Les révélations de Amadou Damaro Camara : ‘’Comment j’ai acquis mes biens…’’
CONAKRY-Ce sont des révélations qui jettent la lumière sur l’étendue et l’origine des biens appartenant à l’ancien Président de l’Assemblée Nationale. Poursuivi devant la CRIEF pour des faits présumés de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité », Amadou Damaro Camara a expliqué au détail près comment il a acquis ses biens. Révélations !
Enrichissement illicite…
« Je suis rentré de Roumanie en 1979, j’ai travaillé à la Banque Centrale jusqu’en 1985, j’ai été arrêté pendant le ‘’complot ou le coup d’Etat manqué de Diarra Traoré’’. J’ai été détenu pendant 3 ans et demi. A ma sortie, je n’étais plus éligible à la fonction publique malgré la demande de certains ministres. Je n’étais pas condamné mais c’est un peu la tradition de notre pays, tout ce qui est politique si tu n’es pas du bord, tu n’as rien. Après ça qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai dû vendre quelques biens de famille de ce que ma maman avait pour pouvoir fonder une banque avec des partenaires américains. Cette banque devrait être en 1992-1993-1994 la 4ème banque privée en Guinée. Après la BICIGUI, Orabank, la Société Générale, c’était la First American Bank of Guinea. L’actuel siège principal de la Banque Centrale, c’est mon équipe qui l’a mis dans cet état, on nous a donné l’agrément et le bâtiment mais on ne nous a jamais autorisé à démarrer les opérations.
A mon corps défendant, quand ce projet a été boycotté, j’ai pris l’hôtel Kaloum pour en faire un hôtel moderne et quand on l’a cassé c’est nous qui avions avec Salim Doukouré le malien et feu Elhadj Abdourahmane Chérif mis cet hôtel dans cet état et ça aussi on a eu toutes les difficultés à le faire démarrer. A chaque remaniement (ministériel ndlr) le ministre de l’urbanisme demandait dans notre convention et disait toujours qu’il y avait une virgule quelque part qui n’était à sa place. Finalement, j’ai quitté en 1996 pour déménager pratiquement avec mes huit (8) enfants aux Etats-Unis. J’y ai travaillé jusqu’en mars 2010 quand j’ai été coopté pour être membre du CNT.
Membre du CNT jusqu’à décembre 2013, j’étais candidat aux élections législatives et j’ai été élu. Je suis resté député pendant les 6 ans de la 8ème législature. J’avais mes revenus, mais mon salaire de député, les 900 millions Gnf c’est-à-dire 15 millions par mois pendant 6 ans, je les ai utilisés pour casser l’école primaire de Kérouanè où j’ai fait mes premiers pas à l’école et la reconstruire dans son style colonial. Cela est vérifiable. J’ai été aidé par deux autres ressortissants de la préfecture pour faire la totalité de l’école primaire. C’est ça ma vision de service public, je n’ai jamais géré un fonds public en Guinée depuis que j’ai quitté la Banque Centrale il y a 38 ans et 15 de ces années j’étais aux Etats-Unis ».
Poursuivi pour ‘’blanchiment des capitaux’’, l’ancien président de l’assemblée nationale a fait savoir à la CRIEF que depuis qu’il a quitté la BCRG en 1985, il évoluait dans le privé jusqu’en 2010 date à la quelle il a fait son entrée au CNT.
« Depuis que j’ai quitté la Banque Centrale en 1985, j’ai évolué dans le privé, dans le transport, dans l’agriculture. En 2021-2022 sans trop peut-être de modestie je ne connais personne qui a produit autant du riz que moi de Kindia à Yomou, c’est ce que je sais faire. Ensuite j’ai travaillé pendant 15 ans dans l’industrie automobile aux Etats-Unis et j’avais une société, vous pouvez aller sur internet, Damaro trucking ce que c’est. C‘est le nom de ma société de transport de remorques. Il y a un moment donné c’était jusqu’à des dizaines de remorques.
C’est une partie de ça que j’ai vendu et reconverti quand je suis venu ici, j’ai décidé donc de rentrer avec le CNT et me je suis lancé dans la course à la députation. J’ai acheté quelques bennes pour le transport de la bauxite à Boké et quand mon fils est rentré je ne pouvais plus suivre, il a pris la société, moi je n’avais que 6 camions bennes, il a pris des dettes à Afriland Bank, à la banque islamique et il a acheté jusqu’à 25 camions et il a continué le transport.
Aussi, j’ai une pension aux Etats-Unis. Une opportunité spécifique dans ce pays, ce que j’ai eu un patron qui avait 704 points de ventes de véhicules et chacun vendait en moyenne 124 000 véhicules par an. Il m’a suivi et m’a demandé un contrat de 10 ans sans interruption et chaque contribution à la sécurité sociale que je faisais de 100 dollars lui il mettait 200 dollars, si je mets 1000 dollars, lui il mettait 2000 dollars de telle manière que si je travaille 10 ans c’est comme si j’ai contribué pendant 30 ans et cela m’assure une certaine retraite avec laquelle je vis. En tant qu’étudiant, j’ai acheté ma première maison ici en 1976 que je louais 8000 dollars l’année à des européens ».
Parlant de ses maisons, Amadou Damaro Camara affirme avoir des concessions à Matoto, à la Minière (confisqué par le CNRD après le coup d’Etat du 5 septembre 2021 ndlr), à Kérouanè et la maison familiale de son père à N’zérékoré.
« J’ai une concession que j’ai commencé en 1993 à Matoto et elle n’est toujours pas terminée. J’avais la concession de la Minière que j’ai commencé à construire depuis que j’étais aux Etats-Unis avec la permission et l’autorisation du service du patrimoine bâti et quand je suis venu pendant que j’étais au CNT, mes économies avec lesquelles je suis venu des USA, j’ai demandé à faire un bail de 65 ans et j’ai investi un peu plus de 3 milliards, c’est de là-bas qu’on m’a expulsé en 12h sans préavis. On m’a dit le samedi à 11h de libérer avant dimanche à 8h ce qui a été fait.
J’ai une concession inachevée aussi à Kankan, j’ai une maison à Kérouanè et la maison familiale, la construction de mon père avec la contribution de tout le monde à N’zérékoré. Donc chacune des maisons a été construite avec l’apport des épouses, des enfant. J’en ai sur les 13, 8 qui sont universitaires et qui travaillent et aucun n’est à la fonction publique. Donc mes sources (de revenues ndlr) ne sont pas étatiques ni publiques et ne sont pas d’origine criminelles ».
Oumar Bady Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel : (00224) 666 134 023
Créé le 12 octobre 2023 10:40Nous vous proposons aussi
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