Les révélations du Ministre Mory Condé : « Pourquoi le site de Maférenyah a été déclassé… »

CONAKRY-Dans un entretien accordé à Africaguinee.com, le Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, chargé de la récupération des domaines spoliés de l’Etat a apporté des précisions sur le déclassement du site destiné initialement à la construction d’un aéroport international à Maférenyah. Mory Condé revient également sur d’autres chantiers engagés par l’État et la construction de la résidence présidentielle à Tougué. Entretien exclusif !

 

AFRICAGUINEE.COM : Le 21 février dernier, sur votre proposition, le Président Mamadi Doumbouya a déclassé un domaine 6.429 hectares destiné initialement à la construction d’un aéroport international à Maférenyah. Quelles sont les raisons M. le Ministre ?

MORY CONDE : Dans le cadre de l’urbanisation, on s’est rendu compte que cette zone-là est devenue quasiment habitée. Et auparavant, il n’y avait pas eu de dispositions spécifiques qui avaient été prises pour éviter une urbanisation sauvage dans la zone.

Maintenant, est-ce qu’il faut faire la réparation, garder les 6 000 hectares-là en l’état ou est-ce qu’il faut faire un travail qui respecte le règlement général d’urbanisation et déplacer l’aéroport ailleurs, -l’État déjà disposant de fonciers suffisants dans beaucoup d’autres localités- ? Donc, nous avons décidé d’aller sur l’option de déclassifier cette zone et en faire désormais un usage mixte. Ça peut être des habitations, des industries etc. en tout cas, tout ce qui concerne désormais la vie de la société, mais tout en respectant vraiment le règlement général de l’urbanisation.

Quant à l’aéroport, on a d’autres sites qui sont mitoyens entre Coyah, Dubréka et Kindia où nous avons toujours la possibilité de disposer de fonciers plus que les 6 000 hectares pour délocaliser un projet de construction d’un aéroport. Et aussi avec les investissements que le pays va connaitre dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement socio-économique Simandou 2040, aujourd’hui pour améliorer l’urbanisation de Conakry, il est obligatoire et urgent de créer des villes secondaires dans la périphérie de Conakry. Comme ça, les citoyens vont faire de nouvelles acquisitions de parcelles à des prix très bas avec une certaine sécurité foncière renforcée à travers des documents sécurisés désormais qu’ils vont recevoir après l’achat de ces terrains.

Quel est le but de tout ça ?

Cela va permettre de désengorger Conakry et l’État maintenant aura la possibilité vraiment de transformer la presqu’île de Kaloum jusqu’au niveau de Manéyah et de Kagbèlen en véritable capitale politique du pays. Donc, voici un peu entre autres les raisons qui nous ont amenées à proposer ce travail de déclassement.

Mais c’est un travail parti vraiment sur la base de profondes réflexions et de plusieurs travaux avec plusieurs acteurs qui interviennent dans le secteur foncier, à savoir les urbanistes, les experts géomètres, les ingénieurs, les aménagistes et les architectes…

Voulez-vous dire que c’est pour éviter un « Kaporo-bis » que cette décision a été prise ?

Très bien. L’idée, c’est pour éviter un Kaporo-bis parce que la réalité aujourd’hui est que des citoyens, par la complicité de certains commis de l’État, ont déjà fait des acquisitions dans cette zone. Tandis que c’est une zone de l’État. Donc, une fois déclassée, moi je vais faire un travail qu’on appelle la régularisation. Les citoyens qui sont illégalement installés, on va leur donner des documents sécurisés, des documents fonciers, mais ils vont se régulariser au trésor en payant les montants correspondants à leur installation au trésor.

Donc, premièrement, ça favorise la mobilisation des ressources financières, deuxièmement, ça permet aussi de régler la question de sécurité foncière qui est un problème majeur dans notre pays. En tant qu’autorité de l’habitat, on a l’obligation, lorsque les citoyens mettent leurs ressources pour l’acquisition du foncier, qu’on puisse leur offrir une certaine garantie, une certaine sécurité foncière pour ne pas perdre leur investissement. Donc il y a ce côté-là aussi.

L’autre côté, c’est d’éviter aussi demain de faire la sourde-oreille. Tout le monde sait que depuis cette zone-là est quasiment habitée. C’est de dire que non, il y a un titre foncier dont l’État dispose pour venir après casser. Parc que ça crée un autre Kaporo-bis dans la zone. Et comme vous le savez, depuis la prise de responsabilité de l’Armée, le Gouvernement sous la direction de son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, on s’est inscrit dans la logique de la réparation des injustices foncières que les citoyens ont connues. Donc, ça ne sert à rien que nous-mêmes, nous soyons acteurs de cette injustice.

Le Gouvernement est dans une dynamique tous azimuts de lancement de projets infrastructurels, visant à doter dix villes du pays de cités administratives. Quelle garantie pourriez-vous donner que ces chantier-là ne vont pas se limiter à la simple action de poses de premières pierres, comme c’est souvent le cas en Guinée ?

Je l’ai toujours dit. Vous ne me verrez jamais dans les poses de première pierre à tout-va. Parce que je ne vais jamais m’engager à lancer des constructions d’infrastructures…comme ça. Je m’engagerai que lorsque j’ai les ressources financières nécessaires pour pouvoir conduire le chantier à bout.

Nous avons lancé un programme de reconstruction de toutes les cités administratives des 33 préfectures de la Guinée, mais pour le moment, les ressources que nous avons pu mobiliser au niveau des services financiers, au niveau du ministère des Finances, à travers la direction nationale des investissements publics et au niveau du Budget, c’est pour 10 préfectures. C’est pour cela que nous avons fait le choix d’engager le lancement de la phase 1 qui concerne les préfectures de N’zérékoré, de Faranah, de Guékédou, de Siguiri, de Kankan, de Labé, de Coyah, de Dubréka, de Forékariah de Boké et à Coronthie (Kaloum).

Lorsque nous aurons aussi des ressources pour les 23 autres cités ou bien pour 10 autres cités, nous allons faire un choix des 10 autres préfectures en fonction des critères et le nombre de fonctionnaires ainsi de suite pour lancer les travaux. Donc, c’est pour vous dire que les chantiers que nous avons lancés arriveront à bout et nous allons les inaugurer dans les 12 mois et ils seront mis à la disposition des gouverneurs et préfets afin de pouvoir loger les agents de l’État.

A Tougué, on vous a vu aux côtés du Premier ministre, en train de donner le coup d’envoi des travaux de construction de la résidence présidentielle Mamadi Doumbouya. Parlez-nous en !

Oui, comme vous le savez, les citoyens de Tougué ont eu le courage, après avoir fait un processus d’aménagement des domaines qui revenaient à un certain nombre d’acteurs dans la ville. Ils ont pris le soin de donner une partie au chef de l’État et cette remise a été faite au M. le Premier ministre, chef du gouvernement, qui a rendu compte au chef de l’État. Le chef de l’État a été très touché par ce geste des ressortissants de Tougué et il a pris la décision d’y construire sa résidence présidentielle. Comme pour dire désormais, il fait partie des citoyens de Tougué, comme moi, dans cette localité.

A suivre !

 

Entretien réalisé par Boubacar 1 DIALLO

Pour Africaguinee.com

Créé le 24 février 2025 07:14

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