Le plaidoyer des professionnels de la presse : « nous appelons à un nouveau départ dans les relations entre les médias et les autorités »

CONAKRY- Dans une déclaration conjointe lue ce samedi 3 mai 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les associations professionnelles des médias, ont appelé à un nouveau départ dans leur relation avec les autorités. Des rapports plutôt tendus depuis quelques mois.
Sur la note conjointe lue par Aboubacar Camara président de l’Urtelgui, au nom de ses pairs, les professionnels des médias se sont directement adressés aux autorités de la transition. Ils se disent prêts de soutenir des réformes en vue d’assurer une meilleure régulation du secteur.
« Informer dans un monde nouveau, L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et des médias« , c’est le thème retenu pour la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. En Guinée, cette célébration se fait dans un contexte particulier.
« Le 3 mai reste également une date symbolique pour rappeler que la liberté de la presse en Guinée est le fruit d’une lutte historique, menée avec courage par des journalistes et citoyens de valeur. Les avancées que nous célébrons aujourd’hui ont été obtenues au prix d’intimidations, d’emprisonnements, de brimades et parfois même d’agressions physiques. Cette conquête demeure fragile, car la construction démocratique est un processus continu. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant d’observer, parfois, des frictions entre le pouvoir et les médias.
Toutefois, les récents événements, marqués par des fermetures de médias consécutives à des dérapages, des manquements aux cahiers de charges ou des tensions ponctuelles, ont eu des conséquences dramatiques: la perte de centaines d’emplois et une chute de 25 places dans le classement mondial de Reporters Sans Frontières. Cette situation appelle une réponse rapide, concertée et durable.
Nous, associations de presse, réaffirmons notre volonté de défendre une presse libre, mais aussi responsable. C’est dans cet esprit que nous appelons à un nouveau départ dans les relations entre les médias et les autorités, fondé sur le dialogue, la confiance mutuelle et le respect de la loi« , ont exprimé les associations de presse.
Disparition de Marouane Camara, manque de fiancement en faveur des médias…
Les représentants des associations de presse ont mis l’occasion à profit pour interpeller les dirigeants sur la disparition de Habib Marouane Camara. Ils ont en outre évoqué les difficultés économiques auxquelles les entreprises de médias font face.

« Tout comme nous sollicitons un approfondissement des enquêtes sur la disparition de notre confrère Marouane Camara, introuvable depuis plusieurs mois, la transition politique en cours d’achèvement représente une opportunité historique pour moderniser notre cadre légal et l’adapter aux réalités actuelles« , a déclaré Aboubacar Camara, au nom de ses pairs.
Révision de la Loi organique sur la liberté de la presse
« Nous nous tenons prêts à contribuer activement à la révision de la Loi organique sur la liberté de la presse, afin d’assurer une meilleure régulation du secteur« , ont promis les représentants des associations de presse. Ils estiment que cette réforme devra notamment porter sur :
- La définition du statut et du régime fiscal des entreprises de presse, ainsi que leur accès au marché publicitaire;
- L’encadrement des contenus d’information sur Internet, y compris les réseaux sociaux;
- L’intégration dans la législation des nouveaux médias numériques, tels que les web radios et web télévisions, désormais incontournables dans le paysage médiatique;
- La revalorisation des moyens financiers octroyés aux médias privés et à la Maison de la Presse.
« Exposés à divers aléas pendant la collecte, le traitement et la diffusion de l’information, les professionnels des médias ne bénéficient plus, pour l’écrasante majorité, ni d’un traitement salarial décent encore moins d’une couverture sociale adéquate pour jouer avec plus d’efficacité leur rôle dans notre pays en pleine construction. Face à cette situation, l’avènement du Fonds d’Appui au Développement des Médias (FADEM) a tôt fait d’entretenir la flamme de l’espérance au sein de la corporation.
Mais, à ce jour, ce fonds n’est qu’un rêve qui tarde à se réaliser…Dans ce sens, les associations de presse lancent un appel solennel et pressant à l’endroit du gouvernement et de la HAC pour œuvrer au raffermissement de la liberté de la presse ainsi que l’indépendance des médias et des journalistes dans notre pays et l’opérationnalisation effective du FADEM pour l’amélioration des conditions de travail des professionnels des médias en Guinée« , ont-ils déclaré également.
Les associations de presse interpellent l’État sur sa mission de protéger cette liberté fondamentale et de garantir la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur métier.
Le 03 mai de chaque année, est un rendez-vous annuel de réflexions et de festivités à travers le monde. Considérée comme la journée mondiale de la liberté de la presse, cette date a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation de la 26ème session de la conférence générale de l’UNESCO de 1991. Son but est de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse.
Dansa Camara DC
Pour Africaguinee.com
Créé le 3 mai 2025 17:26