Sud de la Guinée : Le calvaire « insoutenable » des usagers de la route Nzérékoré-Yomou et Diécké…

N’ZÉRÉKORÉ- Comme chaque année, les routes N’zérékoré-Yomou et Nzérékoré Diécké, sont complètement impraticables. En cette saison hivernale, les citoyens souffrent le martyr pour rallier l’un des bords de ces localités. Le constat est amer sur le terrain. La gare routière de Diécké par exemple, est vide de véhicules. Quelques chauffeurs rencontrés sur place, soutiennent être au chômage ces mois-ci. Faute de route, ils ont préféré garer leurs véhicules jusqu’à la fin de la saison hivernale. C’est le cas de Lansana Béavogui, qui a passé 10 jours dans la brousse entre Diécké-Nzérékoré pour une distance de 63 kilomètres.

« La route n’est pas bonne, elle est impraticable. C’est complètement défoncé. Moi-même j’ai fait 10 jours de Diécké à Nzérékoré. J’ai garé la voiture. A l’heure-là, vous ne verrez même pas de voiture qui part à Diécké. La route est complètement bloquée. Ce sont des motos seulement qui forcent pour y aller. Les gros camions, s’ils foncent un peu, ils patinent, et commencent à s’embourber. Avec ces grands trous, nous qui avons des petits véhicules là, on ne peut pas passer. Nous avons garé tous nos véhicules à la maison pour ne pas qu’on les gâte. Quand tu gâtes ton véhicule dans deux mois, alors que tu n’as les moyens de gagner un autre, pour un père de famille, il va faire comment ? On a préféré les garder, jusqu’à après l’hivernage. Nous sommes au chômage actuellement », martèle Lansana Béavogui, chauffeur roulant sur le tronçon Nzérékoré-Diécké.

Lansana Béavogui

Diécké est une cité industrielle qui abrite la SOGUIPAH. La commune rurale est un centre d’affaires plein de monde à cause de l’usine de caoutchouc et de palmier à huile qu’elle abrite. Au-delà, elle fait frontière avec le Libéria. Ce qui fait que la voix est très pratiquée non seulement par ceux qui partent à Diéké, mais aussi par des passagers en partance ou en provenance du Libéria.

Cependant, de nos jours, seuls les conducteurs de mototaxi franchissent le chemin. Avec un calvaire insoutenable et une longue durée sur la route, ces conducteurs ont augmenté le tarif du transport au triple, nous apprend-t-on.

’La route est trop dégradée. Même les véhicules ne peuvent pas passer. Seuls les conducteurs de motos se débrouillent. Mais en allant on part en groupe. On ne part pas seul parce que quand tu vas seul tu ne peux pas traverser. Donc quand on part en groupe, on arrive dans la boue, on gare la moto et on les fait passer un à un. Même les passagers que nous prenons, pleurent à cause du tarif. Avant, le transport d’ici Diécké, c’était entre 30 et 40.000fg par personne. Mais actuellement nous prenons les gens à 100.000fg. Parfois même au-delà. Si c’est le Liberia, ça peut arriver à 200.000fg à cause de l’état de la route. La quantité de carburant à brûler a doublé, c’est pourquoi nous avons augmenté le transport. En plus de cela nous nous fatiguons beaucoup sur la route. Si avant on faisait 1 heure 30 minute pour arriver à Diécké, actuellement tu peux faire 3 à 4 heures avant d’arriver’’, soutient Laye Kaba, représentant du bureau NZ Scierie et conducteur taxi Nzérékoré, Diécké, Libéria.

« Quand nous prenons les passagers pour Ganta, c’est des cascades tout au long de la route. Ça nous fait perdre assez de temps pour sur une petite distance. Si on peut vraiment goudronner cette route, ça va nous aider », ajoute Mohamed Fofana, un autre conducteur Nzérékoré-Diécké-Ganta (Libéria).

Même constat à la gare de Yomou. Là également, les usagers vivent les mêmes difficultés en voyageant. Si avant le transport était à 50.000fg, de nos jours il a doublé. Il faut débourser jusqu’à 100.000fg. Pire, il n’y a plus de véhicule de transport sur la route. Seuls les conducteurs de taxi font le transport.

‘’Depuis 5 ans, je suis sur cette route. Mais à chaque saison des pluies, la route n’est pas praticable. La route est complètement gâtée. Quand tu quittes Yomou, à ton retour à Nzérékoré, il faut aller remplacer certaines pièces sur la moto. Si c’est la saison sèche, le transport c’est 50.000fg par personne mais maintenant là c’est 100.000fg. Ils n’ont qu’à nous aider à mettre le goudron sur cette route’’, plaide Sam Suomou, conducteur de taxi, Nzérékoré-Yomou.

« Si ce n’était pas les conducteurs de mototaxis, on n’allait pas pouvoir acheter nos marchandises pour les envoyer au village. Il n’y a pas de route du tout. A Kérema, ils ont fait une déviation qui permet aux motards au moins de circuler. Avant, ce qui était à 10.000fg est monté à 15.000fg. Il n’y a aucun véhicule sur la route », ajoute Etienne Monemou, passager.

Depuis des années, à chaque saison hivernale ces routes se dégradent. Ses usagers plaident les autorités pour la bitumer.

‘’Je demande à l’autorité de prendre des dispositions. Dans un pays, s’il y a la route, l’eau et le courant, les gens peuvent se débrouiller. Mais à Yomou, c’est autre chose. Pourtant nous sommes tous des citoyens de la Guinée’’ tance Etienne Monemou, passager.

« S’il y a les moyens de mettre le goudron sur cette route, ils n’ont qu’à le faire. Mais s’il n’a pas les moyens, ils n’ont qu’à nous aider à gratter très bien la route. L’année passée, ils avaient gratté, ça n’avait pas marché. Cette année encore, c’est la même chose. Mais s’il y a le goudron ça va aider tous les guinéens », poursuit Laye Kaba, représentant du bureau NZ Scierie et conducteur taxi Nzérékoré, Diécké, Libéria.

’Ce n’est pas n’importe quelle société qui doit réparer la route là. S’ils donnent à des sociétés qui n’ont pas assez de matériels, dès qu’ils travaillent, à l’hivernage ça se gâte. Ils devaient donner aux militaires, eux ils ont des matériels. L’année surpassée, les militaires ont travaillé il y a deux ans sans problème. C’est la troisième année que ça commence à se gâter’’, ajoute Lansana Béavogui, chauffeur Nzérékoré-Diécké.

« Ils disent qu’ils vont mettre le goudron à Yomou centre mais la route même qui mène à Yomou est gâtée. Ils n’ont qu’à laisser ça, venir arranger la route c’est mieux », forumule Labilé Andrien Koulemou, conducteur taxi Nzérékoré-Yomou.

A suivre !

SAKOUVOGUI Paul Foromo

Correspondant Régional d’Africaguinee.com

A Nzérékoré.

Tél : (00224) 628 80 17 43

Créé le 12 septembre 2024 15:06

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