Balaaki : dans le quotidien insoutenable des femmes de Diaaka… « il faut traverser la frontière pour accoucher »

MALI- Dans ce village riche en or mais pauvre en infrastructures sociales de base, les femmes sont confrontées à toute sortie de difficultés. La vie à Diaaka est un enchevêtrement de difficultés quotidiennes. En plus du manque d’eau potable, il n’y a pas de structures de santé, d’établissement scolaire. Ses habitants se sentent à l’abandon depuis que le village frontalier est devenu guinéen en 2016.

L’avenir scolaire de toute une génération d’enfants est sacrifié, faute d’écoles. Parfois, les femmes sont obligées d’aller en territoire sénégalais pour les soins de santé et les accouchements. Quant à l’accès à l’eau, c’est une corvée quotidienne pour les femmes et leurs enfants.

Dans cette suite et fin de la série de reportages consacrés à cette localité revenue dans l’escarcelle de la Guinée en 2016, Africaguinee.com vous plonge dans le quotidien difficile de ces femmes de Diaaka. Elles

Comme toutes les femmes du village aurifère de Diaaka, Sodi Damba passe toute la matinée et une partie de l’après-midi à la quête de l’eau dans des puits ordinaires, sans être satisfaite.

« L’obtention de l’eau reste une préoccupation majeure pour nous. Il faut aller très loin pour en trouver. C’est un calvaire insoutenable que nous vivons à Diaaka. L’eau que nous trouvons est impropre à la consommation. Vivement une aide pour l’obtention de l’eau à Diaaka. C’est tout ce que les femmes demandent. Parfois nous sommes obligées de payer un puisatier afin qu’il descende pour entretenir le fond des puits, mais ça ne suffit pas. Avant nous partions à la rivière, maintenant c’est impossible, les eaux usées de l’exploitation de l’Or atteignent la rivière.

Nous ne pouvons plus utiliser cette eau. L’obtention de l’eau contraint à une corvée. Pour les accouchements également, c’est un autre problème. Aller au poste de santé est synonyme de souffrance de plus parce qu’il n’y a pas de médicaments. Il faut aller à Saraya (Sénégal) ou Keniéba (Mali) » explique Sodi Damba.

Enfants privés d’école

Kambi Keita, mariée et mère de plusieurs enfants décrit une vie difficile en termes d’accès à l’eau et aux soins de santé : « Nous vivons une situation avec beaucoup de souffrances. Dans les structures de santé proches, ce n’est pas à tout moment que nous bénéficions des soins et de médicaments. Il y a souvent des ruptures. Pour espérer de bons soins il faut aller à Diaaka-Macky au Sénégal ou ailleurs par là-bas. Nos enfants sont privés d’école. Pour étudier, il faut aller à Niafou, c’est loin. Ici nous vivons sans eau, sans hôpital et sans école » se lamente Kambi Keita.

Rivière hors d’usage, polluée par des produits toxiques

Comme toutes les autres, Bangoura Sodi souffre pour avoir de l’eau et en cas de besoins de soins : « Quand il fait jour, nous devons aller travailler pour assurer la survie, mais le manque d’eau est une épine dans nos pieds. Tant que nous n’avons pas d’eau, nous ne pouvons pas aller au travail. La rivière est devenue un danger pour nous car elle est polluée. Maintenant nous faisons recours à un puits qui tarit dès que les premiers venus puisent. Quelqu’un avait fait une pompe ici pour vendre l’eau, un moment c’était un soulagement bien que c’était payant, maintenant, la pompe est en panne. Que le gouvernement guinéen nous offre de l’eau, la souffrance est insupportable ».

L’accouchement, un autre calvaire

Mariama Ciré Niakasso, explique que trouver de l’eau ne suffit pas parce qu’il y a des préalables avant de la consommer. Être en état de famille c’est aussi un autre souci dans la contrée de Diaaka:

« C’est le même problème à Diaaka, nous n’obtenons pas de l’eau. C’est ce problème qui a mis fin à nos programmes de jardins potagers. Tu arrives à trouver de l’eau pour les travaux ménagers, mais tu peines à trouver à boire parce qu’elle n’est pas potable. Quand tu sors le matin, tu te débrouilles à rapporter n’importe quelle eau pour ne pas revenir bredouille. Porter une grossesse à Diaaka est une autre souffrance, quand la phase d’accouchement arrive, tu vas vraiment souffrir.

Accoucher sur place constitue un problème grave pour la femme et même son enfant. Il est difficile d’accoucher sur place. Le mieux c’est de partir à Saraya ou à Kéniéba. Si tu accouches sur place même trouver de l’eau pour le travail c’est compliqué. Pour aller en territoire sénégalais ou malien, il faut une moto. Le conducteur va demander 5 litres d’essence. J’ai beaucoup souffert ici pour accoucher. Nous vivons un quotidien difficile dans tous les sens » témoigne Mariama Ciré Niakasso.

Fin !

Reportage réalisé par Alpha Ousmane Bah

De retour de Niafou-Diaaka

Pour africaguinee.com

Tel. (+224) 664 93 45 45

Créé le 4 avril 2025 10:05

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