L’interview « vérité » de Cellou Dalein : « Alpha Condé et sa police savent… »

Cellou Dalein Diallo, leader de l'UFDG

CONAKRY-Dans la troisième et dernière partie de l'interview "vérité" que Cellou Dalein Diallo nous a accordée, nous avons abordé des questions liées à la Gouvernance mais également de l'avenir de l'opposition. Au-delà des dénonciations dont il est coutumier, le leader de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée, expose sa vision et fait des propositions. Exclusif!!!
 

AFRICAGUINEE.COM : L'opposition est en déliquescence depuis le lendemain de la présidentielle. Comment la relancer à votre avis ?

CELLOU DALEIN DIALLO : L’opposition au pouvoir d’Alpha Condé est loin d’être en déliquescence.  Vous avez suivi les grandioses mobilisations contre le 3ème mandat et la ferveur populaire qui a soutenu le candidat de l’UFDG à la présidentielle et l’a conduit à la victoire. Les forces politiques et sociales qui la composent sont loin d’être évaporées. Elles sont bien présentes sur le terrain et continuent le combat contre le troisième mandat et la violation de nos lois.  Alpha Condé et sa police savent qu’elles représentent la majorité dans le pays et c’est pourquoi ils veillent à chaque instant pour entraver leurs droits de manifester en utilisant notamment les contraintes liées à la pandémie.  Mais soyez tranquille, les leaders des partis politiques hostiles au 3ème mandat sont des patriotes qui ont pleine conscience de la nécessité de se rassembler en vue d’endiguer contre vents et marées les dérives de la gouvernance autocratique d’Alpha Condé. 

Cellou Dalein Diallo ne cesse de dénoncer les "tares du régime" sur fond de révélations scandaleuses, dans les mines, les infrastructures routières etc. Qu'auriez-vous fait à la place de Alpha Condé ?

Le régime d’Alpha Condé est un régime d’échec. Les scandales dans les mines sur fond de népotisme ou dans les infrastructures avec des surfacturations et des rétro-commissions au profit du clan ne sont que la partie visible de l’iceberg. 

Le mal est bien plus profond : Alpha Condé, en mettant la main sur toutes les institutions pour asseoir son autocratie, a désorganisé l’État. Une fonction publique politisée et corrompue qui a perdu le sens du service public. Une justice inféodée qui a aliéné l’autonomie de ses décisions et le respect des justiciables. Des forces de l’ordre et de sécurité manipulées capables de délinquance pour maintenir Alpha Condé au pouvoir quel que soit le coût pour la vie humaine.

Dans ce désordre institutionnel plus propice à l’affairisme crapuleux et à la corruption quau développement, les politiques publiques sont peu efficaces. Ainsi pendant les 10 ans de ses deux mandats, Alpha Condé n’a construit aucune université, aucun hôpital. L’accès à l’électricité malgré des milliards de dollars engloutis dans ce secteur, est encore aléatoire dans la capitale et impossible dans plusieurs régions du pays. Et c’est pourquoi la Guinée est encore dans le rang des pays les plus pauvres.

Mais justement qu’auriez-vous fait à la place d’Alpha Condé ?

Cette situation ne tient pas de la fatalité. Elle doit changer. Mais seul un leadership exemplaire peut porter le sursaut du changement. C’est pourquoi, je ne cesse d’appeler de mes vœux la refondation de l’État par des réformes profondes de ses trois piliers : l’administration, la justice et les forces de défense et de sécurité. 

Une administration efficace, neutre et impartiale, débarrassée du favoritisme, du laxisme, et de la corruption, capable de délivrer des services de qualité aux citoyens et de créer et d’entretenir un climat des affaires rassurant pour les investisseurs.

Une justice indépendante et impartiale qui sera un recours sûr aussi bien pour les citoyens que pour les investisseurs et les entreprises.

Des forces de défense et de sécurité seulement au service de la République et de ses lois, inspirant le respect du citoyen et suscitant sa confiance en assurant sans discrimination leur mission de gardien de la sécurité de tous les Guinéens. Ces réformes profondes qui doivent nécessairement être engagées n’auront pas le cours tranquille d’un fleuve. Elles auront face à elles des résistances de tous ordres qui pourraient entraver, de façon consciente ou non, leur mise en œuvre. Mais ces résistances seront vaincues grâce à l’adhésion et au soutien des populations que la transparence et l’exemplarité des dirigeants ne manqueront pas de susciter.

Cet État refondé suffira-t-il à garantir de meilleures conditions de vie aux Guinéens?

C’est la réussite de ces réformes qui rendra possible l’unité de la nation et qui permettra de bâtir une Guinée en confiance et qui inspire confiance, une Guinée guérie de la plaie honteuse de l’ethnicisme et fière de se réconcilier avec elle-même. Bien entendu, les réformes ne se limiteront pas à la mise en place d’un État moderne et responsable. Mais c’est sur le socle de cet État exemplaire que se développera, dans l’harmonie, le vivre ensemble et le développement grâce à la mise en œuvre de politiques et de stratégies sectorielles capables d’induire le véritable changement dont les Guinéens ont besoin.

Le creuset de ce changement, c’est l’école. C’est pourquoi, après la refondation de l’État, l’éducation est la deuxième urgence à mettre en chantier avec la mission de forger dans notre jeunesse le culte du travail et le respect des valeurs de la République. Ainsi dès le primaire et à toutes les étapes, il sera inculqué le goût de l’effort, de la compétition et de la récompense. Le mérite et la probité exutoire de la facilité et de la malhonnêteté seront ainsi sanctifiés et des bourses seront accordées aux meilleurs pour permettre aussi à ceux qui sont issus de familles démunies de se hisser, par l’effort, au sommet de la société.

Dans cette nouvelle perspective consistant à préparer notre jeunesse à une plus grande rigueur morale et intellectuelle, il faut un enseignement de qualité. Il faut donc rendre le métier d’enseignant attractif en compétence en améliorant de façon significative le traitement et les conditions de travail.  C’est pourquoi pour réussir la grande œuvre de changement de notre société, il faudra que l’espace dédié à l’éducation reflète la priorité qui lui sera accordée.    

Votre mot de la fin ?

Je voudrais terminer par une exhortation au rassemblement et à la mobilisation. Le rassemblement pour mettre en échec la politique de division suscitée et encouragée par Alpha Condé consistant à opposer les ethnies les unes aux autres. Le rassemblement et la mobilisation de tous ceux qui veulent œuvrer à la refondation de l’État et à la promotion de la réconciliation, de la démocratie et de la bonne gouvernance.

J’invite tous mes compatriotes conscients des risques et menaces que la politique actuelle d’Alpha Condé fait peser sur ces valeurs à se mettre ensemble pour imposer le respect de nos droits et libertés.

 

Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 655 311 112

Créé le 17 mai 2021 12:53

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