Carnet de voyage : La galère des usagers, étreints par les rackets et le mauvais état des routes… « il faut payer pour passer»
En Guinée, les usagers de la route sont souvent pris en tenaille par de nombreuses difficultés durant leur voyage. En plus du mauvais état des routes, ils sont confrontés à d’autres ennuis. Les rackets et la corruption. Des pratiques pourtant interdites par la Loi, mais qui ont l’air d’être érigées en règle. Africaguinee.com a dressé un constat, à travers le pays.
Sur la route Kankan-Siguiri, les voyageurs expriment leur ras-le-bol contre des rackets dont ils sont victimes aux différents points de contrôle. Selon plusieurs témoignages, les usagers subissent la pratique notamment aux barrages de Karifamoriah, dans la préfecture de Kankan, où ils sont contraints de débourser entre 5 000 et 10 000 GNF pour la « levée du barrage » afin de continuer leur chemin. Les passagers dépourvus de carte nationale d’identité sont les plus touchés.
Souvent, ils sont obligés de débourser 10 000 GNF pour éviter de longues palabres avec les agents. Le même constat est fait sur la nationale N°1, reliant Kankan à Conakry, où des points de contrôle, tenus par des forces de défense, imposent des montants similaires. Sur l’axe de Kissidougou, particulièrement avant d’atteindre le quartier Kounakoro, les voyageurs rencontrent ce phénomène fréquemment.
Payer pour passer
« Nous sommes obligés de payer de l’argent à chaque barrage, entre 5 000 et 10 000 gnf, pour éviter de longues discussions. Les passagers sans carte nationale d’identité restent dans les mains des militaires, qui exigent souvent une somme de 10 000 gnf. Pour dire vrai, nous souffrons beaucoup de cette situation. Que ce soit sur la route de Siguiri ou celle de Kissidougou, c’est la même chose : il faut payer pour passer », décrit Mory Magassouba, chauffeur.
Ces barrages avaient été instaurés pour réduire les actes de grand banditisme, un problème récurrent dans la zone de la Haute-Guinée. Si la sécurité semble s’être améliorée, ces rackets ont fini par devenir une règle, au grand dam des usagers. Cela suscite l’indignation des chauffeurs et des passagers, pour qui chaque trajet est désormais ponctué d’interruptions coûteuses. Ils interpellent les autorités pour mettre un terme à ces abus qui alourdissent le coût du voyage et nuisent à la circulation des personnes.
« Moi, je n’avais pas de carte nationale d’identité et j’ai dû payer 10 000 gnf. C’est toujours comme ça, on est habitués. Je fais souvent ce trajet, mais le mois prochain, j’aurai ma carte. Sinon, vraiment, j’ai beaucoup payé aux gendarmes et aux militaires. Qu’on nous aide maintenant : si on nous fouille et qu’il n’y a rien, qu’on nous laisse passer aussi. J’en appelle aux autorités pour qu’elles revoient cette situation alarmante », lance cet usager, qui a préféré garder l’anonymat.
Malgré des efforts visibles pour sécuriser les routes, la persistance de ces pratiques soulève des interrogations sur le maintien des barrages et les conditions de contrôle. Pour de nombreux usagers, une solution rapide et efficace est nécessaire pour garantir le respect des droits des citoyens sur la route et rétablir un climat de confiance. Sur les différents axes routiers du pays, il n’y a pas que cette difficulté que rencontrent les usagers. La dégradation poussée des routes est une autre problématique.
Traversée des routes de “l’enfer”
En Guinée, l’état de dégradation des routes à atteint un seuil inimaginable. Cette année, de nombreuses villes ont été coupées, les unes aux autres. Des axes routiers vitaux ont été fermés.
Un cas emblématique, c’est la route Mamou-Faranah, une distance de 185 kilomètres. Cette voie est devenue impraticable. En outre, pratiquer cette route génère de gros risques liés à l’insécurité. Plusieurs attaques armées menées par des coupeurs de route se déroulent là, généralement la nuit, selon plusieurs témoignages des usagers. Un corridor est ouvert par les sociétés minières exerçant dans le cadre du projet Simandou. Mais il ne suffit pas.
Beyla-Kérouané, 108 kilomètres, dans les oubliettes
Au lieu d’une heure de course, les usagers font plus de 2 heures pour rallier Kérouané, en provenance de Beyla et en partance pour Kankan, pour certains. Cela est lié à l’état dégradé de cette route pourtant prisée par des voyageurs qui quittent dans certains pays de la sous-région, comme la Côte d’Ivoire.
Dabola-Faranah, nid de souffrances
Longue de 107 kilomètres, la route reliant Dabola et Faranah, en Haute-Guinée, est aussi impraticable. Le voyageur trouve en face de lui, une zone accidentée avec chaussée complètement défoncée.
A l’intérieur du pays, l’état des routes donne l’impression qu’aucune action n’est menée pour une réhabilitation. Même les voies menant dans les aérodromes sont aussi en mauvais état. C’est le cas à Nzérékoré par exemple. Se rendre à l’aérodrome situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville, est un véritable casse-tête.
Dansa Camara&Facély Sanoh
Pour Africaguinee.com
Créé le 11 novembre 2024 11:05Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Infrastructures, Insécurité routière, Reportages, Travaux Publics