Les milliards « reçus » pour le soutien au CNRD, sa carrière, son single controversé : Singleton brise le silence et surprend…
CONAKRY-Le public mélomane guinéen a découvert Mohamed Seydou Bangoura alias Singleton en 2011. Celui qui se fait appeler la « machine du Dance hall » s’est imposé dans l’arène de la musique urbaine dès son premier album et son tube « moto taxi« . Depuis, les succès se sont multipliés dans la carrière musicale de Singleton, confirmant son statut de tête d’affiche du dance-hall made in Guinea.
Ces derniers temps, l’artiste occupe plus le devant de la scène, faisant ainsi l’objet de vives polémiques et de critiques acerbes pour ses chansons et prises de parole controversées et surtout pour sa défense du président de la transition. Mais c’est un artiste qui s’assume pleinement et qui n’est pas prêt à la moindre concession que nous avons rencontrée. La « machine » à tube a bien l’intention de « broyer » ses détracteurs à travers sa musique. Africaguinee.com vous propose une interview sans tabou du « king » du dance hall guinéen. Excellente lecture
AFRICAGUINEE.COM : On connaît l’artiste Singleton mais qui êtes-vous en dehors réellement dans l’autre vie à part celle d’artiste ?
Mohamed Seydou Bangoura « Singleton » : À l’État civil, je suis Mohamed Seydou Bangoura. Communément appelé Singleton, je suis artiste reggae dance-hall, marié et père de plusieurs enfants. J’ai été piqué par le virus de la rue que j’appelle musique dans les années 90 -2000 quand je faisais encore le collège Koloma à travers les quelques fréquentations. Voilà d’où tout est parti
En quelle année avez-vous sorti votre premier album ?
Mon premier album est sorti en février 2011 avec la maison de production de Benedi Records. L’album s’appelle Gnakri dance hall et le titre phare est « Moto Taxi »
Pourquoi avez-vous choisi le Dance hall ?
Le dance-hall est un genre de musique qui s’attaque au cœur des gens. Au début, les guinéens ne le connaissaient pas, surtout le grand public. Il n’avait pas d’idée sur ce genre de musique que J’ai popularisé en 2011. J’ai fait que beaucoup l’ont découvert.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vos chansons véhiculent des messages « vulgaires »?
Mes chansons sont tellement éducatives ! Vous savez, chacun à sa manière de comprendre un artiste. Il y a toujours une de ses chansons qui a un impact sur les gens et qui fait qu’ils le retiennent. Par exemple, il y en a qui ont découvert Singleton à travers la chanson « Moto taxi » parce qu’à travers cette chanson j’ai passé un message d’éducation afin de diminuer l’excès de vitesse souvent cité comme cause des accidents des motos taxis. D’autres aussi à travers ma chanson « I balanhi di Iki » c’est une chanson à plaisanterie, à cousinage et « sanakouya ». D’autres également à travers « Il a mangé fokhè Bandè » et ça c’est pour les élèves qui ne prennent pas les études au sérieux. Donc, il y a tellement de messages mais les gens retiennent souvent la chanson qui les impacte le plus.
Ce n’est pas que le dance-hall est un genre musical qui s’intéresse à la vulgarité. Ce n’est pas moi qui ai créé le dance hall. Il vient de la Jamaïque. Vous même vous savez quand on parle de reggae ce sont des styles qui amusent. Donc quand on parle du dancehall aussi qui crée de l’ambiance chez les gens et les dé-stresse. Le dance hall fait bouger, il aide à revendiquer et fait passer des messages. C’est cela dans la plupart de mes tubes qui ont été populaires, ce sont des musiques dansantes.
C’est comme l’une des chansons de mon dernier album qui est le faucon rouge et la chanson la plus remarquée est « Golo Guémé ». C’est elle que beaucoup prennent pour qualifier Singleton d’artiste vulgaire. Non je ne suis pas vulgaire mais je passe plutôt des messages qui conscientisent.
Parlez-nous de cette chanson intitulée « Golo guèmè ». Quel message avez-vous voulu passer à travers elle ?
Dans le mot « Golo Guémé », il y a deux (2) autres mots « Golo » qui signifie testicules et « Guemé » qui signifie cailloux. Donc, c’est une façon de répondre à un certain public, parce que c’est un message à double tranchant. Quand j’ai chanté pour le président de la transition, et d’ailleurs dans ma carrière c’est la première fois que je chante pour un président. J’ai chanté pour le président parce que je suis aussi un citoyen et cette fois ci j’ai vu que nous avons un président jeune, engagé et qui a beaucoup de bonnes intentions et de grandes ambitions pour l’évolution de notre pays. Je pense que c’est normal, j’agis en tant que guinéen et quand j’ai chanté cette chanson, il y a eu des blogueurs que je n’ai jamais connu auparavant comme Damaro, Benito qui m’ont attaqué directement et ils ont passé des semaines sur moi. En tant qu’artiste j’ai trouvé ce slogan pour les décrédibiliser parce que ce sont des gens qui font des vidéos ; parce qu’ils vivent de ces vidéos et quand ils mettent des vidéos cela leur génère un peu d’argent et sans limite ils font des vidéos pour insulter les gens. Ils n’ont pas le monopole d’insulter les gens. Après, j’ai fouillé pour savoir qui sont ces gens et j’ai chanté cette chanson, et même leurs enfants vont chanter en les insultant.
Après avoir sorti ce single vous avez été convoqué à l’OPROGEM pour atteinte à la pudeur. Dites-nous concrètement ce que les officiers de l’OPROGEM vous avaient dit ?
Ce qui s’est passé à l’OPROGEM n’est pas important. « Golo Guémé » est un genre de musique qui n’a pas été enregistré au Bureau Guinéen des Droits d’Auteurs (BGDA). Parce que c’est quelqu’un qui m’a insulté et j’ai répliqué. Je ne peux pas vivre de cette musique et elle ne peut pas non plus me générer de l’argent parce que la Guinée est un pays de loi. Même à la longue cette chanson ne peut pas me servir. Sinon toutes les autres musiques que je chante je suis payé par le BGDA. C’est normal que je sois convoqué à l’OPROGEM pour me dire certaines choses que je ne savais pas et surtout pour me dire que cela ne se reproduise plus.
Si je n’ai pas été sanctionné par l’OPROGEM ça n’a rien à voir avec le gouvernement parce que quand j’ai même chanté pour le président personne ne m’a proposé dix (10) francs. C’est un engagement citoyen. C’est comme si un autre citoyen guinéen se levait pour dire je vais nettoyer l’axe Bambeto, Hamdallaye jusqu’à Cosa. Donc, c’est normal ce qu’ils pensent. Alors que tous les guinéens sont protégés par le président de la République parce que c’est le devoir du gouvernement. Singleton n’a aucune particularité pour dire que le gouvernement me protège. En quoi va-t-on me protéger ? Je ne sais pas. Sinon il y a tellement de Guinéens qui sortent dans les rues pour manifester ou insulter le président, qui trouble la quiétude sociale et que rien ne se passe. On peut insulter le gouvernement ça passe mais moi, si tu m’insultes je paie cash parce que je ne suis pas un gouvernement. Damaro et Benito m’ont insulté quand j’ai chanté pour les acquis du président et personne ne leur a dit d’arrêter mais dès que j’ai fait ma réplique les gens ont parlé.
Mais il y en a qui disent que cette chanson n’est pas la vôtre. Le concept appartient plutôt à feu Navigator. Dites-nous la vérité aujourd’hui…
Au début ils ont dit que Singleton est un vendu et il a été payé par l’État pour chanter cette chanson et comme ça n’a pas marché, ils ont dit encore que j’ai insulté le public guinéen et après encore ils disent que j’ai chanté la chanson de feu Navigator. Déjà Golo et Gueme, c’est un composé de mots qui a existé bien avant qu’on ne vienne au monde, Navigator et moi. C’est un mot soussou qui n’a pas été créé par quelqu’un. Guémé veut dire cailloux et Golo signifie testicules. C’est comme si on disait l’amour cela a été utilisé par des milliers d’artistes. Je n’ai rien à dire à ceux qui disent que j’ai repris la musique de Navigator. Ils veulent juste s’amuser. Je n’ai pas imité Navigator.
Ces derniers temps vous êtes assez présent sur les réseaux sociaux pour défendre le président de la transition et le projet Simandou 2040, beaucoup vous critiquent pour cela. Comment réagissez-vous ?
Aujourd’hui, il y’a un problème en Guinée. Dès que tu commences à parler de la Guinée positivement, il y a un groupe d’individus qui te traitent de vendu de méchant et de quelqu’un qui a pris de l’argent avec le gouvernement. Et c’est ce que certains politiciens essayent d’ancrer dans la tête des guinéens. Pourtant c’est être traître de la nation si on ne se bat pas pour son pays. Si le projet Simandou commence aujourd’hui est-ce qu’ils savent combien de guinéens vont y trouver de l’emploi. Parce que ce ne sont pas des sénégalais ou des maliens qui vont venir travailler et tout ce que cela va générer c’est pour la Guinée.
Nous voyons aujourd’hui que le président a des bonnes intentions pour notre pays et aujourd’hui nous avons un bon président. Aucun artiste n’a été associé au projet Simandou 2040. Moi j’ai mis ma musique au service de la nation. Beaucoup de personnes me disent singleton ta carrière. La Guinée vaut mieux que ma carrière et je ne regrette pas tout ce que je suis en train de faire aujourd’hui pour la Guinée. J’ai payé le studio, le clip, les danseurs, les tenues et je me suis déplacé jusqu’à Beyla c’est avec mon argent et même les acquis du président de la république pour lesquels j’ai chanté, c’est avec mon argent. Si un artiste veut faire comme moi avec le projet simandou 2040 s’il attend de l’argent c’est que, ce n’est pas un guinéen.
Combien de milliards de francs guinéens avez-vous reçu pour avoir chanté pour le Général Mamadi Doumbouya et la promotion de ses actions ?
Je peux mettre ma main sur le coran en tant que musulman, je n’ai rien reçu pour chanter Simandou. Mais plutôt, j’ai pris sur mon propre argent pour faire tout ça. Et même pour la communication du président rien absolument rien. Je vous le jure. Et je n’ai rien reçu de qui que ce soit pour dire : singleton va faire ce travail.
Est-ce que le Général Mamadi Doumbouya a rencontré son homonyme, votre fils ?
Il n’y a aucun lien parental qui me lie au président mais dès que j’ai eu mon enfant j’ai dit à ma femme que je voudrais donner le nom de mon enfant au président de la transition. Elle m’a répondu avec surprise : tu rigoles ? Mais elle ne s’est pas opposée. Jusqu’à présent le président de la transition n’a pas rencontré son homonyme. Sinon, deux (2) jours après le baptême on avait reçu un appel de la présidence pour aller rencontrer son homonyme mais quand on est venu, il était fatigué ce jour-là et on nous a dit de rester en ligne et depuis lors. Mais à la base je n’ai pas fait ça pour forcément rencontrer le président de la transition mais je l’ai fait parce que c’est un homme qui a des bonnes intentions pour la nation et je suis fier d’avoir donné le nom de mon enfant à ce président et c’est quelque chose qui va rester dans l’histoire.
Nous apprenons tout de même que votre fils est totalement pris en charge par son homonyme, le Général Mamadi Doumbouya. Vous le confirmez ?
Mon fils n’est pas pris en charge par son homonyme. Ce n’est pas vrai et jusqu’à présent mon fils n’a pas rencontré son homonyme, le président Doumbouya. Et ce n’est pas mon objectif. Parce que mon objectif est qu’il travaille bien car je suis un citoyen convaincu de ce président et je sais qu’il va amener la Guinée très loin. On ne donne pas le nom de son enfant pour un geste mais plutôt pour la valeur que cette personne incarne. Parce qu’en un laps de temps il a réussi à faire quelque chose de grand. C’est un homme de valeur c’est pourquoi je lui ai donné le nom de mon fils. Si c’était pour quelque chose j’allais me plaindre sur internet. C’est pourquoi jusqu’à aujourd’hui je n’ai même pas cherché à rencontrer le président pour dire que ton homonyme est là et je n’ai même pas cette ambition.
Qui est votre parrain au sein du CNRD ?
Personne ! Je ne connais personne particulièrement. Pour preuve après la sortie de mon album je suis allé voir des ministres qui ne m’ont pas donné le temps mais d’autres ont acheté l’album. Je n’ai aucune relation personnelle à la présidence. Je n’ai pas de parrain au sein du CNRD je ne connais personne et tout ce que je fais, je le fais parce que je suis un citoyen convaincu et je suis l’artiste du moment. Car ma chanson tourne plus que celles de tous les artistes guinéens et je suis le plus cher des cachets. C’est avec l’argent que je gagne quand je fais mes tournées que je tiens ma famille et réalise mes projets.
A part la musique exercez-vous une autre activité ?
Je suis agriculteur. Cela fait presque sept (7) ans que je suis agriculteur et je vis cela. Je fais du piment, du gombo, du manioc et de la pastèque dans mon village à Samandou dans la préfecture de Forécariah, sous-préfecture de Benty et il y a trois (3) ans j’avais été victime d’incendie de mes plantations et personne ne m’avait accompagné pour me reconstruire. Seul le gouvernement a volé à mon secours. Parce que pour la première fois en Guinée, on voit un artiste agriculteur.
Quels sont vos projets dans le futur ?
J’aimerai être un papa tranquille dans mon village avec un manoir et une guitare avec mes enfants. Pour la relève mes enfants et moi sont tranquilles et ils sont libres de faire ce qu’ils veulent en tout cas que cela soit quelque chose de sérieux. Je ne dirais pas qu’un de mes enfants devienne artistes… Je travaille pour que je sois libre demain. Je n’ai pas beaucoup de réalisations mais je me débrouille et je n’aime pas en parler maintenant.
Que pensez-vous du mariage des artistes de nos jours car il y a trop de divorces ?
Je ne sais pas sur quelle base les gens se mettent ensemble parce que le mariage dans la religion musulmane, c’est quelque chose de sacré et on ne se marie pas pour s’amuser. C’est une relation très sacrée chez Dieu. Je ne sais pas sur quelle base les gens se marient. Il y a beaucoup d’artistes guinéens qui se sont mariés et qui montrent aux gens ce qu’on veut. Que le public sache et je pense qu’il y’a des choses qui ne doivent pas sortir de la maison et on ne doit pas s’amuser à mettre tout sur les réseaux sociaux. Parce que quand vous donnez l’opportunité aux gens de se mettre dans votre couple ils vont le faire. Par exemple moi j’ai eu la chance d’avoir une femme qui n’a pas d’ambition extravagante ou démesurée … mais avec les artistes qui divorcent aujourd’hui je ne sais ce qui est arrivé et je ne cherche pas d’ailleurs parce que ce ne sont pas des enfants. Un artiste c’est quelqu’un qui donne des messages aux gens et comment peux-tu passer un message aux gens si toi-même tu n’es pas instruit.
Que répondez-vous à vos détracteurs ?
Ma mère et mes sœurs m’ont même appelé très contente il n’y a pas longtemps pour dire que j’ai reçu une voiture de la part du président Doumbouya. J’ai dit ce n’est pas vrai. Les gens racontent tellement de choses, certains même m’appellent pour me dire de les aider à rencontrer le président ou les gens du gouvernement comme Amara. Je ne travaille pas dans le gouvernement et je suis un simple artiste et citoyen. Les gens pensent, s’imaginent et se créent même des idées dans leurs têtes. Parce que j’ai même entendu dire que j’ai même reçu trois (3) milliards et il a reçu une maison…
Tout ce que les gens pensent je les laisse avec le fruit de leur imagination mais ce n’est pas vrai. Moi l’argent n’est pas important chez moi. Le plus important c’est la valeur humaine. Dire que Singleton a reçu de l’argent aujourd’hui, c’est archi faux.
Un message à l’endroit des jeunes ?
Je demande à la jeunesse guinéenne de travailler, tout le monde ne peut pas aller à l’école pour travailler dans un bureau. Il faut entreprendre pour que les gens travaillent pour vous. Moi singleton j’ai étudié dans des écoles publiques jusqu’à l’université et je n’ai pas eu la chance de terminer mes études de Droit parce que c’est à cette année que j’ai sorti mon premier album. J’ai fait Droit à l’université et j’avais vingt un (21) ans et je gagnais tellement d’argent, je n’avais plus le temps de terminer mes études. Quand j’ai sorti mon premier album je n’ai jamais pensé travailler pour qu’on me paie par mois. Aujourd’hui j’ai eu le courage d’aller au village travailler la terre et des gens travaillent pour moi.
Interview réalisée par Yayé Aïcha Barry
Pour Africaguinee.com
Créé le 22 décembre 2024 14:10Nous vous proposons aussi
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