Benna Sinéyah Bombodara (Forécariah) : le manque d’eau et d’infrastructures plombe la vie des habitants…

FORÉCARIAH – Sinéyah Bombodara est l’un des districts relevant de la sous-préfecture de Benna Moussayah, dans la préfecture de Forécariah. Située à 17 kilomètres du chef-lieu communal, cette localité frontalière entre la Guinée et la Sierra Leone souffre d’un cruel manque d’infrastructures de base.

S’approvisionner en eau potable est un véritable cauchemar. Selon les habitants, durant la saison sèche, ils n’ont d’autre choix que de puiser l’eau du fleuve Kolenté, qui traverse la zone. C’est cette eau qui est utilisée pour la boisson, la cuisine, la vaisselle et d’autres usages domestiques. Pourtant, cette eau expose les populations à de graves risques sanitaires. Hommes et bétail partagent parfois les mêmes points d’eau insalubres, alors que les infrastructures de santé sont quasi inexistantes.

« Nous souffrons énormément ici. Nous manquons cruellement d’eau potable. Il n’y a pas de route, nous n’avons pas de ponts, ni d’hôpital, ni de marché (…). Nous lançons un appel aux personnes de bonne volonté pour nous aider à doter notre localité de ces infrastructures essentielles. Nous sollicitons aussi le soutien des partenaires jusqu’au président de la République, le général Mamadi Doumbouya. Quand il pleut ici, le seul point d’eau potable est envahi par les ordures. Cela fait parfois deux jours sans que nous ayons une goutte d’eau à boire. La seule pompe qui existait est hors service depuis vingt ans », déplore Ibrahima Sory Diané, un sage du village.

Un quotidien rythmé par les privations

Composée de six secteurs, l’agglomération de Benna Sinéyah Bombodara est frappée de plein fouet par l’absence d’infrastructures de base. Pour s’approvisionner en eau potable, les habitants doivent parcourir jusqu’à 10 kilomètres. Mohamed Diané, chef de district adjoint, dresse un constat alarmant :

« Ici, nous avons un sérieux problème de route. Le seul pont qui nous relie aux autres secteurs devient impraticable dès qu’il pleut. Nous sommes coupés du reste du district. Nous vivons essentiellement de l’agriculture et de l’élevage, mais la commercialisation des produits est un véritable casse-tête en raison de l’état des routes. Nos femmes ne peuvent plus se rendre aux marchés hebdomadaires lorsque le pont est submergé par les eaux de ruissellement, et cette situation peut durer plusieurs mois.

Nous comptons six secteurs : vous avez visité Tamigbé, situé à 7 km, Maloulaya à 10 km, Koko, jusqu’à Yatra… Aucun de ces endroits n’a accès à l’eau potable. Et lorsqu’une personne tombe malade, nous rencontrons de grandes difficultés pour la transporter vers un centre de santé, car il n’y en a tout simplement pas. »

Dans ce hameau enclavé, obtenir de l’eau potable relève d’un parcours de combattant. Il faut se lever très tôt pour espérer se servir au seul point d’eau fonctionnel, où les files d’attente sont longues, notamment pour les femmes.

Foulématou Camara, une habitante, témoigne : « Nous sommes confrontés à de graves problèmes : d’abord la route, ensuite l’eau potable. L’école unique du village manque cruellement d’enseignants. Quand l’un accepte de venir et qu’il n’est pas payé, il ne peut pas tenir longtemps », déplore cette mère de famille.

À Benna Sinéyah Bombodara, la survie quotidienne repose sur la débrouillardise des habitants. Mais face à une telle précarité, leur résilience ne suffit plus. Ils attendent désormais des actes concrets, au-delà des promesses, pour sortir de l’oubli et se sentir enfin citoyens à part entière de la République.

De retour de Benna Sinéyah Bombodara

Chérif Kéita

Pour Africaguinee.com

Créé le 28 mai 2025 08:50

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