Verdict de la Cour d’Appel : le parti d’Aliou Bah entre espoir et remobilisation…

CONAKRY – Dans moins de 48 heures, Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), sera fixé sur son sort. Alors que le verdict de son procès en appel est attendu le mercredi 28 mai 2025, ses soutiens retiennent leur souffle, espérant une décision favorable de la Cour d’appel de Conakry. Le parquet général avait requis cinq ans d’emprisonnement contre ce jeune acteur politique, incarcéré depuis début janvier 2025.

Au sein du parti, la décision de la Cour d’Appel est attendue avec optimisme, selon Malal Bah, chargé des affaires juridiques et du contentieux électoral du MoDeL. « On est très optimistes. Ce n’est pas qu’on manque de motivation, bien au contraire. On travaille activement avec nos avocats, mais aussi sur le plan politique, avec nos alliés, nos militants et sympathisants. Nous avons organisé des sit-in au siège du parti, notamment pour accentuer la pression », a-t-il expliqué au téléphone d’un journaliste d’Africaguinee.com ce lundi 26 mai.
Suivant de près le dossier, Malal Bah estime que l’affaire repose sur des bases fragiles : « Depuis la juridiction de première instance, nous avons constaté que le dossier est quasiment vide. L’infraction qu’on a tenté de lui imputer repose sur une base légale quasiment inexistante. Certes, ils ont trouvé des articles dans le code pénal pour le condamner, mais nos avocats ont démontré que l’infraction ne tient pas juridiquement. Même si on admet l’existence d’une infraction, comme la diffamation ou l’offense au chef de l’État, la loi prévoit dans ce cas une amende, pas une peine d’emprisonnement. Malgré cela, ils ont choisi une sanction lourde : deux ans de prison », déplore-t-il.

Lors de l’audience en appel, le procureur général a requis une peine de cinq ans d’emprisonnement contre Aliou Bah. Une réquisition que les avocats de la défense ont vivement contestée.
« Ils ont plaidé pour une relaxe pure et simple. À l’issue des plaidoiries, la Cour aurait pu rendre sa décision le jour même, mais elle a préféré reporter le verdict au mercredi 28 mai. En attendant, le parti se mobilise pour que militants et sympathisants puissent faire le déplacement afin de lui témoigner leur soutien », ajoute ce cadre du MoDeL.
Parallèlement à la procédure en appel, la défense a introduit un recours auprès de la Cour de justice de la CEDEAO. La semaine dernière, une audience a eu lieu dans ce cadre, en présence des avocats.
« Là-bas aussi, un verdict sera bientôt programmé. La loi nous autorise, au-delà de nos juridictions nationales, à saisir des juridictions supranationales. La Guinée étant signataire du traité instituant ces juridictions, il est tout à fait normal de faire appel à la Cour de justice de la CEDEAO », a expliqué Malal Bah.
Concernant les attentes du parti à l’approche du verdict prévu le 28 mai, le responsable des affaires juridiques du MoDeL reste prudent.
« Vu la procédure et ce qui s’est déjà passé – alors même que les avocats ont démontré qu’il n’était pas condamnable – on peut s’attendre à tout. Mais nous plaidons pour une justice équitable, indépendante, où les magistrats assument pleinement leur rôle sans ingérence. Qu’ils disent le droit pour le droit. Pourquoi pas une relaxe pure et simple ? En le faisant, ils sauveraient l’honneur de la justice guinéenne, car cette affaire l’a véritablement mise à l’épreuve. Un État de droit ne peut exister sans une justice impartiale », rappelle-t-il.
Pour lui, Aliou Bah est certes un leader politique, mais il est avant tout un citoyen. “Tout citoyen a droit à une justice équitable. C’est au juge de prendre ses responsabilités et de rendre une décision juste, sans influence. C’est cela que l’histoire retiendra”, a-t-il rappelé.
Enfin, Malal Bah en appelle à la conscience des magistrats : « Nous avons vu, à certains moments de notre histoire, des magistrats courageux, dont les noms sont restés dans les mémoires. Mais nous avons aussi vu d’autres qui ont préféré être du mauvais côté de l’histoire, en condamnant des innocents. Il y a donc une forme de pression morale. Ces juges sont des professionnels du droit, ils ont prêté serment pour servir la vérité et la transparence. Il est temps pour eux d’assumer cette responsabilité. Nous leur demandons solennellement de dire le droit », a plaidé ce responsable du parti MoDeL.
Dossier à suivre
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 26 mai 2025 14:38Nous vous proposons aussi
TAGS
étiquettes: Aliou Bah, Cour d'Appel