Coup d’Etat au Mali: Pourquoi Conakry joue la carte de la « prudence » ?

Alpha Condé, président de la République de Guinée et IBK, président déchu au MALI

CONAKRY-Une junte militaire s'est emparée du pourvoir au Mali ce mardi 18 août 20. Ibrahim Boubacar Keita, qui a annoncé sa "démission" quelques heures après sa capture est toujours dans les mains des putschistes. Ce coup d'Etat parti du camp de Kati a été vigoureusement condamné par la communauté internationale.

La CEDEAO a suspendu le Mali de tous ses organes de décision et a décidé de la fermeture des frontières et aériennes ainsi que de l'arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali. L'union africaine s'est inscrite dans la même logique, jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel. Un sommet extraordinaire virtuel des chefs d'Etat et gouvernement de la CEDEAO se tient au aujourd'hui. A la demande de la France notamment, le conseil de sécurité de l'ONU va également plancher sur les derniers développements au Mali.  

72 heures après ce putsch, (trois jours donc) le gouvernement guinéen n'a pas réagi. Conakry n'a pas pipé mot sur le renversement d'Ibrahim Boubacar Keita, soit pour "condamner" ou en prendre "acte". Au niveau des différents départements : Affaires étrangères, administration du territoire, Sécurité… partout c'est le blackout. La présidence non plus n'a pas encore réagi. Pour le moment, il n'y a eu aucune réaction officielle de Conakry. Une attitude bien curieuse, d'autant plus depuis le début de la contestation au Mali, Alpha Condé a toujours exprimé son soutien à Ibrahim Boubacar Keita, à l'époque plus que jamais fragilisé dans son pays.

Mieux, la Guinée a une importante troupe au Mali, dans le cadre de la mission onusienne pour le maintien de la paix. Les casques bleus guinéens, (un contingent de 800 soldats) se trouvent au nord notamment à Kidal. Le dirigeant guinéen va-t-il ordonné le retrait des troupes au Mali jusqu'au retour de l'ordre constitutionnel ? Nos nombreuses tentatives  d'obtenir des réponses auprès du ministère de la Défense sont restées vaines, pour le moment. Toutefois, il faut dire d'emblée que cette éventualité est très mince dans le contexte actuel. Un retrait des troupes alors que la situation sécuritaire est plus que jamais fragile notamment dans le nord, pourrait avoir de "lourdes conséquences". Car quoique l'on dise, le Mali est aujourd'hui considéré comme un paravent pour les pays qui l'entourent. L'insécurité au sahel en proie à des attaques djihadistes pourrait s'étendre vers de nouveaux horizons, jusque-là épargnés, si on baisse la garde. Pendant ce temps, la nouvelle junte, fait les "yeux doux" vis-à-vis de la communauté internationale, en garantissant que tous les accords signés seront respectés.

A propos des risques élevés de la dégradation sécuritaire au Mali et de ses conséquences,  le dirigeant guinéen a sonné l'alerte récemment. Réitérant son soutien à IBK, Alpha Condé alertait il y a quelques semaines lors d'un sommet des chefs d'Etat de la CEDEAO, qu'une déstabilisation de ce pays va entrainer de lourdes conséquences au niveau sécuritaire pour la sous-région.

"La situation au Mali doit nous interpeler sérieusement parce que ce que les terroristes cherchent aujourd’hui, c’est atteindre les pays côtiers, le Mali est un verrou extrêmement important. Tout ce qui se passe au Mali, nous devons le prendre très sérieusement pour éviter que nous différents pays ne soient déstabilisés », a averti Alpha CONDE. 

Mais il n'y pas que ça. L'histoire du Mali et de la Guinée est commune. Comme le disait Sékou Touré, le premier président guinéen, "ce sont deux poumons dans un même corps". Donc tout ce qui "touche le Mali nous touche aussi", résume de son côté l'actuel dirigeant guinéen. Mais au-delà de ces belles formules, il y a le facteur économique qui constitue un enjeu majeur. Le Mali n'a pas une ouverture en mer. Du coup, le port de Conakry est devenu le hub par lequel transitent quasiment tous les produits importés pour le Mali. Alors que la Côte d'Ivoire voisine a fermé ses frontières avec le Mali, ce en application de la décision prise par la CEDEAO, Conakry n'a pas encore tranché. La Guinée va-t-elle emboîter le pas ? Là est toute la question.

A suivre…

 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Créé le 20 août 2020 12:37

Nous vous proposons aussi

TAGS

étiquettes: , , ,

RAM

SONOCO

TOTAL

UNICEF

LONAGUI

cbg_gif_300x300

CBG

UBA

smb-2

Consortium SMB-Winning

Annonces

Recommandé pour vous

Annonces