Démolition du marché de Foulamadina : des victimes dans le « désarroi » interpellent le Général Doumbouya
CONAKRY-Une bonne partie du marché de Foulamadina, situé dans la commune de Sonfonia, est en cours de démolition. L’opération a été entamée, mercredi 8 janvier 2025, a constaté Africaguinee.com.
Selon nos informations, cette démolition s’inscrit dans le cadre de l’éradication des zones criminogènes à Conakry, récemment engagées par les autorités.
Rencontrés ce jeudi 9 janvier 2025, les vendeurs et les vendeuses, victimes de l’opération ne savent plus à quel saint se vouer. Ils interpellent le Général Mamadi Doumbouya et son Gouvernement. C’est le cas de M’mawa Camara, tenancière de deux magasins. Désemparée, elle explique sa mésaventure.
« Les autorités étaient venues il y a quelques jours pour nous demander de quitter. Elles ont prévenu qu’elles viendraient détruire tous les magasins et boutiques qui sont là, parce que, selon elles, dans ce marché, il n’y a que des bandits et des prostituées. Donc, hier, des agents ont débarqué à la grande surpris de tous et ont entamé les démolitions. Moi, j’avais deux magasins ici je vendais du riz et des condiments. J’étais à la maison quand des gens m’ont appelé pour me dire qu’ils étaient venus pour détruire nos magasins. Ils m’ont dit de venir vite pour faire sortir mes marchandises. Je suis venue pour vider toutes mes marchandises et les envoyer à la maison.
Vraiment, aujourd’hui, on ne sait pas où mettre la tête. Moi, mon mari est décédé, je vis avec des enfants qui doivent aller à l’école. Ils mangent et s’habillent à ma charge. Nos boutiques sont détruites, ça va être compliqué pour nous de faire face à toutes ces charges. Nous demandons au président de la République, le général Mamadi Doumboya, de penser à nous et à notre situation. Actuellement, nous souffrons beaucoup », a-t-elle expliqué.
Mariama Barry, une autre vendeuse au même marché a également fait part de ses inquiétudes et a demandé aux autorités de trouver un lieu où elles pourraient continuer son travail pour son bien-être.
« Moi, j’étais à la maison parce que je suis malade depuis quelques jours, quand ma petite sœur, qui était là pour me remplacer, m’a appelée vers 15 heures pour me dire de venir vite. Ils sont venus pour détruire nos magasins. Je suis venue dans la précipitation et j’ai même constaté qu’ils avaient emporté les portes de mon magasin. J’ai appelé les voisins, qui sont venus en grand nombre pour m’aider à faire sortir mes bagages. Mais j’avais une somme d’argent d’une valeur de 4 millions de francs guinéens que je n’ai pas retrouvée.
Quand ils étaient venus l’autre fois pour mettre des croix, ils ont dit que nous ne faisions pas partie de cette démolition. Parce qu’ils parlent des prostituées et des bandits, et chez nous, il n’y a que des boutiques et des magasins. Dans ces magasins, il n’y a que des marchandises ; les gens ne logent pas ici, et c’est de l’autre côté qu’il y a des prostituées et des bandits. Donc, je profite de l’occasion pour demander aux autorités actuelles de nous trouver un lieu où nous pouvons vendre nos marchandises, parce que c’est ici que nous gagnons notre bien-être et celui de notre famille », a-t-elle dit.
De son côté, Mamadou Amirou Baldé, l’un des fils du fondateur du marché, affirme qu’il y a eu un avertissement avant le démarrage de la démolition d’une partie du marché. Il reconnaît que des choses anormales se sont passées dans le marché.
« Oui, il y a eu des avertissements concernant certains magasins. Ils sont venus ici pour la première fois, voir les lieux, et ils ont donné 48 heures pour que les gens quittent. Ils ont marqué certains magasins. Mais, vu l’allure avec laquelle ils agissent, on ne sait pas où se limite la casse. C’est cette inquiétude que nous avons aujourd’hui. La cause de cette démolition, n’est autre que ce qui s’est passé à Kiroti, où il y avait des bandits qui faisaient des choses anormales. Donc, c’est suite à cela qu’ils sont venus voir ce qui se passe et ils ont eu des preuves. C’est suite à cela qu’ils ont mis les gens en demeure de quitter. Je ne suis pas l’administrateur, je ne peux pas le confirmer. Néanmoins, il y a des anomalies qui se produisent dans nos marchés.
À part la délinquance, il y a aussi beaucoup d’autres choses que je préfère ne pas mentionner. Je m’inscris en faux concernant les chambres de passage. Cependant, il y a des femmes qui passent la nuit ici. Pour ce qui est des chambres de passage, je m’inscris en faux, car c’est mon papa qui a eu l’opportunité de faire ce marché dans les années 2006-2007. Si les autorités concrétisent cette volonté de débarrasser Conakry des lieux criminogènes, ce serait une très bonne chose. Mais, qu’ils pensent aux victimes, surtout aux personnes qui ont investi, car ce sont aussi des Guinéens. D’abord, il faut les rétablir dans leurs droits« , a-t-il expliqué.
Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 10 janvier 2025 08:55Nous vous proposons aussi
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