Hajj : Disparition de Thierno Abdoulaye Baldé à la Mecque…

TOUGUÉ-Elhadj Abdoulaye Baldé, né en 1946 dans la préfecture de Tougué, région de Labé a disparu à la Mecque où il était parti pour accomplir le hajj 2023. Ses dernières nouvelles remontent à la phase de lapidation de Satan, à Mina. C’est là qu’il a été aperçu pour la dernière fois. Depuis, sa famille a perdu tout contact avec lui. Des recherches ont été menées sur place pour le retrouver. En vain. En Guinée, le dernier convoi des pèlerins a atterri le 21 juillet dernier, sans Elhadj Abdoulaye Baldé, 77ans.

Dans son village à Laabha Buruwal, c’est le chagrin et l’inquiétude de la famille. Chaque jour qui se lève, ils attendent des nouvelles bonne ou mauvaise. La tristesse est partout. Dans la maison familiale du disparu, les visites se font en longueur de journée.  Des connaissances, parents, amis… viennent pour avoir des nouvelles. Du côté du secrétariat général des affaires religieuses et de l’agence de voyage, après les recherches hardies mais infructueuses, ils ont décidé de se rabattre vers les autorités diplomatiques pour ouvrir des enquêtes.

Africaguinee.com, s’est rendu à Laabha Buruwal auprès de la famille d’Elhadj Abdoulaye Baldé. Chaque matin, ils se retrouvent pour échanger sur les dernières informations de la veille. Mamadou Alpha Baldé, neveu du pèlerin disparu n’a plus le cœur tranquille depuis l’annonce de la disparition de son oncle pendant le pèlerinage. Il témoigne :

« C’est une période difficile pour nous de vivre sans nouvelle de notre oncle. Nous tendons la main partout pour avoir de ses nouvelles. A la veille de la fête de Tabaski, nous avons échangé avec lui, c’est depuis le lendemain de la fête que la mauvaise nouvelle nous est parvenue : il est absent parmi les pèlerins. Depuis cette date, tous les pèlerins disaient ne l’avoir pas vu, les guides également. De notre côté, nous n’arrivons à l’avoir par téléphone. Nous continuons les recherches, les prières, demander les uns et les autres. Même l’un des fils de mon oncle qui vit en Europe est actuellement en Arabie Saoudite dans l’espoir d’avoir des nouvelles de son père en vain. Nous attendons aussi des nouvelles de la part des guides en vain. Dans notre village, mon oncle Abdoulaye n’était pas seul qui était parti à la Mecque. Nos parents rentrés de la Mecque nous ont confié, qu’ils se sont vus pendant le Hajj, mais à la fin ils ne l’ont plus revu. Pour le moment, nous considérons que nous n’avons ses nouvelles » confie Mamadou Alpha Baldé, neveu du pèlerin disparu.

Au village de Laabha, commune rurale de Kollagui dans Tougué, le domicile d’Elhadj Abdoulaye Baldé ne désemplit. Des proches et voisins viennent chaque matin pour avoir les dernières informations. Neene Aminata Sow, l’épouse du disparu reste inconsolable. Le dernier échange avec son mari remonte à 2 jours avant la fête de tabaski, depuis plus rien. Elle ne retient pas ses larmes. Elle vit une véritable torture morale suite à la disparition de son mari aux lieux saints de l’islam.

« C’est le 8 du mois lunaire, à 2 jours de la fête de tabaski que j’ai parlé pour la dernière fois avec mon mari. Il m’avait dit qu’il a réussi à accomplir toutes les obligations du pèlerinage, il ne restait que la lapidation de SATAN. Ses compagnons nous ont dit qu’il était bien présent à la lapidation de Satan, c’est la dernière phase du pèlerinage. C’est là qu’il a été vu pour la dernière fois selon ses compagnons. Depuis ça, nous cherchons des nouvelles en vain. Même mon fils s’est déplacé de l’Allemagne en Arabie Saoudite pour chercher des nouvelles en vain. Mon jeune-frère directe était au Hajj, il a fait ce qu’il peut mais aucune nouvelle pour le moment. Nous avons nos regards perdus dans la savane s’agissant du sort de mon mari parti au Hajj. C’est vrai nous avons appris qu’il y a eu des décès, des malades, pour mon mari c’est autre chose, il n’est ni parmi les morts déclarés ou les malades, il est porté disparu.

Nous sommes au courant que tous les pèlerins guinéens sont rentrés au pays, mon mari n’est pas là, aucune nouvelle de lui (Larmes NDLR). Nous avons les yeux rivés sur les autorités du pays et tous ceux qui peuvent aider à nous donner la bonne information qui va nous libérer du doute. S’il est décédé, on peut se consoler comme tout bon musulman ; s’il est juste égaré qu’on se donne les mains pour connaitre le chemin qu’il a emprunté. Ce qui nous maltraite c’est de rester sans savoir ce qui lui est arrivé. C’est même souhaité par beaucoup de musulmans de répondre à l’appel du créateur pendant le Hajj, c’est juste des nouvelles qu’on cherche. Tous les jours nous attendons des nouvelles de Thierno Abdoulaye. Ce qui n’arrive pas. Nous ne désespérons pas tant que quelqu’un ne vient pas nous dire que mon mari est décédé. Nous demandons de l’aide (pleurs NDLR) », sanglote Neene Aminata Sow, l’épouse du disparu.

Habibata Baldé, sexagénaire, jeune-sœur d’Elhadj Abdoulaye Baldé ne ferme pas les yeux presque. À chaque fois que son téléphone crépite, elle pense à une nouvelle sur le sort de son grand frère.

« Son téléphone a cessé de marcher d’un coup, c’est le canal par lequel on prenait ses nouvelles. A côté, ceux qui étaient avec lui ne l’ont plus revu. C’est inquiétant vraiment. Les nuits deviennent longues pour nous. Nous faisons que penser vraiment, nous n’avons rien où accrocher notre esprit pour se fixer une idée. Toute la nuit nous sommes là à regarder le téléphone. Nous ne dormons pas. À tout moment nous attendons à ce qu’on dise qu’il est retrouvé ou tel a été son sort. Nous ne sommes pas tranquilles vraiment. Ça fait très mal au cœur quand nous voyons les autres pèlerins de retour qui nous disent être sans nouvelles. C’est vraiment triste ce que nous vivons, nous sommes inquiets. Nous n’avons pas sommeil, nous n’avons pas faim et nous n’avons pas soif. Nous ne faisons que penser. Nous donnons au bon Dieu ».

A suivre…

Alpha Ousmane Bah

De Retour de Kollagui

Pour Africaguinee.com

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