Baro, village l’ex Président Alpha Condé : « Nous souffrons énormément ici… »

KOUROUSSA- La commune rurale de Baro (Kouroussa d'où est originaire Alpha Condé) est située à une cinquantaine de kilomètres de Kankan, chef-lieu administratif de la région de la Haute Guinée.

A l’instar de plusieurs localités de la savane guinéenne, cette commune rurale à vocation agropastorale, reste confrontée à d’énormes difficultés de tout genre. Enclavement, pistes rurales dégradées, manque d’eau potables, manque d’enseignants dans les écoles, mais aussi de soignants dans les postes de santé.

Pourtant, Alpha Condé qui a dirigé la Guinée pendant onze ans, est originaire de cette localité. L’ex Président y a d’ailleurs un domicile privé. Bien que n’ayant pas pleinement profité de la gouvernance Condé, les habitants de Baro lui reste tout de même très reconnaissants. Certains peinent encore à se remettre du choc de sa chute.

Sous Alpha Condé, la sous-préfecture de Baro a été dotée d’un centre de santé amélioré, construit par l’ex Première Dame Hadj Djéné Kaba. Mais de nos jours, cette structure sanitaire est confrontée à manque criard de matériel et des produits soins.  Dans ce village, des citoyens retiennent quand même certains efforts de l’ancien dirigeant guinéen. 

« Nous remercions Alpha à tout moment pour ses efforts dans ce village. Ce que Dieu décide, c’est ce qui finit par se produire. Ce qu’il n’a pas fait pour nous, c’est ce qu’il n’a pas pu. Chez nous les malinkés, on dit :  au lieu de donner du poisson aux gens, apprend-leur à pêcher. Alpha Condé a appris à beaucoup de gens à pêcher. Mais ces gens ont préféré pêcher pour eux seuls. Sinon nous ne cesserons pas de rendre grâce à Alpha Condé pour sa bienveillance dans cette communauté », lance Balla Condé, citoyen du district de Baro.

La chute d’Alpha Condé est encore présente dans les mémoires. Certains évoquent avec peine certes cette page, mais avec beaucoup de philosophie, ils l’acceptent.  

« Depuis que nous avons appris la nouvelle du coup d’Etat, nous jeunes et les sages de Baro, sommes plongés dans la tristesse. Parce que nous voulions que son troisième mandat arrive à terme. Mais tout ce que Dieu fait est bon. Nous voulons tout simplement que le nouveau président soit un homme de référence », confie un citoyen de la localité.

« Nous avons un manque d’adduction d’eau potable. La population grandit du jours au lendemain. Les postes de santé de proximité dans certains de nos districts manquent de soignants. Certaines pistes rurales sont impraticables », explique Kaba Condé, le maire de la commune rurale de Baro.

Aminata Kanté, porte-parole des femmes de Baro plaint le manque d’emplois pour les jeunes, ayant terminé leurs études. « Le manque d’emplois est une de nos difficultés majeures aujourd’hui. Nos enfants ont terminé les études, mais ils n’arrivent pas à trouver de l’emploi », dénonce-t-elle.
Ce n’est pas tout. En plus du manque d’emplois, les femmes de Baro se plaignent des coûts exorbitants liés aux frais de l’APEAE, une cotisation des parents d’élèves.

« Nos époux sont des cultivateurs. Le peu qu’ils gagnent dans les champs sont toujours orientés pour l’APEAE afin de payer les enseignants. C’est très difficile, il faut que le gouvernement nous aide dans ce sens pour alléger nos charges.  A cause de cette charge, plusieurs femmes refusent d’envoyer leurs enfants à l’école », confie Aminata Kanté qui se plaint aussi de la cherté des médicaments au centre de santé.

Elle lance une invite aux nouvelles autorités. « Nous demandons aux nouvelles de regarder la commune de Baro, pour mettre fin à nos calvaires.  Ça ne va pas ici. Sans vous mentir nous souffrons énormément dans notre communauté.  C’est la vérité que je vous dis. Surtout chez nous les femmes la souffrance ne dit pas nom », témoigne cette mère de famille.

De retour de Baro, Facély Sanoh

Pour Africaguinee.com