490 millions de dollars pour stopper Ebola

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L'OMS a publié sa feuille de route, qui liste toutes les actions à engager, et leur coût, pour enrayer l'épidémie.

«Ce n'est pas une crise africaine, c'est une crise mondiale.» Pour Bruce Aylward, responsable des programmes d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le constat est aussi triste qu'évident: cette épidémie de fièvre à virus Ebola, la pire que le monde ait jamais connue, va continuer à s'étendre. Et une réponse internationale forte est indispensable, qui doit être déployée en deux axes: d'abord stopper la crise en cours, ensuite renforcer les systèmes de santé de la région, dont la désorganisation est pain béni pour ce type de virus qui pourrait un jour faire peser la menace sur le monde entier.

Déjà 1552 décès et 3069 cas ont été répertoriés (hors RDC), selon le dernier bilan officiel de l'OMS, qui avoue être en deçà de la réalité. Les personnes touchées seraient en réalité de deux à quatre fois plus nombreuses, et la progression du mal est fulgurante: 40 % des cas officiels sont survenus depuis moins de 21 jours. L'OMS s'attend donc à devoir traiter plus de 20.000 personnes dans les six mois à venir, soit près de 10 fois le nombre de cas recensés depuis la découverte du virus, en 1976.

Un premier cas au Sénégal

L'épidémie ne cesse de s'étendre. Le Nigeria, qui semblait avoir réussi à contenir la flambée, a annoncé jeudi la mort d'un médecin, un décès d'autant plus inquiétant qu'il est survenu à Port Harcourt, centre névralgique de la production de pétrole au Nigeria, situé à 400 kilomètres de Lagos où les cas étaient jusqu'alors concentrés. Le Sénégal de son côté a confirmé vendredi son premier cas, un étudiant guinéen qui avait disparu il y a trois semaines de Conakry (Guinée), où il était sous surveillance après avoir été en contact avec des malades.

Face à ce qu'elle estime être une «urgence de santé publique» de portée «internationale», l'OMS a donc publié jeudi la feuille de route de sa campagne contre Ebola. Elle se donne trois mois pour inverser la tendance à l'extension, tant numérique que géographique, de l'épidémie ; et six à neuf mois pour l'éradiquer.

Selon l'organisation, 490 millions de dollars seront nécessaires rien que pour répondre à la crise sanitaire. Chacun devra y prendre sa part, des communautés locales aux instances internationales, en passant par les gouvernements des pays concernés et les organisations humanitaires.

Mobiliser toutes les énergies

L'OMS calcule que 13.600 personnes devront être impliquées dans la lutte contre Ebola (pour soigner les malades mais aussi surveiller les cas suspects, analyser les prélèvements, «tracer» les personnes ayant été en contact avec des malades, informer et mobiliser les populations, assurer les supports techniques et logistiques, etc.). Du personnel qui doit être recruté et payé, mais aussi formé et, insiste l'OMS, protégé d'une éventuelle contamination avec les équipements adéquats – le personnel soignant, a rappelé l'organisation, paye déjà un lourd tribut à cette crise.

Les ressources techniques devront aussi être développées: il faudrait 1515 lits pour traiter les malades avérés, chaque centre de 50 lits coûtant 5,6 millions de dollars pour six mois (création et fonctionnement) ; ces centres de traitement doivent être associés à des centres d'isolation pour les cas non encore confirmés (189 millions de dollars), des laboratoires pour analyser les échantillons (80.000 échantillons à traiter, 244 dollars pièce)…

Reprendre les liaisons aériennes

Sans compter tous les à-côtés. Pour connaître enfin le véritable visage de l'épidémie, il faudra mettre en place des systèmes fiables de recueil et de traitement des données épidémiologiques. Trouver les vaccins et traitements tant attendus contre cette maladie qui tue 52  % des personnes touchées (en moyenne et pour le «cru» 2014) suppose un important soutien à la recherche. Infrastructures et transports sont indispensables, notamment les liaisons aériennes vers les pays touchés, dont la reprise est «vitale» pour l'OMS comme les ONG, qui craignent de ne pouvoir acheminer à bon port le matériel et les hommes nécessaires.

L'ONU, elle aussi, est appelée à la rescousse, pour mettre en place d'ici à fin septembre toutes les aides connexes dont a besoin une population qui souffre de son isolement: aide alimentaire, eau, sanitaires et hygiène, soins primaires, éducation, sécurité ou gestion des conséquences sociales de l'épidémie, comme la prise en charge des orphelins laissés par les victimes d'Ebola. «C'est comme plonger au milieu d'un tsunami qui est déjà au sommet de la vague», expliquait jeudi la directrice pour l'Afrique de l'Ouest du Programme alimentaire mondial.

Les ONG craignent que la stabilité de la région ne soit en péril. Mais le président de Médecins sans frontières redoute aussi, selon l'agence de presse Reuters, qu'il n'y ait «pas de mobilisation sérieuse»  des pays occidentaux… tant qu'ils ne seront pas eux-mêmes touchés.

 

Le figaro.fr

Créé le 2 septembre 2014 08:22

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