Situation des guinéens en Egypte : les confidences de l’ambassadeur Soriba Camara

Soriba Camara, ambassadeur de Guinée basé en Egypte

CAIRE- C’est à l’ambassade de Guinée installée à Giza, 1 Rue Massoud, Route désertique d’Alexandrie  en plein Caire que l’actuel ambassadeur de Guinée en Egypte nous a reçu. Sur le rang des ambassadeurs qui se sont succédé dans ce pays depuis l’indépendance de la Guinée il est le 19ème. Avec Soriba Camara, nous avons abordé plusieurs sujets. De la coopération à la situation des guinéens vivant en Egypte, leurs difficultés, en passant par la CAN qui se joue en ce moment, l’ambassadeur nous parle sans détour ! Exclusivité !!!

AFRICAGUINEE.COM : Son excellence Monsieur l’ambassadeur bonjour et  merci de nous recevoir à l’ambassade de Guinée au Caire. Dites-nous comment fonctionne notre ambassade ici au caire ?

SE SORIBA CAMARA : D’abord le personnel est divisé en plusieurs catégories. La première est composée du personnel diplomatique qui comprend trois(3) personnes à savoir : l’ambassadeur, le conseil politique et le premier secrétaire chargé des affaires  financière et consulaire. Ensuite, il y a maintenant le personnel local qui est recruté sur place, qui travaille très bien d’ailleurs pour l’ambassade. Le nombre est à peu près 15 personnes.

Historiquement l’Egypte a entretenu des relations d’amitié chaleureuses avec la Guinée. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Merci Monsieur ! Je dois vous dire très clairement que les relations entre  la Guinée et l’Egypte ont toujours été de très bonnes relations et c’est les mêmes qui continuent jusque maintenant là. Nous sommes en train de travailler pour les raffermir davantage.

Récemment le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi a effectué une visite en Guinée au cours de laquelle, plusieurs conventions ont été signées entre les deux pays. Où en est-on dans leur mise en œuvre ?

Tout naturellement, comme je vous l’ai dit au début, les relations sont très bonnes entre l’Egypte et la Guinée. Nous recevons beaucoup de cadres guinéens ici qui viennent pour des formations ou des stages. Que ça soit dans le domaine de la sécurité, de la défense, de l’agriculture, de l’élevage et dans plusieurs autres domaines d’ailleurs. Il y a également plusieurs accords qui sont en passe d’être signés entre l’Egypte et la Guinée. Vous devez le savoir d’ailleurs lors de la dernière visite du président Abdel Fattah Al Sissi à Conakry, nous avons signé 4 accords. Et au mois de septembre prochain, il va y avoir la sixième commission mixte de coopération entre les deux pays qui se tiendra ici au Caire. Donc cette commission permet en réalité de mettre en place toute la structure qu’il faut pour renforcer les relations  d’amitié et de coopération entre l’Egypte et la Guinée. Déjà elles sont bonnes voire très bonnes. Il n’y a pas de problèmes. Il y a assez de domaines dans lesquels la Guinée a des accords de coopérations avec l’Egypte.

 Vous êtes en poste en tant qu’ambassadeur depuis janvier 2013, avez-vous aujourd’hui une idée sur le nombre de guinéens installés en Egypte ?

Effectivement selon le service consulaire de l’ambassade de Guinée et selon le conseil des guinéens d’Egypte, le nombre de guinéens vivant ici est estimé à quatre milles(4000) personnes. Ces 4000 sont sur l’ensemble du territoire égyptien, mais la plus grande majorité se trouve ici au  Caire.

Parmi ces guinéens, il y a naturellement des étudiants. Certains  sont des boursiers de l’Etat guinéen, d’autres sont venus d’eux-mêmes. Je pense qu’ils sont autour de 400.  

Est-ce qu’on assiste à des cas de rapatriement de nos compatriotes qui ne sont pas en règle comme c’est le cas dans certains pays ?

Oui ! Des guinéens sont rapatriés, mais ce n’est pas des rapatriements de masse. Il n’y a jamais eu ici les rapatriements de masse. Il n’y a pas de rafle ici où on ramasse des gens, on les regroupe pour les ramener au pays. Cette option n’a jamais existé ici en Egypte. Nous ne connaissons pas cette situation ici.

Comment les titres de séjour pour les étrangers s’obtiennent ici ?

En ce qui concerne les séjours, les conditions sont bien définies. Quand vous êtes étudiants par exemple dans un institut ou dans une université, c’est cette école que vous vous fréquentez qui vous offre les documents nécessaires pour obtenir  le titre de séjour. Si vous travaillez aussi dans une société ou entreprise qui est en mesure de vous trouver un titre de séjour, la société s’en occupe, c’est la même chose si vous travaillez dans une institution internationale ou dans une ambassade.  

Est-ce que les 4000 guinéens répertoriés par le service consulaire sont tous en situation régulière ?

Non ! Pas du tout. J’avoue que ce n’est pas tous les guinéens qui sont en situation régulière ici. Il y en a beaucoup parmi eux qui ne disposent pas de titre de séjour. Je n’ai pas eu l’idée très précise sur le nombre de ceux qui n’ont pas le titre de séjour,  mais je dois vos dire que c’est la très grande majorité.

On entend peu de bruits en Egypte alors que dans d’autres pays, nos compatriotes se plaignent souvent de leurs ambassadeurs. C’est quoi votre secret ?

Tout simplement parce que nous sommes à l’écoute de nos populations, de nos compatriotes qui vivent ici, c’est ça le secret. Très régulièrement nous sommes en contact avec la communauté, nous avons sur place ce que nous appelons le conseil des guinéens d’Egypte qui est en rapport avec l’ambassade. Nous travaillons étroitement ensemble pour gérer les problèmes de la communauté, si bien qu’ici nous n’avons pas de problèmes avec la communauté.

Est-ce qu’il arrive des moments où les autorités égyptiennes vous saisissent par rapport à des comportements désobligeant de certains compatriotes installés ici ?

En fait cela existe très peu parmi la communauté guinéenne.

Quelles sont les principales activités des guinéens ici ?

Premièrement il y a les étudiants, nous avons les femmes guinéennes qui travaillent dans les ménages égyptiens, nous avons aussi des jeunes qui sont venus jouer au Football également. Il y a une autre catégorie qui travaille dans les sociétés de téléphonie notamment dans les centres d’appel  comme Exit comme Naos et autres.

Les plaintes de nos compatriotes à l’étranger  fusent de partout par rapport à l’expiration des documents de voyage comme le passeport qu’ils peinent à renouveler sur place. Certains sont obligés de retourner au pays pour le faire. Est-ce que des missions d’enrôlements sont venues ici pendant votre exercice pour délivrer des passeports aux guinéens qui en désirent ?

Non ! Ça il ne faut pas se cacher la vérité, nous n’avons pas encore reçu des équipes d’enrôlement ici en Egypte. Certes nous avons demandé mais c’est un programme que se fixe par le ministère guinéen (de la Sécurité NDLR) qui est en charge de cela, nous attendons. Pour le moment nous n’avons pas de difficultés majeures par rapport à cela. Jusqu’à présent nous attendons en tout cas l’équipe d’enrôlement, et ce n’est pas le cas particulier de l’ambassade de Guinée en Egypte.  

Est-ce qu’il y a des guinéens détenus dans les prisons égyptiennes ?

Oui ! Présentement nous savons qu’il y a une guinéenne qui est en prison. Ce n’est pas parce qu’elle a fait un dégât, mais elle a été arrêtée pour défaut de carte de séjour. Par voie de conséquence, elle doit rentrer au pays. Mais comme c’est elle qui doit acheter son billet ou sa famille qui achète son billet, elle n’a pas pu encore voyager. Nous avons entrepris des actions au niveau de la communauté pour qu’on puisse trouver le ticket de retour pour elle, nous avons même pris contact avec une institution caritative qui va certainement acheter son billet très bientôt afin qu’elle rentre au pays.

Il fut un temps beaucoup d’africains passaient par la frontière égyptienne pour arriver en Israël. Avez-vous été saisi de cas concernant des guinéens ?

Depuis que je suis en poste en 2013, je n’ai pas eu vent de ce phénomène.

Actualité oblige, Monsieur l’ambassadeur plus de 500 guinéens sont venus de Conakry pour accompagner l’équipe nationale engagée dans la CAN. À quel niveau êtes-vous impliqué dans cette organisation ? 

Dans toute organisation il faut situer les responsabilités. La responsabilité de l’ambassade c’est de coordonner entre les autorités égyptiennes, le ministère de la jeunesse et des sports d’Egypte ; la confédération africaine de football qui a son siège ici et le ministère guinéen des sports et de la culture. Notre rôle c’est d’assurer la coordination, assurer la communication et les informations entre les différentes institutions  de la Guinée et celles de l’Egypte qui sont concernées par l’organisation de cette coupe d’Afrique des Nations. C’est pour vous dire globalement que nous sommes impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’organisation de cette coupe d’Afrique des Nations.

Qu’en est-il de la mobilisation derrière l’équipe lors des matchs ?

Nous sommes guinéens que nous soyons en Guinée ou à l’extérieur. Nous sommes guinéens, nous aimons tous ce pays. Tout ce qui concerne la Guinée,  nous sommes impliqués et nous aimons. Le conseil des guinéens d’Egypte travaille étroitement avec l’ambassade. Donc dès qu’il s’est agi de l’organisation de la coupe d’Afrique des nations en Egypte, nous avons mis en place un comité de soutien, un comité de mobilisation qui travaille dans ce sens. C’est ce qui fait que ça se passe très bien. Et très facilement on mobilise nos compatriotes vers les stades. Rien n’a été fait au hasard.

Votre dernier mot ?

Merci ! La Guinée nous appartient à nous tous. Nous aimons la Guinée nous devons aimer la Guinée et servir la Guinée comme cela se doit. Merci beaucoup.

Interview réalisée depuis le Caire par Alpha Ousmane Bah(AOB)

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 27 juin 2019 21:59

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