USTG réunifiée, grève, cas de la banque centrale : Le leader syndical Abdoulaye Sow parle…

Abdoulaye Sow, secrétaire général  de la FESABAG

CONAKRY – À l’issue de son 7ᵉ congrès, l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG) s’est dotée d’une nouvelle direction. Abdoulaye Sow a été élu Président, secondé par Abdoulaye Camara, élu Secrétaire Général. Autrefois opposés, les deux syndicalistes ont décidé d’enterrer définitivement le bicéphalisme qui a longtemps divisé la centrale.

Dans cet entretien exclusif accordé à Africaguinee.com le dimanche 25 mai, le Secrétaire Général de la FESABAG, revient sur ce tournant majeur et évoque également la menace de grève des travailleurs de la BCRG, ainsi que les démarches en cours pour l’éviter.

AFRICAGUINEE.COM : Le 22 mai dernier, l’USTG est parvenue à mettre fin au bicéphalisme qui la minait depuis des années, à la suite d’un congrès inclusif ayant abouti à votre élection au poste de secrétaire général. Quels sont vos sentiments face à cette nouvelle page qui s’ouvre au sein de l’USTG ?

ABDOULAYE SOW : Oui, ce bicéphalisme avait trop duré au sein de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée. Mais grâce à l’engagement du mouvement syndical, à l’accompagnement du ministère de la Fonction publique et au soutien de la CSI (Confédération syndicale internationale), nous avons réussi à nous réconcilier. Nous avons tenu un congrès civilisé où chacun a accepté l’autre.

Nous avons définitivement tourné la page de ce bicéphalisme, qui n’était ni dans l’intérêt des travailleurs ni dans celui du mouvement syndical. Nous avons pris nos responsabilités pour restaurer l’unité, afin de pouvoir jouer pleinement notre rôle régalien : défendre le travail et les travailleurs. Aujourd’hui, l’USTG redore son blason d’antan et entend jouer un rôle de premier plan dans le paysage syndical guinéen..

Peut-on dire maintenant que les guéguerres sont finies ?

Ce n’est même plus une question : c’est terminé, définitivement enterré. Nous avons pris conscience, et nous n’allons plus reculer. Plus jamais nous ne regarderons en arrière. Ce qui s’est passé ne se reproduira plus, parce que l’ensemble des travailleurs de Guinée affiliés à l’USTG, les membres du bureau exécutif, le camarade Abdoulaye Camara et moi-même avons pris la pleine mesure de la situation. Nous avons intégré cela pour que plus jamais une telle division ne se reproduise.

Aujourd’hui, l’USTG est définitivement unifiée. Ce n’est même plus une question d’unification : c’est l’USTG, comme elle l’a été dans les années 1990 jusqu’en 2007.

Les travailleurs peuvent-ils vraiment compter sur vous ?

Absolument. Nous l’avons déjà prouvé. Aujourd’hui, les travailleurs peuvent définitivement compter sur nous. Nous allons rapidement engager des actions sociales pour évaluer le niveau d’efficacité de notre centrale. Nous pensons sincèrement que nous sommes aujourd’hui l’une des meilleures — sinon la meilleure — centrale syndicale de Guinée.

Nous allons défendre les travailleurs, défendre le travail, œuvrer pour que la paix sociale, le dialogue, et la liberté syndicale soient des réalités tangibles dans notre pays.

Est-ce qu’au niveau du gouvernement, on peut estimer qu’il existe désormais un interlocuteur fiable au sein de l’USTG ?

C’est une évidence. L’USTG est présente dans le secteur privé, dans le secteur public, dans l’éducation — avec plus de 90 % des enseignants de Guinée affiliés à notre centrale — dans les banques, les assurances, les institutions de microfinance, l’électricité et l’eau. Cela signifie que l’interlocuteur le plus crédible aujourd’hui pour l’État, c’est l’USTG. Nous sommes et resterons un partenaire incontournable dans le paysage syndical guinéen. C’est une très bonne nouvelle.

L’USTG regroupe plusieurs branches. Or, votre élection intervient dans un contexte où l’une d’elles, la section syndicale des travailleurs de la BCRG, menace d’entrer en grève dès demain mardi 27 mai. Comment comptez-vous gérer cette situation ?

Ce n’est pas encore une grève. Ils ont simplement déposé un préavis de grève. L’avis de grève formel pourrait être transmis mardi. Mais vous savez, le dialogue résout tous les problèmes. À l’heure actuelle, nous sommes en pleine concertation.

Nous avons discuté aujourd’hui, dimanche, nous avons discuté hier, et nous continuerons demain. L’objectif est que les travailleurs soient satisfaits, c’est cela l’essentiel, tout en préservant la paix sociale.Nous ne voulons pas de conflits inutiles, car, même lorsqu’il y a confrontation, on finit toujours par revenir à la table de négociation.

Alors pourquoi ne pas commencer directement par le dialogue ? Nous sommes déterminés à renforcer la concertation entre le syndicat et la direction de la BCRG, afin de parvenir à une solution négociée et satisfaisante pour toutes les parties.

Mais cette fois-ci, le fossé semble profond. Pensez-vous réellement pouvoir éviter cette grève ?

La FESABAG (Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances, Institutions de microfinance et Prestataires associés de Guinée) est une organisation expérimentée. Depuis 1990, elle joue un rôle moteur dans la vie syndicale de notre pays. Et je peux vous assurer qu’elle mettra à profit cette expérience pour faciliter la compréhension mutuelle entre les parties et trouver la meilleure solution possible pour sauvegarder la paix. C’est notre objectif.

Pourtant, les syndicats et la BCRG semblent cette fois-ci déterminés. Ils évoquent des délais trop longs…

Le syndicat de la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée) joue pleinement son rôle. Il est un démembrement de la FESABAG, donc nous travaillons ensemble. Nous sommes en pleine discussion, et nous attendons l’issue de ces échanges. Je suis très optimiste. Nous ferons tout pour éviter un conflit inutile.

On sait que vous êtes très écouté dans le secteur bancaire et de l’assurance. Vous êtes considéré comme l’un des leaders syndicaux les plus influents du pays. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Affirmatif. Je suis le secrétaire général depuis la disparition du visionnaire syndicaliste Ibrahima Fofana, qui fut notre icône et notre formateur. Nous avons pleinement intégré la culture syndicale qu’il nous a transmise. Aujourd’hui, la FESABAG est incontournable dans toute discussion relative aux travailleurs de Guinée. C’est un fait, et il est reconnu.

Par rapport à la crise imminente à la BCRG, avez-vous un message à adresser aux parties prenantes ?

Oui, c’est de continuer à dialoguer. C’est le seul message que je peux lancer. C’est le dialogue qui permettra de trouver la solution. Comme le disent les marxistes : « C’est dans la contradiction que jaillit la lumière. » Nous allons continuer à discuter demain, toute la journée s’il le faut. Mais je suis convaincu que nous trouverons une issue. J’en suis sûr.Soyez rassurés : une solution sera trouvée. Je suis un homme de dialogue, un homme de paix, mais aussi de transparence, de sincérité, et engagé dans la défense des intérêts des travailleurs de Guinée.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 26 mai 2025 08:50

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