Lycée 28 Septembre de Kindia : un monument éducatif à l’abandon, l’État invité à agir

KINDIA -Créé en 1957, le Lycée Wossou — aujourd’hui Lycée 28 Septembre de Kindia — est dans un état de délabrement très avancé. L’établissement est dépourvu de clôture ; les fenêtres et les portes des bâtiments sont toutes dégradées. Pourtant, de nombreux cadres ont été formés dans cette école, vieille de plus d’un demi-siècle. Aujourd’hui, cette concession scolaire, héritée de la période coloniale française, donne l’image d’un établissement à l’abandon.

Alpha Oumar Diallo, ancien élève du lycée Wossou, interpelle :

« Moi, je suis rentré au collège en 1982. De 1982 jusqu’à 1984, après la mort du feu Ahmed Sékou Touré, j’y ai fait mes études. L’actuel Lycée 28 Septembre s’appelait alors Wossou. L’école a pris le nom de la date du référendum du 28 septembre 1958, correspondant au vote par lequel la Guinée a dit NON au colon français. De nombreux cadres ont été formés dans cette école — des ministres, des ambassadeurs, de hauts directeurs, de grands médecins — mais aujourd’hui, son état est lamentable. Son image n’est pas reluisante. Elle est dans une situation très triste. Les autorités ont abandonné cette école. Si l’État pouvait, avec les personnes de bonne volonté, la reconstruire, ce serait une bonne chose. L’établissement est aujourd’hui dans un état de dégradation très avancé », déplore-t-il

De nos jours, la situation de cette école inquiète même les élèves qui y étudient. En plus de sa dégradation, une crise de professeurs se fait sentir, selon les témoignages de certains élèves s’exprimant sous anonymat.

« C’est très, très décevant de voir cette école dans cet état. Même moi, c’est ma première année ici, mais c’est très étrange à voir. L’établissement est fortement dégradé et, pire encore, nous n’étudions pas bien à cause du manque d’enseignants. Mon appel à l’État, c’est d’aider l’école, d’aider les élèves, parce que nous avons vraiment envie d’apprendre, mais dans ces conditions, c’est difficile. Il arrive même que des élèves sortent parfois par les fenêtres. Nous demandons à l’État de reconstruire cette école », lance un lycéen.

Un autre renchérit : « C’est une situation qui me touche profondément, vu que cette école a formé de nombreux cadres. S’il n’y a pas de conditions adéquates pour les élèves, nous ne pouvons pas étudier. Nous aimerions que cette école soit reconstruite »

Chez les autorités éducatives, c’est l’omerta. La directrice préfectorale de l’Éducation, par exemple, que nous avons interpellée au sujet de l’état de dégradation avancée de l’établissement, s’est abstenue de tout commentaire.

Interrogé sur le même sujet, l’inspecteur régional de l’Éducation de Kindia nous a renvoyés vers le Service national des infrastructures et équipements scolaires (SENIES), qu’il considère mieux placé pour répondre.
« C’est la DPE qui maîtrise le mieux ce domaine. Si vous voulez vraiment faire le reportage sur le lycée 28 Septembre, vous devez prendre langue avec le SENIES (Service national des infrastructures et équipements scolaires). C’est le responsable du SENIES qui peut mieux vous dire ce qui se passe (…) », a-t-il déclaré.

Alhassane Ousmane Camara, chef d’antenne régionale des infrastructures et équipements scolaires à l’IRE de Kindia, apporte des précisions sur le projet dont doit bénéficier cette vieille école.
Il indique que la situation du lycée 28 Septembre figure dans le même programme que celle de l’école Barry Diawadou, inscrit dans le projet présidentiel.

« Depuis longtemps, le lycée 28 Septembre est fortement dégradé. C’est pour cela qu’on l’a inscrit sur la liste de nombreux établissements à rénover. L’État sait bien que ce n’est plus une question de simple rénovation. Il s’agit plutôt de mettre l’établissement en valeur. Cela signifie tout démolir et construire un nouveau lycée flambant neuf. C’est cette étude qui est en cours. Quiconque voit le bâtiment dans son état actuel dira que le lycée 28 est abandonné. Pourtant, il est bien inscrit dans un grand projet, dont les études de faisabilité sont presque bouclées », a-t-il expliqué.