Tueries de Zogota: A la rencontre des victimes après le verdict de la Cour de la Cédeao

Ouidoh Lamah et Kpakilé Nyandawolo Kolié

CONAKRY-La cour de justice de la CEDEAO, a condamné l’Etat guinéen au payement de 4,56 milliards de francs guinéens, pour sa responsabilité dans les tueries de Zogota, survenues en août 2012, dans cette localité située dans le sud de la Guinée. A l'époque, six citoyens avaient perdu la vie lors de cette descente nocturne musclée des forces de l'ordre. Huit ans après les faits, l'Etat guinéen a été retenu dans les liens de la culpabilité, dans ce massacre. Africaguinee.com est allé à la rencontre des parents des victimes du massacre, à Zogota, après l'arrêt de la cour de justice de la CEDEAO. Sur place, c'est un ouf de soulagement, mais les blessures sont encore vivantes. Chez les proches des victimes, c'est comme si le massacre avait eu lieu hier. Ils attendent de l'Etat guinéen, l'exécution de cette décision de justice.

Kpakilé Nyandawolo Kolié a perdu son papa et son oncle dans cette attaque dont leur village a été nuitamment victime. Il a été jusqu’à Abuja pour poursuivre cette affaire afin que justice soit faite. Rencontré à Zogota, il dit être satisfait du travail abattu par les avocats, tout en gardant le doute sur l’applicabilité de la décision par l'Etat guinéen

« Nous sommes restés là en 2012, les militaires sont venus nuitamment pour nous attaquer. Ils ont tiré et ont assassiné 5 personnes sur place. Deux autres ont été blessées dont l’une a finalement rendu l’âme deux jours après. Ils ont mis certains en prison. Depuis 2012, nous avons fait trop de démarches pour que justice soit faite en vain. C’est ainsi que nous avons saisi la justice de la CEDEAO. Nous avons été à Abuja, moi personnellement j’avais effectué le déplacement. C’était au mois d’Avril avec mon avocat Pépé Antoine. C’est un américain qui nous a aidé à partir là-bas, parce que moi je n’ai aucun moyen pour un tel voyage. Mais le gouvernement a refusé de répondre. Ils avaient dit que le 21 avril passé, ils devaient faire le procès, mais la pandémie à coronavirus est venue tout bouleverser. C’est le 10 novembre qu’on m’a appelé pour me signifier que le verdict est tombé et qu’ils nous ont donné raison dans le procès. Ils ont voulu que ça reste vain, mais Dieu merci ça n’a pas été le cas.

 

Donc il faut que la CEDEAO exige de l’Etat guinéen l’exécution de la décision. Les personnes qui ont été tuées dans cette attaque, ils y a leurs enfants qui sont dans des écoles. Certains avaient leurs épouses enceintes quand ils ont été tués. Ils ont gâté aussi plusieurs biens. Donc la décision qui a été rendue par la cours de justice de la CEDEAO, ils n’ont qu’à l’exécuter. Cela va nous satisfaire. Nous les forestiers, nous sommes aussi des guinéens. Moi personnellement, c’est mon papa qui a été tué dans cette affaire. J’ai des jeunes frères qui sont encore petits et qui sont encore à l’école. Les femmes sont là. Comment je vais faire pour supporter toute cette famille ? », s’interroge l’actuel président de district de Zogota qui a perdu son père dans ces tristes événements.

 

Même s’il se dit satisfait de la décision qui a été rendue par la cours de justice de la CEDEAO, M. Kolié doute de l’applicabilité de ladite décision. Selon lui, l’Etat tient de nombreuses promesses, mais qui ne se réalisent jamais. ‘’Le plus souvent, ils disent des choses qu’ils ne font pas. Mais nous demandons à la CEDEAO d’exiger que cette décision soit exécutée. Ça va plaire non seulement à Zogota mais à toute population. Puisque ça va servir d’exemple à nos gouvernants’’, confie-t-il.

Topka Miclel est un autre jeune qui a aussi perdu un de ses parents dans ces atrocités. Interrogé, il a déclaré que toute sa formation a été bafouée suite à ces atrocités.

« Nous sommes restés là, ils sont venu nuitamment assassiner nos parents. Depuis ce temps, nous ne comprenons plus rien. Moi personnellement, j’apprenais l’informatique mais quand mon papa a été tué, j’ai tout abandonné faute de moyens pour financer mes études. Actuellement, je pars faire des travaux champêtres mais qui ne nous rapportent rien. Donc nous demandons une fois de plus de l’aide auprès de nos avocats qui nous ont permis d’arriver jusqu’à ce verdict pour nous aider », lance le jeune homme.

Ouidoh Lamah, a perdu son mari Niankoye Kolié dans ce massacre. Aujourd'hui très âgé, cette mère de neuf enfants, que nous avons rencontrée chez elle, raconte sa descente aux enfers après l’assassinat de son mari. Selon elle, depuis cet acte, elle vit misérablement et a du mal à subvenir à ses besoins et à celui de ses enfants. Maladive, son époux était son seul soutien.

’Mon mari a été la première personne qu’ils ont tué dans cette attaque. Depuis là, je ne sais plus ça fait combien d’années. Je souffre derrière les enfants. J’ai fait 9 enfants avec lui. Certains sont encore à l’école. Moi il y a un arbre qui m’avait tapé donc je ne peux pas travailler. Toutes mes charges et celles de mes enfants c’est lui qui les faisait. Maintenant là je souffre énormément. C’est leur grand frère qui les soutient actuellement. Moi je ne peux pas aller au champ. Je suis là, c’est quand j’apprends, qu’on construit quelque part je vais parfois puiser de l’eau pour gagner à manger. Donc si c’est vrai qu’ils ont prévu quelque chose pour nous, ça va beaucoup m’aider. Ils n’ont qu’à aider mes enfants qui sont à l’école, je veux qu’ils étudient’’, témoigne Ouidoh Lamah, épouse de Niankoye Kolié, tué en 2012.

Sur les lieux, un véhicule de la CMIS de Nzérékoré qui avait été bloqué sur la route se trouve encore renversé là. Les parents des victimes de Zogota, pointent du doigt certains administrateurs qui étaient à Nzérékoré en 2012, d'avoir ordonné ce massacre. Selon l’actuel chef d district, il s’agit de l’ex-préfet Sanoussy, le colonel Soumah qui était le commandant de la gendarmerie, l’ex-commandant en zone de la 4ème région militaire feu Colonel Madjou Baldé. Selon les victimes, ces personnes doivent être poursuivies et jugées.  L'actuel président du district de Zogota, lance un message à l’Etat guinéen. Celui d’arrêter les tueries dans le pays.

« Que ce soit en Forêt, en Basse Guinée, Moyenne Guinée, ou la Haute Guinée, ce qu’ils ont fait à Zogota, il ne faudrait pas que cela se répète dans une autre localité. Parce que nous sommes tous un. Peul, malinké, sous, guerzé, Toma, Kissi, nous avons tous le même sang. Il ne faut pas avoir une mauvaise pensé contre l’autre », conseille-t-il.

Les personnes qui avaient été tuées dans cette attaque sont :  Niankoye Kolié, ForomoTokpa Kolié, Nanzo Kolié, Nanbolo Kolié, Siba JB kpèlèya et Moriba Kplègenmou.

De retour de Zogota,

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Pour Africaguinee.com

Tél : (00224) 628 80 17 43

Créé le 14 novembre 2020 13:33

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