A.D, guinéen rescapé des violences contre les noirs à Sfax : « Comment j’ai échappé à la mort…»

C’est un témoignage glaçant d’un jeune guinéen qui a échappé de justesse à un lynchage lors des récentes violences xénophobes contre les noirs subsahariens dans la ville de Sfax (Tunisie).

AD a quitté la Guinée pour rejoindre l’Europe par la mer. Mais la semaine dernière suite à la mort d’un tunisien, il a vécu l’enfer sur terre. Il failli laisser sa vie avant même de prendre l’embarcation devant le conduire vers l’eldorado rêvé. Un journaliste d’Africaguinee.com a recueilli son témoignage depuis l’Algérie où il s’est réfugié tandis que d’autres migrants comme lui sont jetés dans le désert entre la Tunisie et la Libye.

« Quand les événements ont commencé suite à la mort du tunisien à Sfax, on était à notre lieu d’habitation. Nous étions 7 guinéens et 3 sénégalais. Le mardi passé vers les 22 heures, un groupe de d’individus a surgi dans notre chambre. Ils ont tout saccagé dedans et nous ont sommé de sortir et de rentrer chez nous.

Parce que selon eux, nous sommes des barbares et qu’on ne mérite pas de vivre dans leur pays. La chance que nous avons eue, la police tunisienne est venue nous extirper dans leurs mains. Mais avant que la police vienne, j’ai vu des groupes de personnes rentrer dans les maisons où habitent des noirs subsahariens, violenter des femmes, insulter les gens, frapper d’autres.

C’est dans cette débandade que la police a envoyé des bus. On nous a demandé de s’embarquer à bord. Alors, quand nous sommes éloignés de la ville, ils nous ont dit de descendre pour nous identifier. Moi et mon groupe, c’est dans ça que nous avons profité pour nous échapper. Après, nous avons appelé nos amis qui sont dans les zones un peu calmes pour les rejoindre. Arrivés, nous avons décidé de quitter la Tunisie. Actuellement nous sommes en Algérie comme ça.

Comment vous avez fait pour rejoindre l’Algérie ?

Durant notre périple, nous avons vu la mort de nos propres yeux. Il faut voir pour croire. C’est une route de l’enfer que nous avons emprunté. Seul Dieu sait comment il nous a donné la force et la chance pour rejoindre l’Algérie. Nous sommes restés deux jours sans manger. Ils nous ont mis même dans des coffres de voitures pour nous permettre de sortir de la Tunisie pour rentrer en Algérie », a relaté B.D qui n’envisage pas de rentrer en Guinée. Il compte tenter sa chance pour rejoindre l’Europe.

Mamadou Yaya Bah 

Pour Africaguinee.com