Modèle de réussite : A la rencontre de Safiatou Bangoura, chaudronnière…

BOKE- A l’occasion du mois de mars consacré aux droits des femmes, Africaguinee.com jette les projecteurs sur les « amazones » de l’ombre qui distinguent dans leurs métiers. Dans cet article, nous sommes allés à la rencontre de Safiatou Bangoura, chaudronnière. Cette jeune dame se bat contre vents et marées pour préserver l’héritage de sa famille.

Dans la ville de Boké, dame Safiatou Bangoura s’illustre dans la chaudronnerie, un métier souvent pratiqué par les hommes. Fille et petite fille de soudeurs, cette mère célibataire a préféré se lancer dans la chaudronnerie contre la volonté de son père qui rêvait de voir sa fille finir l’université et travailler dans un bureau.

Issue d’une famille de cinq (5) enfants dont un garçon décédé à bas âge, Safiatou Bangoura est diplômée du Centre de Formation Professionnelle (CFP) de Boké. Très vite, elle a décidé de tracer son propre destin dans le métier de la soudure. Son objectif, préserver l’héritage de sa famille qui vit des fruits de la chaudronnerie depuis maintenant trois générations.

« Je suis née et j’ai grandi dans ce métier de soudure puisque mon grand-père était soudeur. Mon père aussi. Pour mon cas, j’ai fait trois ans de formation au CFP de Boké pour avoir un diplôme. J’ai aimé ce travail depuis toute petite, mon père voulait que j’aille à l’Université, mais je lui ai dit que tout le monde ne peut pas faire l’Université. Donc, de me laisser faire la soudure, il avait peur pour moi parce que je suis une fille. Mais aujourd’hui j’ai plusieurs apprentis dans mon atelier », explique, soulagée, maitre Safiatou Bangoura.

Elle ne manque pas d’ambition. Dame Safiatou Bangoura compte travailler très dur pour dépasser son père, Maitre Yakouba, une autre figure incontournable de ce métier dans la ville de Boké.

« Avant c’est mon père qui faisait tout pour moi, mais aujourd’hui Dieu merci je dépends de moi-même. Je n’ai pas construit d’abord, mais j’ai (2) deux ateliers de soudure, un à Yomboya ici et l’autre à Konia Centre, j’ai trois apprentis dans cet atelier et cinq à Konia. Après mon père, je suis cheffe d’atelier », poursuit Safiatou Bangoura.

Satisfait de sa collaboration avec son cheffe, Albert Haba apprenti affirme avoir la chance de faire équipe avec cette dame Bangoura.

« Je suis étudiant et je viens dans cet atelier pour les cours pratiques, mais franchement nous sommes très ravis de notre cheffe. Nous les apprentis d’ici et ceux Konia, nous permutons parfois et la maitresse est tout le temps derrière nous pour nous apprendre ce métier. Ici, nous sommes comme une famille avec elle », a témoigné cet étudiant apprenti.

Passionnée de la soudure, Safiatou Bangoura n’est pas à l’abri des difficultés comme tout autre entrepreneur. Faute de moyens, cette jeune dame dit n’avoir pas pu obtenir tous les équipements de travail nécessaires pour atteindre ses objectifs. C’est pourquoi, elle sollicite l’assistance des personnes de bonne volonté afin de mieux équiper ses deux ateliers.

« Il n’y a pas un métier réservé uniquement pour les hommes, les femmes peuvent aussi pratiquer tous les métiers du monde. Il suffit juste d’avoir le courage et l’amour de ton travail. Moi j’ai aimé ce métier, c’est pour cette raison que je le fais. Les filles doivent cesser de dépendre des hommes et de rester elles-mêmes. Je les invite à prendre du courage et d’apprendre à faire un métier.

Moi par exemple j’ai beaucoup de clients, ce travail que je suis en train de faire en ce moment même c’est pour le gouverneur de Boké. Je profite de l’occasion pour lui demander de nous venir en aide surtout, nous les femmes qui pratiquons ces genres de métiers. Aucune société minière de Boké n’est venue d’abord pour une assistance mais nous leur tendons la main », a lancé Safiatou Bangoura.

Mère célibataire, Safiatou Bangoura vie aujourd’hui au quartier Yomboya dans la commune urbaine de Boké. Avec ses maigres moyens et le courage, cette femme ambitionne d’aller au bout de ses rêves.