Lutte contre la traite des humains : Expertise France exécute un « gigantesque projet » dans les pays du golfe de Guinée
CONAKRY- Dans le cadre de l’exécution de son projet d’Appui à la lutte contre la traite des personnes (ALTP) dans les 6 pays du Golfe de Guinée financé par le Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne (FFU UE), Expertise France a lancé, ce mardi 12 janvier 2021, une formation conjointe des membres du Comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA Guinée), du Comité national de lutte contre la traite des personnes de Côte d’Ivoire (CNLTP) et le Human trafficking secretary (HTS) Ghana, aux indicateurs de la traite et le cadre de concertation entre ces différents comités de lutte.
Ce projet vise à renforcer les actions et les capacités de 6 pays du golfe de Guinée (la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria) pour une lutte ciblée et efficace contre la traite des êtres humains, en fonction des priorités émises par les acteurs et les partenaires. Il est financé à hauteur de 18 millions d’euros pour une durée de 4 ans (2019-2022) dont 17 millions 400 mille d’euros par le FFU UE et 600 mille euros par la France pour l’intégration du Togo et du Bénin qui n’étaient pas éligibles au fonds.
Le projet est axé sur 4 composantes : la consolidation institutionnelle, opérationnelle et des actions préventives, l’application des lois, la protection des victimes et la coopération régionale.
A travers ses 4 composantes, le projet vise à renforcer les capacités des systèmes et des mécanismes institutionnels de lutte contre la traite des personnes. Pour cela, l’une des actions prévues est le renforcement des capacités des acteurs nationaux sur le cadre juridique international et national de la lutte contre la traite des personnes, l’identification, le référencement et la prise en charge des victimes de traite.
En ce qui concerne la 4e composante portant sur la coopération régionale, celle-ci vise à dynamiser la coopération transfrontalière et mettre en œuvre des mesures de coopération conformément aux accords bilatéraux et régionaux en vigueur en partenariat avec la CEDEAO. Cette coopération doit se traduire par l’opérationnalisation de protocoles de coopération pour le partage d’informations dans le cadre des accords bilatéraux existants et aussi à travers la consolidation des réseaux régionaux des acteurs engagés dans la lutte et issus des coordinations institutionnelles existantes, des services opérationnels ainsi que de la société civile.
C’est pourquoi, Expertise France a jugé opportun de proposer, comme première initiative régionale, une activité qui puisse associer un renforcement technique des capacités des membres du CNLTPPA de la Guinée sur le cadre juridique international et national de la lutte contre la traite des personnes, l’identification, le référencement et la prise en charge des victimes de traite avec l’appui du CNLTP de la Côte d’Ivoire et de HTS du Ghana.
Cette formation, selon Alessandro Rabbiosi, directeur régional du projet ALTP, vise à engager une discussion entre les différents acteurs pour identifier les bonnes pratiques, de partager les expériences de chacun en vue de développer un parcours commun, plus efficace dans le cadre de la lutte contre la traite des personnes dans la sous-région.
«La traite des personnes est une composante transfrontalière de mobilité qui nécessite d'être abordée avec la coordination et la participation de tout le monde (…) Nos attentes c’est d’avoir des participants de haut niveau et nous souhaitons qu’à la fin de ces échanges, tout monde puisse avoir des éléments pour aborder la question de la lutte contre la traite des personnes de manière professionnelle, efficace et élaborer des actions en commun entre les pays», a déclaré Alessandro Rabbiosi.
Selon le chef de cabinet du ministère de l’Action sociale, l’objectif du gouvernement guinéen est d’élargir les actions au-delà de la Guinée pour qu’ensemble, des actions concertées et persévérantes soient menées à tous les niveaux afin que l’on puisse endiguer ce fléau qui continue de faire du mal aux Guinéens surtout les femmes et les enfants.
"Le plus souvent, la traite des personnes se fait vers les frontières et il y a plusieurs genres de traites. Par exemple, on peut prendre les femmes pour les exploiter dans les bars, dans les travaux domestiques. En ce qui concerne les enfants aussi, on peut les retrouver dans les mines, dans les champs, ils sont déscolarisés et on les oblige de faire des travaux qui reviennent aux adultes", a indiqué Idrissa Sané.
Le président du Comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées en Guinée a fait savoir que cette rencontre est inscrite dans le plan d’action globale 2020 de son organisation.
«Nous avons estimé qu’il fallait mettre en place ce cadre de concertation avec nos homologues de la Côte d’Ivoire vu le flux migratoire entre les deux pays. Nous avons voulu que toutes les actions que nous allons développer puissent être développées de concert avec nos homologues ivoiriens. C’est ce qui fait que nous avons sollicité auprès du bureau sous régional du projet à Abidjan, la création de ce cadre de concertation d’échange et de dialogue avec la Côte d’Ivoire pour que nous puissions définir les stratégies qu’il faut pour mettre fin à la traite transfrontalière entre nos deux pays », a expliqué Aboubacar Sidiki Camara.
De son côté, le secrétaire exécutif du Comité interministériel de la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants en Côte d’Ivoire a exprimé sa satisfaction de participer à cet atelier. Pour Dr N’Guettia Martin, la traite des personnes est un phénomène transfrontalier qui nécessite l’implication de tous afin de trouver des solutions pour endiguer ce fléau.
«C’est une problématique importante qui relève du domaine des droits de l’homme pour lesquels nos deux Etats sont vraiment engagés de travailler de sorte de pouvoir éradiquer ce phénomène. Ce sont des phénomènes transfrontaliers. Il faut absolument que nous réussissions à mutualiser nos efforts, à développer la coopération sous régionale, la coopération bilatérale entre nos différents pays pour pouvoir partager les bonnes pratiques, des solutions de sorte à pouvoir proposer des solutions idoines pour freiner ce phénomène qui touche les droits de l’homme et gâche la vie des beaucoup de nos concitoyens», a expliqué M. Guettia.
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tél. : (00224) 666 134 023
Créé le 13 janvier 2021 13:52Nous vous proposons aussi
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