Massacre du 28 septembre 2009 : dix ans après, qu’exige la CPI ? (Exclusif)
LAHAYE-Le 28 septembre 2009, la garde prétorienne de la junte au pouvoir a réprimé dans le sang au stade éponyme une manifestation pacifique des forces vives qui protestaient contre les velléités de Moussa Dadis Camara de se porter candidat aux élections présidentielles de 2010. Le bilan de la répression est sans appel. Plus de 150 personnes tuées, une centaine de femmes violées, des dizaines de portés disparus et des milliers de blessés selon un rapport d’une enquête menée par des experts des Nations-Unies. Un lundi noir à Conakry !
Dix ans après ces douloureux évènements, les victimes attendent toujours le procès dont la date n’est pas encore fixée. Ce pendant, 13 personnes sont inculpées et renvoyées pour être jugées devant le tribunal criminel de Dixinn.
Si la Cour Pénale Internationale (CPI) qui suit de près ce dossier avoue les efforts des autorités en vue de traduire les responsables du massacre devant les tribunaux, elle note qu’il y a des fondamentaux à remplir avant le procès. Envisage t-elle d’ailleurs de s’autosaisir de ce dossier ? Que recommande-t-elle pour la tenue d’un procès équitable ? Africaguinee.com a interrogé le bureau du procureur de la CPI.
« Depuis la clôture de l’enquête nationale en décembre 2017, les autorités guinéennes ont poursuivi leurs efforts en vue de traduire en justice les personnes portant la plus grande part de responsabilité pour les crimes présumés commis au stade de Conakry le 28 septembre 2009. La clôture officielle de l’enquête nationale qui a abouti à la mise en accusation de 13 personnes renvoyées en procès, notamment de hauts responsables de l’ancien Gouvernement et du Gouvernement actuel, et la création d’un comité de pilotage chargé de la logistique liée à la préparation du procès illustrent concrètement la mobilisation des autorités à cet égard », note le bureau de la procureure Fatou Ben Souda.
Beaucoup de survivants ou proches de victimes de ce massacre se remettent difficilement de l’horreur qu’ils ont vécu. Cette année, au moins quatre survivants sont décédés. Alors que l’impatience grandit, le bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale avertit qu’il y a un certain nombre d’aspects fondamentaux en vue de la tenue du procès qui n’ont pas encore été réglés.
C’est notamment la finalisation du budget, l’établissement d’un plan en matière de sécurité pour tous les participants au procès, les questions liées au programme de participation et de protection des victimes et des témoins, la planification des activités de communication et de sensibilisation du grand public, et la détermination d’un calendrier adapté.
« Au cours des mois à venir, le Bureau continuera d’examiner de près tout obstacle à la tenue du procès et de mobiliser les acteurs concernés en vue de l’organisation d’un procès respectueux des garanties d’un procès équitable et qui ait du sens pour les victimes », nous renseigne-t-on dans l’entourage de madame Fatou Ben Souda.
Le Bureau du Procureur publiera un nouveau rapport sur ses activités en matière d’examen préliminaire aux alentours du 2 Décembre 2019. Ce rapport fournira une évaluation mise à jour de la situation en Guinée et du dossier du 28 Septembre 2009 en particulier, a-t-on appris auprès de la CPI.
A suivre…
Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 655 311 112
Créé le 11 septembre 2019 12:00Nous vous proposons aussi
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