Organisation des élections : L’UFDG émet des réserves autour d’une décision du ministre Ibrahima Kalil Condé…
CONAKRY-Une récente décision du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation suscite des interrogations à l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). Il s’agit de la nomination des 33 chefs des services préfectoraux des affaires politiques et électorales du pays. Dans une interview accordée à votre quotidien Africaguinee.com, Abdoulaye Bah, conseiller politique de Cellou Dalein Diallo a émis des réserves sur cette décision du général à la retraite Ibrahima Kalil Condé. Entretien !!!
AFRICAGUINEE.COM: Que pensez-vous de la nomination des chefs des services préfectoraux des affaires politiques et électorales par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ?
ABDOULAYE BAH : On ne devrait pas nommer en coulisse des secrétaires publics de la nation. Ça, c’est ma première remarque. Deuxièmement, je vois un chevauchement avec les démembrements de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) d’alors. Il y avait les CEPI (commission préfectorale indépendante) et les CESPI (commission électorale sous-préfectorale indépendante) qui étaient chargées, de par la loi, de gérer l’élection au niveau local, rural et sous-préfectoral.
Maintenant, quel sera le rôle de ces responsables nouvellement nommés par rapport aux structures de la CENI d’avant ? C’est la question que je me pose. Je pense que beaucoup de Guinéens se la posent aujourd’hui. Mais toujours est-il que l’élection est une affaire qui doit être fondée sur la volonté sincère de laisser le peuple d’un État souverain choisir en connaissance de cause leurs concitoyens qui ont postulé et qui ont candidaté aux fonctions électives. C’est l’un des critères de la démocratie.
Selon vous qu’est-ce qui se cache derrière ces nominations ?
Vous savez, le régime défunt du RPG-ARC-EN-CIEL d’Alpha Condé avait l’habitude de faire des manœuvres dilatoires. En son temps, il a fait beaucoup de gymnastiques politique et juridique. Ce régime avait dépensé beaucoup d’argent public pour sensibiliser, motiver, et corrompre les gens. Et au final, tout cela n’avait rien servi, sauf des malheurs et des larmes. Alors, si tel est le cas, c’est malheureux, ce n’est pas souhaitable. Parce qu’on ne peut pas manœuvrer contre le peuple. Si Dieu vous a donné la chance de diriger une portion de votre État, vous devez être sincère, vous devez être transparent, vous devez être efficace et loyal. D’ailleurs, c’est l’un des critères de l’administration publique. Donc, à défaut, toute manœuvre dilatoire, toute manœuvre allant dans le sens de défendre l’intérêt égoïste individuel de certains individus que ce soit, est vouée à l’échec. L’histoire est pleine d’exemples.
Aujourd’hui, si on vous demande d’adresser un message au général Mamadi Doumbouya, que lui diriez- vous ?
Un appel à lancer ! Oui, je peux tenter, mais nous sommes trop petits par rapport à tout ça. Cependant, je pense qu’il devrait absolument se rappeler du jour de son arrivée, le 5 septembre 2021. Lorsque les Guinéens voulaient d’un sauveur, nous étions d’ailleurs en prison, enfermés à la sûreté. La vie était intenable, tout le monde priait pour que Alpha Condé et son régime arrêtent de nous fatiguer et de nous torturer. Et il est venu, il a été applaudi, béni… les gens étaient contents de lui. Il y avait vraiment une mobilisation autour de son discours. Il avait dit qu’ils sont venus arrêter la misère, la souffrance, l’hypocrisie, la honte, le vol, la corruption…Ce discours est historique.
Donc, il doit absolument résister face aux gens qui sont en train de le pousser à se dédire, à nuire à son discours, à piétiner ses engagements, à violer la confiance. Il doit résister, encore résister, enfin résister. Il n’a qu’à se rappeler que la confiance se gagne comme des gouttes d’eau dans un seau et que cette confiance s’effrite lorsque le seau est renversé de façon brutale.
Il doit rester lui-même et il ne doit pas accepter que des engagements qu’il a pris librement soient sabotés ou effacés par des gens qui ne défendent que leur intérêt économique. Il peut revenir après l’élection propre, acceptée, avec une passation de pouvoir pacifique entre lui et le civil élu. Après, il peut revenir être candidat et je vous assure qu’au premier tour, il passera parce que les Guinéens qui l’ont cru à travers le respect de ses engagements vont naturellement le manifester en le choisissant dès le premier tour.
Donc, de grâce, que Monsieur Doumbouya pense à ceux qui sont passés et qui ne sont plus là : Sékou Touré, le général Lansana Conté… Dadis qui est dans des problèmes parce qu’il a violé ses engagements. Alpha est là, mais Alpha, lui aussi, n’a pas respecté ses engagements. Sékouba Konaté est en exil camouflé. Donc, c’est un peu long, mais c’est difficile de prodiguer des conseils à un chef. Que Dieu le sauve de ceux qui veulent piétiner ses promesses et ses engagements d’officier et le pousser à la faute. Il faut qu’il refuse, il faut qu’il résiste. Parce que la vie est longue, il ne faut jamais trahir ses promesses.
Entretien Réalisé Par Mamadou Yaya Bah
Pour Africaguinee.com
Créé le 22 octobre 2024 12:11Nous vous proposons aussi
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