Carburant, son budget, Alpha Condé : les « confidences » de Mamadou Sylla…

Elhadj Mamadou Sylla

CONAKRY-Dans cette seconde partie de l'interview que le chef de file de l'opposition a accordée à votre quotidien en ligne, il a été question d'aborder la hausse annoncée du prix du carburant à la pompe après le ramadan, mais aussi du blocage de son budget. Elhadj Mamadou Sylla, dans un langage direct, donne sa lecture et fait des propositions à l'Exécutif. Bien que privé de son budget, le parlementaire annonce qu'il va continuer à travailler pour son pays.

AFRICAGUINEE.COM : Une hausse du prix du carburant est annoncée en Guinée après le mois de ramadan. Quelle est votre réaction ?

MAMADOU SYLLA : Cette annonce n’est pas nouvelle ! D’ailleurs dans le memo qu’on a adressé au chef de l’Etat lorsqu’il m’a reçu avec mon cabinet, cela faisait partie des points qu'on avait soulevés. Il nous avait dit que le carburant allait être revu à la hausse après le Ramadan. A notre retour, j’ai convoqué mon cabinet autour de ce sujet qui est quand-même sensible. Nous avions fait appel à l’Union des Transporteurs de Guinée, c’est-à-dire les acteurs du secteur des transports qui sont un maillon important du pays. Nous avions indiqué que si le gouvernement veut revoir le prix du carburant à la hausse, qu’il mette au moins des mesures d’accompagnement en place. Avant toute chose, il est de son devoir de faire appel aux acteurs clés du secteur à savoir : le patronat, le syndicat des transporteurs et autres pour plancher, comme je l'ai dit, sur des mesures d’accompagnement.

Je lui ai fait part de ça avant le début du mois de ramadan. Normalement nous, nous attendions à ce que le gouvernement fasse appel à ces acteurs pour discuter de cela. Parce qu'il faut que les gens soient situés sur le prix du carburant à l’international jusqu’à la pompe et à combien le citoyen va se procurer cette denrée. D’habitude, c’est au niveau du ministère du commerce qu’on statue sur tous ces aspects avant de prendre une décision d’augmentation ou pas. Nous avions recommandé cela lors d'un de nos points de presse et dans le document qu’on a soumis au président de la république.

Certes que le pétrole est en hausse à l’international, mais ce n’est pas une raison pour nous de le faire aussi. On sait que dans notre pays la pauvreté est très présente. Le transport est le secteur qui touche tout le monde et dans tous les domaines. J’avais même demandé aux transporteurs de faire des propositions que je remettrais à qui de droit. Qu’ils prennent en compte ou pas, notre rôle c’est d’alerter. L’exécutif est comptable de tout ce qu’il fait.

Est-ce que vous allez tout de même continuez à faire des propositions en ayant conscience que ce que vous proposez ne sera pas pris en compte ?

Nous n’avons aucun moyen si ce n’est de demander d’appliquer la loi. De faire des propositions pour arranger des situations difficiles. Nous ne sommes pas violents et nous sommes au juste milieu mais cela ne veut pas dire, parce qu’on est modéré, qu’on ne réclamera pas pour améliorer les choses. Vous savez que le guinéen n’est pas mûr en politique. Dès que vous commencez à dénoncer, ou à donner des conseils, on vous taxe d’être de la mouvance alors qu'avant tout je suis de l’opposition.  Personne n’a le monopole de la vérité, ce qu’on a soumis, si le président prend en compte, c’est bien. S'il ne prend pas en compte, il sera comptable vis-à-vis des guinéens.

Le FMI demande le gouvernement de réduire progressivement les subventions pour l'électricité. Qu’en dites-vous ?

Personne ne peut empêcher le Gouvernement de prendre des décisions. Mais il faut savoir qu’il y a des pays qui sont plus pauvres que nous. Tout ce que je recommande au Gouvernement, c’est de jouer sur la flexibilité des prix. A chaque fois qu’il y a un changement, qu’on puisse convoquer les acteurs concernés pour discuter. Il faut qu’un dialogue soit instauré, on ne gère pas comme ça sans communiquer. Il faut situer les acteurs sur le coût des produits et leur dire ce que le pays encoure comme risque. On sait ce qui se passe dans les autres pays de la sous-région.

Le mal en Guinée, ce que le Gouvernement ne prevoit pas souvent, on laisse perdurer les choses et au finish cela cause des problèmes (…). On n’est pas contre une augmentation, mais il faut penser aux conditions de vie des populations. L’Etat ne doit pas aussi aller en faillite. Nous défendons les principes et les lois. En exemple : quand on dit qu’on a interdit les prières nocturnes, il faut indiquer le pourquoi. Je crois que chaque département a un moyen de communication pour édifier les citoyens.

C'est la même chose avec la décision de fermer les cimetières de Bambéto et Kaporo rails. Je dirais qu’il n’y a pas eu assez d’explications. J’aurais appris que le gouvernement veut faire des travaux pour l’intérêt de la population. S’il s’agit de faire bien pour elle, il est du devoir des autorités de bien expliquer ce qui se passe. Lorsqu’il n’y a pas d’informations fiables, ce sont les rumeurs qui vont prendre le dessus.

Un an après votre installation en tant que chef de file de l'opposition, vous n'avez pas votre budget. Comment l'expliquez-vous ?

Oui bien entendu ! L’année dernière Africaguinee.com m’a interpellé quand j’ai été investi comme chef de file de l’opposition, pour me demander si je m’attendais à recevoir mon budget. Je vous ai répondu en disant, connaissant le président Alpha Condé, s’il me donne un franc dans ce sens, je serais surpris. Donc, je n’attends rien de lui.

Dans mon précédent point de presse, j’ai aussi expliqué en toute franchise, que je n’ai rien reçu et que le problème c'est au niveau du Président. C'est ça la réalité (…). Il peut garder ce montant-là pendant mes cinq ans de mandature, mais ça ne va pas m'empêcher de travailler pour mon pays, faire fonctionner mon cabinet. Je me bats pour le développement, je me bats pour trouver des solutions aux problèmes afin de cette situation. C'est tout.

A suivre…

 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 6 mai 2021 12:17

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