‘‘La planification familiale réduit de 32% la mortalité maternelle’’ dixit le Dr Mariama Ciré Camara
En Guinée, les indicateurs de santé maternelle et néonatale restent préoccupants. Selon l’EDS de 2018, le taux de décès maternel est estimé à 550 pour 100.000 naissances vivantes. Pour changer cette tendance, le gouvernement a décidé de renforcement l’investissement dans la planification familiale (PF). Selon de nombreux acteurs du secteur de la santé, l’utilisation des méthodes modernes de contraception favorise la lutte contre les décès maternels et néonatals.
Samedi 17 novembre 2020 – nous sommes à la Blue Ecoute, un centre qui offre des services PF aux jeunes et adolescents. Niché au cœur de Kaloum, ce centre est une réponse de l’Etat guinéen pour satisfaire les besoins des jeunes en matière de santé de la reproduction et de la planification familiale. Ce matin, quelques jeunes y viennent pour trouver des réponses à leurs interrogations. « Je voulais connaître les types de produits contraceptifs qui existent et ce que je peux utiliser » nous confie Alimatou Diallo, jeune femme de 22 ans à la sortie de la salle des soins de la Blue ecoute. « Je ne veux pas contracter de grossesse pour l’instant, on m’a conseillé que la contraception peut m’aider » ajoute – t – elle.
En effet, la planification familiale permet aux couples d’atteindre le nombre d’enfant souhaité tout en déterminant l’espacement de naissances. Elle contribue aussi à éviter les grossesses précoces et non désirées. Par ailleurs, la planification familiale reste un outil important pour éviter les risques de décès durant la grossesse et l’accouchement. Tout cela permet de réduire le nombre de femmes qui meurent en donnant la vie.
« J’ai ma sœur qui a failli mourir durant l’accouchement parce qu’elle avait observé seulement un an entre les deux grossesses. Aujourd’hui elle ne plus faire d’enfant à cause des complications » témoigne Mme Bangoura Aïssatou Camara, rencontrée au quartier Yimbaya dans la commune de Matoto. Selon toujours Mme Bangoura, la victime avait souhaité se planifier mais n’a pas pu parce que son mari s’y opposait.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 225 millions de femmes dans les pays en développement souhaiteraient retarder le moment d’avoir un enfant ou ne plus avoir d’enfants, mais n’utilisent aucun moyen de contraception. En Guinée, le pourcentage d’utilisatrice des méthodes modernes de contraception a nettement augmenté passant de 5 % en 2012 à 11 % en 2018. Malgré cette hausse significative, des femmes ont encore des besoins non satisfaits en PF.
Une situation due à plusieurs facteurs dont la méconnaissance de l’importance de la PF.
Madame Camara Foulematou, citoyenne rencontrée à Kaloum, nous affirme : « la planification Familiale, je trouve que ce n’est pas important parce que je connais mon cycle menstruel. C’est très facile pour moi de prendre mes repères, de savoir quels sont mes jours favorables et non favorables ». Des femmes aux hommes, les positions sur la connaissance de l’importance de la planification familiale demeurent floues et mitigées. « Ma femme et moi on s’est planifié parce qu’elle a accouché par césarienne et ils nous ont dit qu’il fallait attendre au minimum 1 an avant qu’elle contracte une nouvelle grossesse pour permettre la cicatrisation. Donc pour avoir des rapports avec elle, il fallait qu’on se planifie, donc c’est pour cette raison-là elle s’est planifiée » nous a confié Mamadou Lamine, un jeune marié. Les médecins recommandent un minimum de trois ans entre les enfants notamment quand l’accouchement fut fait par césarienne. Mais des témoignages des interlocuteurs rencontrés, il ressort qu’ils ne disposent pas toujours de l’information exacte sur l’importance et l’utilisation des méthodes contraceptives. « Comment peut – on comprendre l’importance d’une chose quand on n’a pas la bonne information » ? S’interroge un prestataire de santé qui a requis l’anonymat. Que faut-il retenir sur l’importance de la PF ? Selon le Docteur Dr André Toupou, Spécialiste de la Santé de la Reproduction à la Blue Ecoute de Kaloum, la PF permet à la femme de vivre après avoir donné la vie. « Sur le plan de la santé, ça permet à la femme de se reposer et récupérer son corps mais aussi de s’organiser financièrement afin de se préparer à gérer une prochaine grossesse » indique – t – il. Il poursuit en indiquant que « la planification à également un impact sur l’enfant car l’espacement permet à l’enfant de s’épanouir. Mais sa plus grande importance est son impact sur la lutte contre la mortalité maternelle, parce que si les grossesses sont rapprochées cela met en danger la vie de la femme pendant l’accouchement ». Propos confirmés par le Docteur Dr Mariama Ciré Camara, Chef division PF au Ministère de la Santé. « La planification familiale réduit d’au moins 32% les mortalité maternelle et ça réduit à 10% la mortalité infantile. Vous savez l’espacement idéal de la santé pour la grossesse, la femme doit faire un espacement d’au moins 2 ans entre chaque naissance. Cela veut dire qu’il faut le deuxième anniversaire de l’enfant pour penser à une autre grossesse. Lorsque les grossesses sont rapprochées, la femme va accumuler des problèmes de santé. »
A signaler que durant la période de 2012 à 2018, le pourcentage de demande satisfaite par des méthodes modernes de contraception, a nettement augmenté, passant de 16 % à 32 %. A signaler qu’en plus de la mortalité maternelle, la PF contribue également au développement durable d’un pays.
Hadiatou Yaya SALL
Créé le 18 décembre 2020 10:48Nous vous proposons aussi
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