Sa carrière, ses projets, Cellou, Alpha Condé , Mamadi Doumbouya, Ousmane Gaoual : L’interview « vérité » de l’artiste Lama Sidibé…

CONAKRY- Depuis plus de deux décennies, la voix suave et imposante de Mamadou Lamarana Sidibé, connu sous le nom de Lama Sidibé, résonne dans les cœurs des Guinéens. Né en 1965 à Horè Fello dans la préfecture de Mamou, cet éminent artiste n’a pas encore perdu sa verve, 19 ans après le début de sa riche sa carrière musicale. Aujourd’hui, il est l’une des grosses pointures de la musique guinéenne. Le chanteur au succès indéniable, continue de captiver le public avec des chansons pleines d’émotion et de passion.
L’enfant de Horè Fello a livré son premier album en 1996, début d’une ascension fulgurante dans sa carrière. Depuis, il va de succès en succès et conquiert les cœurs de ses fans, en Guinée et à l’international. Dans ses productions, Lama Sidibé allie tradition et modernité. Cela reflète son amour et son attachement aux sonorités guinéennes et ouest africaines. Dans cette interview, Lama Sidibé parle sans complexe ni détours de sa carrière. Il livre sa lecture sur la situation sociopolitique et fait des petites confidences. Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé, Mamadi Doumbouya…l’auteur de la chanson Séguéléré (l’épervier) dévoile ses rapports avec ces grandes figures politiques. Quid du Bureau Guinéen des Droits d’Auteurs ? Lama Sidibé ne cache sa « déception » de cette entité censée garantir que les droits des artistes soient respectés. Entretien exclusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : qui est réellement Lama Sidibé ?
LAMA SIDIBÉ : Je suis Mamadou Lamarana Sidibé, né le 27 janvier 1965 à Mamou Horé féllo. Je suis chanteur, marié et père de quatre (4) enfants.
Comment êtes-vous entré dans la musique ?
Pour moi, c’est le destin. J’ai commencé à chanter très tôt et très jeune. Pour la première fois, je vais vous raconter une petite histoire. Le jour où je suis rentré à l’école, après 24 heures, le premier maître qui nous a enseigné, a demandé à tout le monde de chanter. Dès que j’ai chanté, il m’a dit ‘’An ka gnamakala’’ (toi, tu es un griot, ndlr). Ça m’avait fait mal. Et quand mes amis le disaient aussi, ça me faisait mal et finalement, c’est ce qui s’est réalisé. Vous savez, les éducateurs d’avant, c’étaient des éducateurs franchement bien formés. Ils connaissaient l’être humain. Je suis né et grandi à Mamou mais, ma mère n’était pas du tout d’accord que je chante, elle n’a jamais aimé parce que je suis son unique garçon. Donc ma mère ne voulait pas avoir un seul garçon et ce dernier devient chanteur, pour elle ce n’est pas possible mais le destin est inévitable.
Comment avez-vous réussi à la convaincre d’accepter votre choix ?
J’ai quitté Mamou, je suis venu à Conakry. Et de là, je suis allé à N’zérékoré où j’ai appris la musique et je suis revenu avec un album intitulé (A Wélilan). Quand elle a écouté mes musiques dans ma voiture directement elle m’a dit « c’est toi-même qui chante comme ça… », et elle m’a conseillé : « je te prie, comme tu as chanté, il ne faut jamais chanter des choses que le monde ne pourra pas écouter. Il faut faire tout ce qui est positif et t’éloigner de tout ce qui est négatif ».
L’album « A Wélilan » composé de six (6) titres est mon tout premier album. Je l’ai bouclé en 1995 ; je l’ai sorti en 1996 à Conakry.
On imagine que cet album a été un succès pour vous…
Ça a donné franchement. C’est cet album qui m’a propulsé, le monde m’a connu musicalement à travers cet album. Donc après ce succès, je suis revenu avec mon deuxième album « Falama » qui a aussi impressionné le monde parce que là, j’avais les moyens et j’étais bien encadré. Donc je suis allé au fond et j’ai fait un bon album. C’est dans cet album que j’ai chanté Djomba, Ko hondhoun faaladhaa, Mamou et Anaata.
Parlez-nous de votre carrière musicale de manière globale ?
Quand on fait de la musique avec sérieux, on est récompensé. Depuis que j’ai commencé à chanter, franchement, je dis alhamdoulillah ‘’Dieu merci’’, ces derniers temps, l’avancée des nouvelles technologies nous a un peu impactés en termes de vente de nos produits mais pas musicalement. Puisque par exemple, j’ai créé mon groupe en 1988 à N’zérékoré et figurez-vous c’est avec ce groupe que je suis allé en Côte d’Ivoire pour faire mon premier album, c’est avec le groupe que je suis venu à Conakry et jusqu’à nos jours en dehors de ceux qui sont décédés, je suis toujours avec mes musiciens. Le groupe s’appelle « Mouidhè » ‘’Destin’’.
C’est mon maître Kankou Mory Kouyaté, qui était un grand musicien, que son âme repose en paix qui l’avait appelé ainsi quand il est revenu de la Côte d’Ivoire après 22 ans. Donc un jour, il a dit ‘’bon, on crée le groupe, mais c’est toi Lama Sidibé qui va être devant…’’. ‘’Comment ça maître Kankou Mory Kouyaté ?’’ lui ai-je répondu. ‘’bien sûr, parce que le maninka est tellement chanté mais par contre le poular n’est pas chanté. Donc, toi, tu vas être devant…’’ a-t-il retorqué. Voilà c’est comme ça qu’on a créé le groupe et on l’a appelé ‘’Mouidhè’’. Le destin : comment un apprenti peut être devant son maître pour faire un album et pour diriger un groupe ? Tout ceux qui viennent après, ce sont des petits frères de Faalama parce que c’est grâce à sa production que j’ai beaucoup évolué et j’ai beaucoup travaillé sur cet album.
Lama Sidibé, c’est aussi sa chanson fétiche sortie en 2010 et qui est devenue intemporelle pour le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo. Pourquoi ?
C’était par conviction (que j’ai chanté pour Cellou Dalein Diallo en 2010) « Bhèrndè andein waalikè, mon cœur s’est apaisé ndlr ». Franchement, je n’avais jamais connu El hadj Cellou Dalein Diallo avant. J’ai adhéré à l’idéologie de son parti, j’ai aimé et après j’ai chanté pour lui. Sans quoi il y avait beaucoup de personnes qui voulaient que je chante pour eux mais, mon choix est tombé sur Cellou Dalein Diallo et j’ai chanté pour lui. On a de bonnes relations jusqu’à aujourd’hui et rien ne va les altérer.
Qu’avez-vous obtenu en retour de lui ?
J’ai eu la garantie de mes fans. Franchement, tout le monde a aimé la chanson ‘’Bhèr ndè andein waalikè’’, tout le monde m’a coopté d’un coup. Et ça, c’est plus que de l’argent que j’aurais gagné avec Elhadj Cellou Dalein Diallo ou avec sa femme Hadja Halimatou Dalein Diallo. Ce n’est pas à cause de l’argent, on ne fait pas de la musique pour de l’argent, on fait de la musique pour rester dans la vie. Aujourd’hui, on écoute Sory Kandia Kouyaté décédée depuis 1977, on écoute Demba Camara qui est mort depuis 1973. C’est parce qu’ils ont fait du bon travail. Et cela va toujours être récompensé. Le bon travail est toujours bien récompensé.
Vous avez également chanté pour Toumba Diakité. En revanche. Cette chanson a suscité des controverses. Dites-nous les raisons ?
C’est une manière de lui présenter mes excuses et demander la clémence de Dieu parce que personne ne le détestait plus que moi. Mais la justice nous a fait connaître qui est Toumba et qu’est-ce que l’être humain. Tout le monde pensait que c’est Toumba qui avait fait toute cette pagaille (le 28 septembre 2009 au stade, ndlr). Moi j’ai suivi le procès du début à la fin et après j’ai fait la chanson vers les deux derniers mois avant la fin du procès.

Lorsque j’ai chanté pour Toumba, les journalistes m’ont appelé d’un peu partout pour que je me justifie. Mais c’est par conviction que j’ai chanté. Est-ce que vous m’avez posé des questions pourquoi j’ai chanté Marifala ? Est-ce que vous m’avez posé des questions pourquoi j’ai chanté Mamou ? Vous ne m’avez pas posé ces questions et vous me posez une question pourquoi j’ai chanté pour quelqu’un que j’ai aimé.
Cela fait un peu longtemps qu’on ne vous entend pas. Pourquoi ce long silence ?
Je suis loin de me retirer. J’ai fait un album de 18 titres qui doit sortir très bientôt. J’ai même commencé à lancer les morceaux. Je ne sais pas si vous avez écouté Minuit, Guidho-Gagno et maintenant Yondho qui viennent de sortir il y à peine quelques jours. Je suis loin de me retirer. Je suis avec mon équipe ; je travaille. Quand on est au studio on se garde, on travaille correctement. C’est quand le travail finit que la phase de publicité vient, tu montres au public ce que tu étais en train de faire.
Beaucoup pensaient que Lama Sidibé avait peur du CNRD comme au temps de l’ex président Alpha Condé ?
Vous savez, un artiste ne doit pas avoir deux (2) langues. Il doit avoir une seule langue. Quand tu embrasses, tu aimes, tu dois rester fidèle et ponctuel. Le Pr Alpha Condé ne m’avait pas dit de chanter pour lui et c’était le président de la république. S’il me disait ‘’Lama fait ça…’’ je l’aurais fait pour lui. Et l’autre (Cellou Dalein Diallo) c’était lors de la phase de campagne et après la présidentielle est venu mais le président n’a jamais fait savoir qu’il avait besoin de mon aide ou de mon travail.
Lors du troisième mandat d’Alpha Condé, votre domicile privé avait été attaqué. Quelles étaient les raisons ?
Au moment où ils étaient venus casser chez moi ici lors du troisième mandat, moi j’étais à Mamou et c’est lui (Alpha Condé ndlr) qui m’avait appelé à 1h du matin pour me dire ‘’Lama Sidibé j’ai appris qu’ils sont partis chez toi tiens-toi tranquille et quand tu rentres vient me voir’’.
Savez-vous qui sont ces gens qui ont attaqué votre domicile ?
C’était une patrouille mixte qui était venue déchirer nos fauteuils et percé le plafond et ma femme avait l’argent de sa sœur 30 millions gnf ils ont pris ça. Ils ont dit qu’ils sont venus chercher Ousmane Gaoual Diallo (l’actuel porte-parole du gouvernement, ndlr) mais j’étais à Mamou et pour eux je suis allé avec Ousmane Gaoual Diallo. Je n’ai pas été dédommagé et je n’avais pas pu rencontrer le Président Alpha Condé. Il m’avait dit de partir voir le Commissaire Aboubacar Fabou Camara, ancien Directeur général de la Direction Centrale de la Police Judiciaire. J’avais déposé ma plainte. Par après, je suis allé voir le ministre de la citoyenneté Mamadou Taran Diallo et il n y’a pas eu de suite. J’étais découragé de défiler en ville tous les jours.
Mais est-ce que c’est vrai vous étiez avec Ousmane Gaoual à l’époque ?
Non, pas du tout.
Aviez-vous des relations solides avec Ousmane Gaoual Diallo à l’époque ou bien c’était juste de soupçons ?
On se connaissait à l’UFDG mais il n’y avait pas quelque chose de personnel entre nous.
Quelles sont relations aujourd’hui avec le CNRD et le Général Mamadi Doumbouya ?
Je suis un citoyen, un artiste national. J’ai commencé la musique par le théâtre. Donc, jusqu’à ce niveau, je connais Mamadi Doumbouya et je dois le respecter. C’est le président de la Guinée actuellement. Je suis un artiste, tout ce qu’ils voudront de moi, ils peuvent me le dire, je peux le faire si c’est faisable.
En ce moment il y a des Guinéens qui estiment que le Général Mamadi Doumbouya doit organiser les élections pour le retour à l’ordre constitutionnel, par contre d’autres à rester au pouvoir. Lama Sidibé est de quel camp ?
Pensez-vous qu’ils ont raison de dire qu’il va quitter ? Ça, c’est Dieu qui le sait. Ce n’est pas la force qui donne le pouvoir. Ce n’est pas l’intelligence qui donne le pouvoir. C’est Dieu qui prend une partie de son pouvoir pour te confier. Donc, le jour que Dieu voudra te le retirer, il le fera.
Donc vous ne vous intéressez pas à la politique ?
La politique est trop forte et profonde. La politique, ce n’est pas pour les petites gens, non plus pour les artistes. Les artistes peuvent contribuer pour qu’il y ait la paix dans un pays, mais pas rentrer dans la politique. On ne doit pas entrer dans ce système.
Des acteurs politiques appellent à des manifestations de rue pour exiger l’organisation des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel ou encore la libération de citoyens détenus ou disparus. Quelle est votre position ?
Tout ce que moi je peux dire, les artistes n’ont qu’à savoir leurs rôles. Chaque artiste doit savoir ce qu’il doit faire au sein de la société. Nous, tout ce que nous demandons dans ce pays, ce qu’il y ait la paix. Quand il y a la paix, il y a de la musique. S’il n’y a pas de paix, on ne parle pas de musique quand même.
On vous sent assez prudent. Pourtant vous avez chanté pour Cellou Dalein Diallo, qui fait partie de ceux qui demandent le départ du CNRD…
Cellou Dalein Diallo est un politicien et moi je suis chanteur. J’ai chanté pour Cellou Dalein par conviction, comme je vous l’ai dit. Rien ne va changer ça. Même après les élections, ce morceau-là ne va jamais tomber. Je ne veux pas entrer dans la vie des politiciens et entre Cellou Dalein et Doumbouya. Je suis trop loin de ça. Je suis un artiste guinéen. Vous allez le voir très bientôt. D’habitude, je ne chante qu’en poular cette fois-ci, j’ai chanté en malinké, j’ai chanté en soussou. C’est pour vous dire que je suis guinéen.
A part la musique, quelle autre activité exercez-vous ?
Je suis avec ma famille, je vis avec ma femme et mes enfants. L’homme ne peut pas faire une seule chose dans la vie. Il faut se battre pour pouvoir faire vivre tes enfants, ta famille, légalement. Je fais du business. La musique, je le fais pour moi et je travaille pour d’autres aussi. Je suis en train de former des jeunes (artistes, ndlr) pour faire leur album. Je produis des jeunes et ma maison de production s’appelle « Sèlla fin dé Production ».
Préparez-vous un de vos fils à prendre la relève demain ?
S’il a le don. Si les enfants ont le don. On ne le fait pas parce que je suis chanteur, je meurs tout de suite, mon enfant va prendre que s’il a le don. La musique, c’est un don. C’est quand il y a une orientation vers la musique, je peux le pousser, et lui dire comment on doit faire. Mais quand il ne me le dit pas, moi je les confie à l’école et ils n’ont qu’à étudier.
Aujourd’hui, on voit plusieurs artistes qui chantent des choses qui n’honorent pas. Quel message avez-vous à leur donner ?
C’est vous les journalistes, qui devez leur dire ça, on ne doit pas dire ça dans une chanson. Parce que quand une chanson passe, elle passe pour tout le temps, pour tout le reste de la vie. Donc on ne doit pas dire des choses déplacées dans la musique. Mais ce n’est pas nous les artistes qui devons dire ça. Moi, je ne peux pas, je suis commerçant à Madina, dire à un autre commerçant, non, il ne faut pas envoyer la marchandise-là ; envoie cette autre, ce n’est pas possible. Il va me prendre pour quelqu’un de fou.
C’est vous, les journalistes, qui devez dire ça. La chanson-là est très bien cadencée, très bien mélodique, mais vraiment, le contenu n’est pas bon, changez ça. Quand vous faites ça dans un, deux ou trois articles, les autres vont arrêter tout de suite. Sinon, tout le monde met des grossièretés dans les chansons mais les gens applaudissent. C’est vous les journalistes qui devez dire, non, on ne doit pas faire ça, on ne doit pas dire ça. Ce n’est pas nous les chanteurs, chez nous, on ne peut pas éduquer un chanteur qu’on a rencontré sur le plateau. La chanson doit être éducative.
A notre époque, lorsqu’on apprenait la musique, on préparait nos albums, on se disait comment chanter, comment faire cadencer une chanson pour qu’elle soit dansée dans une boîte de nuit pour qu’on l’écoute dans une voiture. Pour nous, c’était notre combat. Parce qu’au moment où j’ai sorti mon album, c’était le seul morceau qui était là, qui était sorti, c’était le morceau d’Amadou Foulah. Je suis venu avec A Welilan, c’est comme ça, ça s’est passé. Donc pratiquement, c’est vous qui devez nous aider pour que les gens s’orientent mieux. Avant, on luttait pour que notre langue s’impose dans les grands milieux, dans les boîtes de nuit, dans les voitures et partout dans le monde. On ne pensait jamais avoir une voiture. Au moment où on chantait, on cherchait comment être connu et maintenu.
Qu’en est-il de vos droits au BGDA ?
En fait, je ne peux pas trop parler, mais ce qui est certain, je ne crois pas qu’il y ait un artiste Guinéen qui est content du Bureau Guinéen des Droits d’Auteurs (BGDA). Parce qu’on ne gagne rien là-bas. Quelqu’un qui a créé sept albums qui vient là-bas, on lui donne un million cent mille, quatre cent mille, six cent mille, c’est de l’argent ça ? Avec cet argent tu ne peux même pas faire une chanson au studio. Donc on est mal récompensé par le BGDA, c’est vrai. Je ne sais pas si c’est au niveau du BGDA, si c’est au niveau du ministère mais en tout cas, on est mal barré. Je demande à l’autorité guinéenne, de penser beaucoup aux artistes guinéens. Il ne s’agit pas de nous donner des voitures ou de nous donner de l’argent, mais de nous donner notre récompense, la valeur intrinsèque que l’être humain gagne, il faut lui donner ça.
Quand tu fais un album, après deux ans, trois ans, quatre ans, on te donne un million, deux millions, c’est quoi ça ? Ça va te faire quoi ? Donc si un artiste vous dit qu’il est satisfait du BGDA c’est parce qu’il a un trou ou voler sinon aucun n’est satisfait. Aucun de nous ne peut aller prendre son droit d’auteur au BGDA pour venir payer la location de sa maison ou payer la scolarité de son enfant. Tu ne peux même pas faire le prix de ton carburant aller-retour.
J’ai reçu 1 million et quelques après trois ans. D’ailleurs ces dernières années on n’en avait pas eu c’est pourquoi ils disent que c’est juste la moitié qu’ils nous ont donné et moi j’ai quitté. Moi, dès que je suis venu, ils m’ont donné et je n’ai dit merci à personne et j’ai quitté.
Est-ce qu’avec l’avancée de la technologie, vous gagnez un peu, parce que souvent sur les réseaux sociaux, Facebook, TikTok, vos chansons sont reprises ?
C’est la nouvelle génération qui en profite le mieux. Nous, à notre temps, on ne connaissait pas ça. C’était la mécanique. Après la radio ou la télévision guinéenne, qui venaient prendre les musiciens vous répétez, vous travaillez moins, c’est tout. C’est ce que j’ai connu. Au lieu de partir par-ci, par-là, je suis toujours avec mes musiciens et je répète ma musique. Je peux être pauvre en argent, mais pas être pauvre en musique quand même. Ceux qui sont très bien introduits ou bien structurés là-bas, ils gagnent mieux. C’est la nouvelle génération qui en profite parce que sa musique est née avec le monde moderne. Et nous, on ne connaissait pas ça. C’est maintenant qu’on nous appelle pour dire, écoute, ça, ça a été vendu comme ça. Est-ce que tu as eu quelque chose dans ça ? C’est dans ça, maintenant, que nous sommes venus pour rencontrer les informaticiens, afin de se programmer. Sans quoi, nous, on était franchement en retard.
Qu’avez-vous gagné durant vos 29 ans de carrières ?
De l’honneur. Franchement. La première personne qui m’a donné quelque chose dans la musique, c’est Moussa Sanguiana Camara, qui était à l’époque gouverneur à Mamou. Il m’a donné un vélo Peugeot, il a été la première personne. Donc, avec ça, j’ai été connu par tous les grands. Aujourd’hui, je peux aller partout, je n’ai pas une porte fermée à moins que moi-même, je ne veuille pas prendre la clé, sans quoi il n’y a pas une porte qui est fermée pour moi. L’honneur, la reconnaissance des autres c’est mieux que tout. Parce que l’argent peut finir et c’est pour un tout petit moment. Mais quand il y a la confiance des gens, c’est ce qui est le plus important.
Interview réalisée par Yayè Aïcha Barry & Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 11 janvier 2025 18:40Nous vous proposons aussi
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