Massacre de 2009/cas des charniers : Comment les bérets rouges ont agi ?

Le chef du CNDD, Moussa Dadis Camara, entouré de sa garde rapprochée, image d'archive

CONAKRY- C’est l’une des zones d’ombre du massacre du 28 septembre 2009 dont le procès historique des auteurs présumés est en cours devant un tribunal criminel de Conakry depuis environs cinq mois. La dissimulation des corps et les charniers.

Des nombreux témoignages concordants s’accordent sur le fait que plusieurs cadavres ont été extraits du stade le jour du massacre ou dans les morgues le lendemain puis enfouis dans des fosses communes, dans divers endroits à Conakry et aux alentours. La zone Faban, le pied du mont Kakoulima sont notamment pointés du doigt. D’autres corps auraient été jetés en mer. Tout au long du procès, les débats se sont enlisés sur cette question. Les accusés se sont rejetés les responsabilités.

Alors que la seconde phase de ce procès pénal a été entamé le 14 février dernier, avec l’audition des parties civiles, Africaguinee.com vient de recueillir un témoignage exclusif sur un pan des incidents brutaux du 28 septembre 2009. C’est celui de Human Rights Watch, une ONG internationale de défense des droits humains dont les travaux d’enquête fouillées et amplement documentées ont permis de jeter la lumière sur l’ampleur des atrocités commises au grand stade de Conakry sous le règne de Moussa Dadis Camara.

Africaguinee.com a interrogé la Directrice adjointe du programme Justice internationale à Human Right Watch. Madame Elise Keppler a dévoilé que les conclusions relatives aux tombes associées au massacre du stade de 2009 sont présentées aux pages 74-81 du rapport de Human Right Watch, intitulé : ‘’Un lundi sanglant : Le massacre et les viols commis par les forces de sécurité en Guinée le 28 septembre | HRW (chapitre VI. Dissimulation du massacre par le gouvernement)’’. Elle explique comment des bérets rouges, à l’époque,  ont dissimulé les corps.

« Human Rights Watch a recueilli des preuves solides, notamment de témoins oculaires provenant de sources militaires confidentielles et de membres du personnel médical, selon lesquelles les forces armées ont systématiquement tenté de dissimuler les preuves de leurs crimes et de donner une fausse idée du nombre de personnes tuées lors des événements du 28 septembre. Immédiatement après le massacre, des membres de la Garde présidentielle ont interdit l’accès au stade au personnel médical et, au cours des heures suivantes, ont sorti des corps du périmètre du stade dans des camions militaires.

Dans les 24 heures qui ont suivi les violences dans le stade, la Garde présidentielle a également pris le contrôle des deux principales morgues de Conakry, celles des hôpitaux Donka et Ignace Deen, et a emmené les corps pour les enterrer dans différents lieux, certains connus et d’autres inconnus. Human Rights Watch s’est entretenu avec les familles de plus de 50 personnes dont on sait qu’elles sont mortes lors du massacre du 28 septembre », a confié Elise Keppler.

Dans plus de la moitié des cas, poursuit-elle, le corps de la personne décédée n’avait jamais été retrouvé, et était supposé avoir été enlevé par les soldats directement du stade ou des morgues des hôpitaux.

« Human Rights Watch s’est entretenu avec une source qui a vu 65 corps au camp militaire Almamy Samory Touré de Conakry. Des corps qui ont ensuite été emmenés au milieu de la nuit, prétendument pour être enterrés dans une fosse commune. Une autre source a décrit avoir vu des soldats de la Garde présidentielle enlever des corps de l’hôpital Donka aux premières heures du matin le 29 septembre et les enterrer dans deux fosses communes dans et autour de Conakry. »

En Guinée, plus de 150 personnes ont été tuées le 28 septembre 2009, au cours d’un meeting des forces vives au stade éponyme, alors qu’ils exprimaient leur opposition aux velléités de candidature du capitaine Moussa Dadis Camara, président de la transition à l’époque. Plusieurs femmes avaient été également violées, et des cas de disparition signalés, selon les Nations-Unies.

Depuis le 28 septembre 2022, onze accusés dont l’ancien chef de la junte répondent devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la cour d’appel de Conakry.

Nous y reviendrons !

A suivre…

Dansa Camara DC

Pour Africaguinee.com

Créé le 19 février 2023 12:14

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