Amadou Oury Diallo, handicapé, excelle dans la cordonnerie : « Il ne faut pas attendre l’aide de quelqu’un… »
N’ZEREKORE- Né en 1970 à Labé dans la région du Foutah Djallon, Amadou Oury Diallo, a miraculeusement perdu l’usage de ses membres inférieurs quand il avait six (6) ans.
Après des soins infructueux dans différents hôpitaux, il s’est vite adapté à l’usage d’une canne pour ses déplacements. N’ayant eu la chance d’aller à l’école, Amadou Oury Diallo a décidé d’apprendre la cordonnerie pour se trouver de quoi vivre.
Sans maître ni guide, le jeune vivant avec handicap a pu se tracer un chemin sans l’aide de quelqu’un, confie-t-il. Créatif, il a vite su réparer et fabriquer des chaussures. Son histoire est pathétique.
Établi à N’zérékoré depuis l’an 2000 sur invitation de son oncle, Amadou Oury Diallo a monté son atelier de cordonnerie au quartier commercial dans la commune urbaine. Du haut de ses 54 ans, l’homme au parcours atypique est marié et père trois enfants dont l’aîné passe pour la quatrième année. A l’atelier, certains enfants de ses frères sont sous sa coupole.
Comment Amadou Oury a-t-il perdu l’usage de ces deux pieds ?
« Par rapport à la maladie je ne peux pas expliquer réellement ce qui m’est arrivé. Car j’étais enfant. Mon âge était compris entre 5 et 6 ans. Mais les parents m’ont expliqué un peu et ce que j’ai pu retenir, c’est un jour pendant la nuit, j’ai voulu aller me mettre à l’aise. J’ai informé ma maman, elle m’a dit de sortir. Du coup j’ai dit à ma maman que je ne pouvais pas marcher. Elle m’a dit non lève-toi tu vas aller puisqu’elle pensait que c’est de la blague. Entre-temps elle a compris réellement que je ne pouvais pas marcher. Elle m’a donc pris je suis allé me mettre à l’aise et c’est là-bas que tout a commencé. Ils ont finalement tout fait, ils m’ont envoyé dans plusieurs hôpitaux mais ça n’a pas marché. Depuis lors je n’ai jamais marché sur mes pieds. J’ai ainsi commencé à utiliser la canne et aujourd’hui je ne peux m’en passer. C’est Dieu qui l’a voulu ainsi », a-t-il expliqué.
Malgré son handicap, sans être scolarisé, le jeune Diallo a su se frayer un chemin et se faire une place au soleil sans apport. « J’ai appris ce métier sans maître », mentionne-t-il.
« A vrai dire, c’est Dieu qui a voulu que je fasse ce métier car j’ai commencé ça sans l’aide de quelqu’un. Je n’ai pas eu de maître pour ce métier. Personne ne me l’a appris. Je l’ai entamé par la confection des ceintures, des portefeuilles, des Képi et des chaussures. Quand j’étais à Labé. Aujourd’hui Dieu merci grâce à ce métier je me suis marié et je subviens à tous mes besoins », le quinquagénaire.
Amadou Oury Diallo, est arrivé à Nzérékoré en l’an 2000 sur invitation de ses oncles. Dès son arrivée, il a repris l’activité qu’il a admiré depuis l’enfance. « Quand je confectionne les chaussures, je les expose puisque je n’ai personne pour vendre à la sauvette. Mais quand même les gens viennent acheter ».
En 2003, Amadou Oury Diallo s’est marié grâce à cette activité qu’il exerce. Aujourd’hui, il est père de 3 enfants qui n’ont pas encore grandi.
‘’Je remercie Dieu comme vous me voyez ici je travaille. Mes enfants n’ont pas encore grandi. Quand je me suis marié, mes premiers enfants n’ont pas survécu. C’est tout dernièrement que j’ai commencé à avoir des enfants. Ceux que vous voyez avec moi sont ceux de mon frère et de ma petite sœur. Je l’ai approché pour leur apprendre le métier.
J’ai trois enfants, un garçon et deux filles. Mon premier garçon va faire la 4ème année cette année et l’autre fille fait la deuxième année. La dernière est petite d’abord’’, relate-t-il.
Vivre dans la mendicité n’est pas facile. S’asseoir attendre toujours l’aide des gens c’est quand tu n’as plus d’espoir, soutient-t-il.
« Vous savez, compter sur l’aide de quelqu’un ou bien aller tendre la main toujours c’est vraiment difficile. Les hommes n’ont pas la même moralité. Quand tu as l’opportunité de faire quelque chose, mets-toi à la tâche sans attendre l’aide de quelqu’un. Parce qu’être mendiant n’est pas facile. S’asseoir attendre toujours l’aide des gens c’est quand tu n’as plus d’espoir que tu dois faire cela. Je me rappelle qu’un jour, je suis allé au marché pour acheter une bouilloire. J’ai salué le commerçant, il m’a répondu. Quand je lui ai demandé le prix de la bouilloire il m’a dit : je n’ai rien eu. Il pensait que je suis venu pour quémander. Je lui ai dit non je suis venu pour acheter une bouilloire. Depuis ce jour, j’ai rendu grâce à Dieu pour m’avoir permis de pratiquer ce métier pour satisfaire mes besoins sans l’aide de quelqu’un », martele monsieur Diallo.
Depuis son enfance, Amadou Oury Diallo, a eu le soutien d’une seule structure. L’Union des Handicapés de Guinée, lui a offert une fois 100.000Gnf et un sac d’écolier se souvient-t-il.
‘’Depuis que j’ai commencé ce travail, j’évolue seul sans l’aide de quelqu’un. C’est avec mes petits moyens seulement et mon courage. La plaque que vous voyez ici ce sont des personnes qui l’ont placée. Ils m’ont demandé si je travaille avec quelqu’un ou bien des gens m’aident. J’ai dit non j’évolue seul. Ils m’ont demandé si j’ai des enfants qui sont à l’école, j’ai dit oui. Après ils ont pris mon numéro. Un jour, ils m’ont appelé. Quand je suis allé, ils m’ont donné un sac d’écolier plus une tenue et une somme de 100.000 francs. C’est la seule aide que j’ai reçue pour le moment’’, soutient Amadou Oury Diallo qui précise être confronté aux difficultés liées à l’obtention de matériel de travail.
« Actuellement, je dis Dieu merci ça bouge un peu, mais je n’ai pas assez de moyens. C’est à cause de cela que je répare parallèlement les chaussures. Sinon je confectionne des chaussures, des sacs, des portefeuilles et des képis. Ce que je gagne me permet de couvrir mes besoins, mais il n’y a pas de moyens car le matériel que j’utilise vient du Sénégal pour Labé. Et nous, nous faisons la commande à Labé pour ici. Sinon le matériel est cher mais on fait avec. C’est par manque de moyen que je mélange la confection à la réparation des chaussures ».
Amadou Oury Diallo demande aux autorités et aux personnes de bonne volonté de lui venir en aide, afin qu’il puisse développer ses activités.
« Je demande à toute personne de bonne volonté qui dispose des moyens de m’aider, de me venir en aide. Je suis là aujourd’hui, pas parce que j’ai assez de moyens. Je n’ai rien mais je remercie également le bon Dieu pour ses bienfaits. Aux autorités j’envoie le même message surtout sur le plan matériel. Si je gagne le matériel dont j’ai besoin, je saurai travailler facilement », plaide Amadou Oury Diallo.
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant Régional d’Africaguinee.com
A Nzérékoré.
Tél : (00224) 628 80 17 43
Créé le 14 septembre 2024 09:13Nous vous proposons aussi
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