Lola : Des interrogations sur la mort d’un chef chasseur dans la réserve des Monts Nimba…
LOLA-Le corps sans vie du président des chasseurs de Seringbala a été découvert dans la réserve de Biosphère des Monts Nimba, dans la préfecture de Lola. Marié à une femme et père de 5 enfants, Nèma Gamamy était allé chercher un gibier pour, dit-on, la fête du nouvel an. Mais le chef chasseur n’est plus revenu. Le président de la délégation spéciale de Bossou que nous avons pu interroger explique les circonstances dans lesquelles, ce chasseur a disparu dans la réserve.
“Le 1er janvier, ils nous ont appelé, nous informant que sa femme est allée voir le président du district de Seringbala, pour lui dire que son mari est allé à la recherche du gibier pour la fête. Il est parti lundi, mais habituellement, il ne passe pas la nuit. Mais cette fois, il a fait lundi et mardi, sans y retourner. C’est en ce moment que sa femme est venue informer le président du district le mercredi matin. Quand celui-ci a reçu l’information, il nous a appelé. Nous sommes allés là-bas le 1er janvier. Et nous leur avons demandé de mobiliser la jeunesse pour la recherche du concerné. Le jeudi à partir de 10 heures, il nous a rappelés pour nous informer de la découverte d’un corps dans la forêt. C’est ainsi que nous nous sommes déplacés avec le sous-préfet, les sages, les forces de l’ordre pour nous y rendre. Et nous avons retrouvé le corps dans la réserve des Monts Nimba. Sur les lieux, on nous a fait comprendre que sa mort était due à un accident”, relate Michel Gomada Koïba, président de la délégation spéciale de Bossou.
Le chasseur serait mort par suite d’accident apprend-t-on. Après, les premières investigations, le constat révèle qu’une balle était logée dans la poitrine gauche de la victime.
“C’est à la veille de la fête de fin d’année, qu’un citoyen de Bossou m’a appelé pour me dire qu’ils ont perdu leur frère. Il m’a dit que c’est un chasseur, mais depuis qu’il est parti à la chasse on ne l’a pas retrouvé. Il m’a demandé si nous n’avions pas mis aux arrêts un braconnier. Je lui ai répondu par la négative. Après lui, il y a le président du comité villageois de surveillance qui m’a aussi appelé pour me poser les mêmes questions. Je crois que les parents se sont mis à la recherche, et deux jours après, ils m’ont appelé pour dire qu’ils ont retrouvé le corps. Donc nous avons dépêché une mission en l’occurrence les chefs de poste de Thuo, afin d’aller faire des investigations. Ils ont trouvé sur place le sous-préfet, le président de la délégation spéciale de Bossou, le commissaire de police, la gendarmerie et le commandant du camp de Thuo.
Avec la population, ils se sont rendus sur les lieux, pour constater les faits. Sur place, ils ont tiré quelques conclusions. C’est que la personne s’est tuée par accident. Parce qu’il a été retrouvé sur un rocher, le sac et son téléphone étaient déposés à côté. Ils ont constaté qu’une balle de son propre fusil l’a atteint à la poitrine gauche et que toutes les balles étaient logées au même endroit. Les gens ont dit que c’était certes par inattention puisqu’il était le président des chasseurs. Certainement l’arme s’est déclenchée par inattention pour le tuer. Ce sont les premières hypothèses qui ont été tirées. Après le constat son corps a été transporté vers sa plantation”, soutient le Lieutenant Maoro Zoumanigui, conservateur en chef des Monts Nimba.
Le conservateur en chef de la nature dénonce un braconnage dans la réserve des Monts Nimba exercé par des réfractaires qui font souvent la sourde oreille pour intégrer la forêt en échappant à la vigilance des autorités de la place. C’est le cas par exemple de la victime qui avait un campement juste à proximité de la réserve.
“Il a un campement qui n’est pas loin de la réserve. Donc il profitait de son campement pour rentrer faire la chasse dans la réserve. Nous sommes en train d’œuvrer pour que la chasse s’arrête. Mais de part et d’autre, il y a des gens qui s’entêtent à nous contourner et entrer dans la réserve. Sinon, nous avons mis en place des structures de veille en dehors de la surveillance continue que les agents sont en train de faire. L’année dernière nous étions avec la brigade mobile préfectorale, qui nous aidait à traduire les dossiers de ces délinquants vers la justice”, martèle Lieutenant Zoumanigui.
“Nous sommes là pour appliquer la Loi. Mais avec nos citoyens, c’est un peu difficile. Ils savent que la chasse est interdite dans la réserve, mais c’est compliqué avec les habitants”, ajoute le président de la délégation spéciale de Bossou.
Dans les forêts des Monts Nimba, classées patrimoine mondial par l’UNESCO, au moins 50 cours d’eau ont pris leurs sources. Elles sont aussi un refuge pour environ 317 espèces de vertébrés dont 107 mammifères, 2500 espèces d’invertébrés et plus de 2000 espèces de plantes vasculaires endémiques ou quasi endémiques.
A suivre !
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Correspondant Régional d’Africaguinee.com
A Nzérékoré.
Tél. (00224) 628 80 17 43
Créé le 10 janvier 2025 08:13Nous vous proposons aussi
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