Une soif inassouvie et un fardeau quotidien: Les cris silencieux des habitants de Ninguétéré…

PITA– Nichés à 60 kilomètres du chef-lieu de la sous-préfecture de Sangaréyah et à 100 kilomètres du centre de Pita, les 22 villages des districts de Ninguétéré et Alléré sont le théâtre d’une lutte quotidienne pour leurs habitants. Malgré les efforts inlassables des résidents et ressortissants, ces communautés font face à des défis colossaux en matière d’accès à l’eau, de santé et d’éducation.
La soif inassouvie, un fardeau quotidien
L’accès à l’eau potable est un luxe pour les populations de Ninguétéré et Alléré. Les citoyens sont contraints de parcourir des kilomètres pour s’approvisionner, une tâche ardue qui s’intensifie durant la saison sèche. Mariama Ciré Bah, mère de famille, témoigne avec amertume : « Nous sommes confrontés à un manque d’eau, surtout pendant la saison sèche. Pour ne pas vous mentir, nous sommes obligés de parcourir 5 kilomètres pour en avoir. Quand nous en avons, il faut forcément la filtrer pour pouvoir la consommer ou l’utiliser à autre chose », témoigne-t-elle.
Les tentatives locales pour pallier ce manque, notamment la réalisation d’un forage par les fils résidents et ressortissants, n’ont malheureusement pas abouti. Mariama Ciré Bah lance un appel poignant.
« Nous demandons à l’État et aux bonnes volontés de nous venir en aide, parce que nous souffrons énormément ici à cause du manque d’eau. Parfois, si des personnes qui nous rendent visitent se lavent, aucune goutte d’eau ne va te rester pour faire la cuisine pour elles ».
Des enseignants dévoués mais isolés
L’école primaire de Ninguétéré, bien que pilier de l’avenir pour ces villages, est en état de dégradation avancée et souffre d’un manque criant d’enseignants. Seuls deux instituteurs, payés par les communautés, tentent de maintenir le cap. Monsieur Ibrahima Sory Sylla, l’un de ces enseignants dévoués, exprime les difficultés.
« Je suis là depuis des mois et je fais partie des enseignants contractuels non retenus. Mon ami et moi travaillons dans d’énormes difficultés, notamment le manque de documents. L’école est dans un état de dégradation qui rend difficile l’encadrement des élèves, d’autant plus que la plupart des parents sont analphabètes », explique l’instituteur.
La situation est d’autant plus complexe que Monsieur Sylla est contraint d’enseigner simultanément deux classes, un défi pédagogique majeur. Il exhorte les autorités, notamment le Président Mamadi Doumbouya et le Premier ministre Amadou Oury Bah, à agir.
« L’appel que je lance aux autorités, surtout au président Mamadi Doumbouya et au Premier ministre Amadou Oury Bah, c’est de nous engager à la fonction publique. Nous avons choisi l’enseignement, donc s’ils veulent nous accompagner, c’est dans ce domaine, en nous intégrant dans la fonction publique », a-t-il lancé.
L’éloignement ajoute une couche de difficulté, car les élèves candidats à l’examen d’entrée en 7ème année doivent se rendre à Sangaréyah, à 60 kilomètres, pour passer les épreuves.
Un centre de santé en souffrance
Le centre de santé qui dessert les 22 villages de Ninguétéré et Alléré est également en état critique. Le Docteur Adama Dian Baldé, seule à gérer cette structure vitale, est confrontée à des obstacles majeurs.
« Je suis confrontée à plusieurs difficultés. D’abord, le centre de santé est dans un état de dégradation très avancé. Tous les équipements qui s’y trouvent sont dans un état de dégradation, il n’y a pas d’eau, les toilettes ne sont pas opérationnelles, les lits des malades sont dégradés. Les problèmes sont énormes. Je travaille parce qu’il faut la santé, et par jour, je reçois plusieurs patients », déplore-t-elle.
Un appel vibrant à l’aide
Amadou Taha Bah, un jeune ressortissant de ces deux districts résidant à Conakry et guide pour ce reportage, souligne les efforts des communautés locales tout en insistant sur la nécessité d’une intervention étatique.
« Bien que les ressortissants et résidents aient réalisé plusieurs infrastructures, comme le pont, des mosquées et d’autres, nous sommes confrontés à plusieurs difficultés. Pour résoudre ces problèmes, il faut que l’État nous vienne en aide. C’est pourquoi nous lançons un appel aux autorités, surtout au président Mamadi Doumbouya, pour qu’il nous aide à sortir de ces difficultés dans les districts de Ninguétéré et Alléré », a-t-il affirmé.
Les habitants de Ninguétéré et Alléré, à travers leurs voix, lancent un appel pressant aux autorités et aux âmes charitables. Leur situation, malgré une résilience exemplaire, exige une attention urgente pour briser l’isolement et la précarité qui les accablent.
Un reportage de Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 29 juin 2025 09:53Nous vous proposons aussi
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