Radié de l’UFDG, Lamarana Pety Diallo brise le silence : « Nous ne luttons pas contre le Président du parti… »

CONAKRY- Dans une décision prise le 5 août 2024, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), à travers le vice-président chargé des Affaires politiques, a annoncé la radiation de trois cadres du parti à ‘’titre conservatoire’’. La formation politique dirigée par l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo reproche aux cadres concernés de violations des textes du parti. Monsieur Lamarana Pety Diallo, membre du bureau exécutif de l’UFDG fait partie de ceux qui sont radiés. Africaguinee.com l’a interrogé.

AFRICAGUINEE.COM :  L’UFDG a annoncé votre radiation de ses rangs à travers une décision du vice-président chargé des affaires politiques. Quelle est votre réaction ?

LAMARANA PETY DIALLO : J’ai appris cette décision en rigolant parce que tout simplement quand les gens rentrent dans la fanfaronnade, ça donne à sourire sinon à rigoler. Je me suis dit que les gens doivent se prendre au sérieux, prendre les militants et les textes du parti au sérieux et savoir ce dont ils parlent. Qu’ils expliquent donc ce qu’ils appellent radiation à titre conservatoire. Ce serait déjà très bien.

Ensuite, sur quel fondement quand bien même eux-mêmes ne respectent pas les textes du parti, les statuts votés par les militants ?  Au nom de quoi peuvent-ils se permettre de prendre des décisions, avec un mandat caduc ? L’auteur de cette décision ou son signataire ne bénéficie pas du mandat des militants car étant nommé par le président du parti. Moi je bénéficie du mandat du dernier congrès. Donc, ça veut dire que personne à l’heure actuelle ne prend une décision légale, eu égard aux textes.

Ensuite, qu’on sache qui dirige ce parti finalement ? Tantôt c’est un vice-président qui refuse de prendre des courriers qu’on leur adresse, tantôt c’est un autre qui signe au nom du président alors qu’il fallait tout simplement appliquer l’article 14.6 et 7. C’est-à-dire le président, après une longue absence dépassant les six (6) mois désigne un vice-président (…). Mais il n’y a de hiérarchie des vice-présidents.  Il n’y a pas de 1er ou de 2ème vice-président. Les textes lui permettent de désigner un remplaçant provisoire… organiser un congrès extraordinaire pour élire un nouveau président du parti. Ce n’est pas moi qui le dis, mais les textes, c’est vérifiable, ce n’est pas tombé du ciel, ça été décidé et adopté. Donc, il n’y a eu ni désignation d’un vice-président en temps et en heure à plus forte raison un congrès extraordinaire. Et d’ailleurs, le président n’a pas pouvoir de nomination, mais il nomme un vice-président à un poste aux affaires politiques et celui-là se permet de signer un document pour dire que des gens élus, quelle que soit la structure à laquelle ils appartiennent, sont radiés à titre conservatoire.

Messieurs Souleymane Bah et Bailo Diallo font partie des sections de l’UFDG, c’est-à-dire la base. Au-dessus de la section il y a la fédération. Les textes sont clairs. Tout responsable fautif est sanctionné au niveau de l’instance à laquelle il fait partie. Est-ce qu’un membre de section UFDG est membre du conseil politique ? Que sont devenus les autres ? Moi je suis membre du bureau exécutif, est-ce qu’on a consulté les membres du conseil politique pour prendre une décision ? C’est donc une méprise totale des textes, l’ignorance de ce que signifie un texte. Et ça, c’est le problème alors que la démocratie se définit par une pratique toute simple, c’est le respect des textes.

Il vous est reproché de violation délibérée des dispositions combinées des Statuts et du Règlement intérieur du Parti UFDG. Que répondez-vous ?

On peut nous accuser de tout. Quelqu’un m’a entendu une seule fois insulter quelqu’un de façon outrancière ? Qu’ils aillent vérifier le dictionnaire La Rousse.

Monsieur Alpha Condé est devenu président de la république ici, l’UFDG ne partageait pas sa vision des choses. Et quand les choses ont commencé, j’ai été de ceux-là qui ont dit : attention, monsieur Alpha Condé représente désormais l’Etat, quel que soit le mode par lequel il est arrivé au pouvoir, ne l’insultez pas. En tant que responsable du parti, j’ai dit attention, respect aux personnes. Moi en tout cas personne ne m’entendra, ce n’est même pas une question d’âge, mais d’éducation. Personne ne m’entendra dire du mal à M. Cellou Dalein, Sidya Touré, Lounceny Fall, Bah Oury, Ousmane, Mamadi Doumbouya ou quelques personnes qui représentent une quelconque institution que ce soit. La personne, quelque soit son mode d’accession au pouvoir mérite respect. Autrement dit, nous, notre combat ce n’est pas contre quelqu’un, mais c’est plutôt un combat pour que l’UFDG retrouve sa ligne politique. L’idéal pour lequel ce parti a été mis en place, l’idéal pour lequel les militants de l’UFDG ont subi, ont été matraqués, arrêtés, emprisonnés et tués… tout ça au nom d’un idéal qu’un groupe de personnes est en train de piétiner peut-être parce que le président du parti est absent mais plus sûrement parce qu’il est pris en otage par ce petit clan qui est au sommet et fanfaronne aujourd’hui en prenant des décisions épidermiques.

Le parti vous accuse de soutenir un mouvement qui s’est inscrit dans une entreprise de déstabilisation et de dénigrement de ses dirigeants. Que répondez-vous ?

Il y a une dizaine de mouvements de soutien au sein de l’UFDG. De mouvements de soutien au président Cellou, mouvement de soutien à l’une de ses femmes qu’on appelle staff, mouvement de soutien à l’un de ses vice-présidents, tous à l’intérieur de l’UFDG. Et le CERAG est un mouvement de soutien à Ousmane Gaoual à l’intérieur de l’UFDG. Alors, si le CRAG est un mouvement de déstabilisation, ça veut dire que les autres comités et mouvements de soutien sont aussi de déstabilisation. Dans ce cas, qu’on interdise tous les mouvements de soutien, y compris ceux du président, de son épouse, du vice-président et autres. Mais avant cela, qu’on revienne au fondement des textes sinon on ne peut rien. Les mouvements de soutien, et le CERAG est à l’intérieur, il prône les réformes du parti, la régénérescence de la classe politique.

Vous avez des anciens responsables du PDG RDA qui sont octogénaires, qui ont des places inamovibles alors que la jeunesse qui est là se bat avec de nouvelles idées. Il y a des responsables qui se battent, dès que vous parlez, vous êtes l’ennemi de l’UFDG, ennemi d’une communauté, ennemi du président. C’est des termes employés, ils n’utilisent même pas adversaire, si fait que l’UFDG est assimilée à une communauté.

Je précise pour ces messieurs que l’UFDG est un parti national, c’est une structure politique, ce n’est pas une institution religieuse. Donc, ils doivent accepter les voix dissonantes et les idées contraires pour un débat interne et démocratique. Nous nous battons pour ça.

A la différence des autres peut-être, votre mouvement soutient un monsieur qui a été exclu de l’UFDG. Qu’en dites-vous ?

Exclu du parti dans des conditions que je viens de décrire plus haut et à qui la justice guinéenne vient de rétablir dans ses droits et ça on l’oublie et on veut le taire. Je crois que ces gens, au lieu de sortir la hache de guerre, ont plutôt intérêt d’aller dans le sens d’apaisement. Parce que, s’ils excluent aujourd’hui trois personnes, savez-vous que rien qu’aux États-Unis, plusieurs membres du bureau exécutif sont membres du CERAG (Cercles des Amis de Gaoual) ? Savez-vous que beaucoup de responsables fédéraux de l’UDFG sont membres du CERAG ? Et l’exclusion va mener à quoi, c’est ça la question ? Oublient-ils que toute personne a droit d’exprimer ses idées ?

Quand ils parlent de langage ou d’attitude outrancière, qu’ils mesurent le sens des mots car chaque mot a une connotation et une dénotation. Le sens profond et figuré que l’analyste voit et le sens normal qu’on comprend. Quelque chose d’outrancier, c’est quelque chose d’injurier. Il faudrait déjà qu’ils révisent leur vocabulaire avant de le mettre dans une décision. Rien que ce terme fausse leur décision parce qu’ils ne peuvent pas donner la preuve.

Votre radiation est à titre conservatoire. Que comptez-vous faire pour être rétabli dans vos droits ?

Pour le moment je les laisse s’amuser. Ils n’ont autre chose que d’aller de provocation en provocation. Au moment où on parle, il y a des vlogueurs qui sont payés pour nous insulter, nous menacer de mort, nous traiter de tous les noms. C’est des gens qui sont assis à Dakar, en France, aux États-Unis et qui sont entretenus par les cotisations des militants du parti. Ces vlogueurs, est-ce qu’ils ont une carte de l’UFDG ? Est-ce que le parti ne peut pas se défendre légalement, respectueusement sans insulter des pères de familles ? Si vous voyez certains de ces gamins, dans un français approximatif insulter le président de la République, insulter les gens du CERAG, traiter la nation de tous les mots, c’est quand-même grave. Et ces vlogueurs se réclament défendre l’UFDG alors qu’ils ternissent l’image du parti. J’en appelle aux militants, de prendre leurs responsabilités pour que l’on sache qu’un parti politique ce n’est pas les injures ni les violences. On ne peut pas insulter tout le monde et vouloir diriger la république. Diriger c’est le consensus, si vous ne parvenez pas à gérer une structure qu’on appelle parti politique à l’interne, comment voulez-vous gérer demain une entité composée de culture, de croyance, de religion qu’on appelle la nation ? C’est ça le problème.

Si l’UFDG veut gérer la nation, il faut qu’elle revoie sa démarche politique. Je le dis en tant que responsable de l’Ufdg, je ne partage plus la méthode, la manière, l’attitude de certains responsables du parti qui accusent les autres d’être outranciers avec une arrogance indescriptible. On ne peut pas s’attaquer aux institutions, à la justice, au pouvoir quelque soit son mode d’arrivée aux affaires et vouloir demain diriger la nation. Il faut que notre parti, réapprenne les valeurs fondamentales de ceux-là qui l’ont fondé. Les valeurs qui ont été inculquées, qui ont fait que l’Ufdg a été vue comme un parti de changement. Il a nourri le rêve de beaucoup de militants mais la ligne a été entièrement faussée par un clan vieillissant dont l’esprit est fermé à toute idée de rénovation, de réforme. Nous ne luttons pas contre le président du parti, ni contre un vice-président, encore moins contre des individus. Notre combat, notre objectif c’est de retrouver l’Ufdg d’antan, dans ses valeurs fondamentales, de respect pour en faire déjà un parti démocratique parce qu’il ne l’est plus.

Quand on ne peut pas parler, quand vous parlez on vous accuse, non pas de dissidence, mais d’outranciers, ennemis de président, de son ethnie, moi je m’en fiche de l’ethnie, ce qui me préoccupe c’est la nation. Et j’ai toujours cru jusqu’à un certain moment, que l’Ufdg s’occupait de la nation et non de l’ethnie. Quand j’ai compris que tel n’était pas le cas, le fossé a commencé à être creusé, et je l’ai fait savoir à qui de droit. J’ai les preuves car je ne parle pas simplement, j’écris aussi. Et j’ai toujours dit, je ne parlerai jamais, sauf si on m’y oblige, ce qui s’est passé à l’interne entre les responsables du parti et moi-même. Parce que moi j’ai avisé, je ne dénonce pas, moi. J’analyse et j’ai fait des propositions, et malheureusement ceci n’existe plus dans notre parti. Donc, ceux qui croient radier les gens comme ça à mains levées, ils n’ont qu’à se radier eux-mêmes parce qu’ils n’ont pas de mandat.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 8 août 2024 07:36

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