Aboubacar Soumah : « pourquoi nous avons manifesté notre soutien au CNRD… »

CONAKRY-Le syndicaliste Aboubacar Soumah président du président du Syndicat Libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) vient de briser le silence. Dans un entretien accordé à Africaguinee.com ce jeudi 24 avril 2025 dont l’intégralité sera publiée ultérieurement, le leader de l’inter-centrale de l’éducation a donné les raisons de la mobilisation des enseignants en faveur du CNRD. Il assume cette initiative tout en répondant à certains détracteurs.
« Vous savez, entre le syndicalisme et la politique, il n’y a qu’un fil. Mais nous, au SLECG, nous ne nous sommes jamais impliqués politiquement. Depuis l’avènement du pluralisme syndical sous la Deuxième République, nous avons toujours été des syndicats libres, sans affiliation politique.
Que ce soit sous le régime du Général Conté ou sous celui du président Alpha Condé, nous n’avons jamais soutenu un pouvoir par principe. Ce n’est qu’après analyse objective des faits que nous agissons. Nous étions au Palais du peuple avec tous les enseignants, non pas pour soutenir un régime, mais parce que nous avons constaté que ce gouvernement s’était montré plus ouvert au dialogue avec les travailleurs que les précédents.
Depuis 2022, nous avons engagé des négociations annuelles avec ce gouvernement. Et les résultats sont là : des problèmes restés longtemps en suspens trouvent peu à peu des solutions. Des salles de classe ont été construites, ce qui a permis de désengorger les établissements, et d’améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage » a expliqué le syndicaliste.
Le syndicalisme, c’est avant tout le dialogue, enchaîne M. Soumah qui ajoute que depuis l’arrivée de l’actuel régime, il n’a jamais fermé la porte aux discussions.
« À chaque problème, nous avons été conviés à la table des négociations, et cela a souvent abouti à des solutions concrètes. C’est donc en toute logique que nous avons décidé, enseignants et syndicats, de soutenir ce gouvernement. Pourquoi ? Parce que c’est notre employeur, et s’il répond à nos revendications, il est normal de le reconnaître. Ce n’est pas un soutien politique, c’est un soutien fondé sur des résultats tangibles », a précisé le chef de file de la grève des enseignants en 2017.
Le soutien affiché du syndicat et des enseignants au CNRD soulève des critiques. Aboubacar Soumah dit comprendre et respecter ces critiques, mais il assume leur position. « Chacun est libre de son interprétation, et nous respectons les critiques. Mais la réalité, c’est que ce régime nous tend la main. Il dialogue, il écoute, il agit », affirme-t-il.
À l’inverse, souvient-il « le gouvernement précédent, en 2018, le Premier ministre de l’époque avait dit clairement qu’il n’y aurait pas d’augmentation salariale en 2018, ni en 2019, ni en 2020. Et malgré nos revendications légitimes, ils ont bloqué nos salaires. Certains de nos camarades en sont morts, d’autres ont vu leur vie familiale disloquée ».
Dans ce contexte, selon Aboubacar Soumah, désormais du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), il est évident que le syndicat ne pouvait pas soutenir un régime qui refusait toute écoute, toute négociation. « Nous ne sommes pas des ennemis des gouvernements, ce sont nos partenaires. Ils sont nos employeurs. Et tant qu’ils répondent à nos revendications, nous les soutenons. Nous sommes un syndicat de participation, pas un syndicat d’opposition. Nous travaillons à contribuer au développement économique et social du pays. Nous ne sommes pas manipulables, ni par les partis, ni par les idéologies. Nous sommes des intellectuels. Nous savons analyser les situations. Ce régime répond à nos attentes ? Alors oui, nous le soutenons. Voilà la vérité ».
Risque de politisation de l’éducation
Aboubacar Soumah affirme qu’il n’y a aucun risque de politisation de l’administration. « Nous n’avons jamais politisé l’éducation. Ce sont plutôt d’autres organisations qui l’ont fait, en nommant à des postes de responsabilité des personnes issues de partis politiques. Nous ne sommes affiliés à aucun parti. Personnellement, je ne milite dans aucune formation politique. Ma seule mission, c’est de défendre les travailleurs. C’est là ma vocation.
Je ne me bats ni pour des intérêts politiques ni personnels, mais pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, en particulier des enseignants. Si un régime facilite ce combat, sans poser d’obstacles, alors je le soutiendrai. Ce que nous recherchons, c’est l’amélioration de la situation des travailleurs. Point », a tranché le syndicaliste.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 24 avril 2025 18:07Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Aboubacar Soumah, Ecole guinéenne, syndicat, syndicats