi vendeur de ciment. Il abonde dans le même sens et interpelle les autorités du pays :

« Depuis un mois, nos magasins sont complètement vides suite au manque de ciment. Nous avons tout fait pour connaître la cause de ce manque mais c’est lettre morte. Alors qu’à la fin du mois, nous allons payer le loyer et nous avons des bouches à nourrir. Bref, nous lançons un appel aux autorités, surtout à celles du ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME pour trouver une solution rapidement à ce problème dans notre pays. Sinon, les conséquences pourraient être assez lourdes pour nous les vendeurs, et pour les citoyens du pays, surtout à Conakry, parce qu’il y a des chantiers ouverts partout qui sont à l’arrêt à cause de ce manque de ciment », a-t-il dit.

Ce manque de ciment a un impact négatif sur les chantiers : les travaux sont presque à l’arrêt. Rencontré sur un chantier à Conakry, Boubacar Baldé, ingénieur, affirme que ce manque de ciment a des impacts énormes dans leur travail.

« Ce qu’on constate sur le terrain, c’est qu’il n’y a pas de ciment. Même si on en trouve, c’est à des prix bien au-delà de ceux habituels. Actuellement, le prix oscille entre 85 000 et 90 000. Nous sommes presque obligés d’arrêter les travaux par moments. Quand nous trouvons du ciment, nous continuons le travail. Par exemple, aujourd’hui, nous n’avons que 10 sacs de ciment, et le travail ne peut pas s’effectuer sans une tonne. Si nous n’avons pas une tonne, nous ne pouvons pas travailler. C’est pour cela que les travaux n’ont pas encore débuté. Nous sommes en train de chercher 10 sacs pour compléter et continuer. Ce manque de ciment nous impacte énormément. C’est préoccupant dans la capitale. S’il n’y a pas de ciment, il n’y a pas de travail.

Nous avons 6 usines de ciment. Si ces 6 usines produisent réellement du ciment, je ne vois pas pourquoi il y aurait des pénuries dans le pays. Nous demandons aux autorités de nous aider à inciter les usines à produire davantage. Si la production est insuffisante, il faudrait qu’elles augmentent leur production pour qu’il y ait une grande quantité, à défaut, faciliter l’importation », a-t-il indiqué.

Selon nos informations, le vendredi dernier, les cimentiers ont été contactés par le ministère du Commerce pour plancher autour de cette crise. Une source proche de ce département a confié qu’il n’y a pas de rupture de production. D’après elle, le problème se trouve ailleurs.

« Les cimentiers nous ont dit qu’il n’y a pas de rupture de production. Là où se situe le problème, c’est au niveau du transport. Aujourd’hui, avec le projet Simandou, la flotte de ciment disponible en Guinée est très faible parce que la plupart des commandes sont orientées vers la forêt et d’autres destinations.

Voyant l’état de nos routes, les camions qui pouvaient faire 4 à 5 voyages dans le mois ne peuvent pas aller au-delà de 3 ou 4. Il y a ce facteur-là qu’ils ont cité. Ensuite, il y a un autre facteur qu’ils ont également énuméré : c’est le problème de clinker. Le ciment est fait à base de clinker.

Aujourd’hui, en matière de commerce, dès qu’il y a pénurie d’un produit on indexe directement le ministère du Commerce. Or, vous savez qu’en matière de commerce, il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu, dont le transport et les infrastructures.

Il n’y a pas de problème de manque de ciment. C’est le transport qui pose problème. Il y a très peu de camions qui s’adaptent à aller sur ces routes-là (…).  Et, la loi du marché, lorsque la demande est supérieure à l’offre, les gens spéculent », explique cette source.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com 

Créé le 27 mai 2025 08:10

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