Guemessoron(Kindia): La précarité des infrastructures de base plombe la vie des habitants…

Situé à 112 kilomètres de la ville de Kindia, le district de Guemessoron, relevant de la sous-préfecture de Linsan, fait face à une situation socio-économique critique. Privés d’infrastructures de base, ses habitants – majoritairement agriculteurs, pêcheurs et de confession musulmane – vivent dans une précarité qui semble ignorée des autorités.
Une localité au bord de l’oubli
Selon les sages du village, Guemessoron fut fondé avant la colonisation par Ferin Salé Sylla, accompagné de sa sœur Ferin Boula et de Boula Lala. Intégré à la sous-préfecture de Linsan depuis 2017 (après avoir longtemps dépendu de celle de Souguéta), ce district compte environ 500 habitants répartis entre une soixantaine de ménages. L’économie locale repose sur l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’artisanat et le petit commerce, soutenus par les eaux du fleuve Konkouré.
Éducation : une école abandonnée, des enfants sans avenir
Construite grâce à l’initiative communautaire avec l’appui du projet de construction du barrage hydroélectrique de Garafiri, l’école primaire de Guemessoron comprend cinq salles de classe, deux directions et un bloc sanitaire de trois cabines. Malheureusement, l’établissement est aujourd’hui dans un état de délabrement avancé.
Pire, aucun enseignant n’y est affecté depuis deux ans, suite au départ du dernier maître, non retenu à la fonction publique. Un fait que déplore Issiaga Sylla, vice-président du Conseil de district :« Nos enfants ne vont plus à l’école. L’unique enseignant a quitté son poste, et malgré nos multiples demandes aux autorités, aucun remplaçant n’a été affecté. Nous en appelons au Président de la République, au ministre de l’Éducation et à tous les hommes de bonne volonté pour nous venir en aide. L’avenir de nos enfants est en péril. »
Un cri de cœur partagé par les ressortissants du village, à l’image de Bafodé Camara, venu constater de visu l’état de l’école :« C’est une honte de voir que nos petits frères n’étudient plus. Nous demandons à la DPE de Kindia et aux bonnes volontés d’agir rapidement avant la prochaine rentrée scolaire. »
Lieu de culte : une mosquée vétuste et dangereuse
Unique lieu de prière pour les habitants de Guemessoron, la mosquée du village, construite en 1982 en terre battue, risque aujourd’hui de s’effondrer. Les murs fissurés et les plafonds affaissés rendent tout rassemblement risqué, notamment en saison des pluies.
Morlaye Cissé, conseiller religieux, sonne l’alerte : « Cette mosquée existe depuis avant notre naissance. Aujourd’hui, elle ne garantit plus la sécurité des fidèles. En période de pluie, il est presque impossible d’y prier. Nous en appelons aux autorités religieuses et aux mécènes pour la construction d’un nouveau lieu de culte. »
Santé : un centre sans eau, sans matériel, sans moyens
Inauguré en 2021, le poste de santé de Guemessoron, censé soulager les besoins sanitaires de la population, est confronté à des défis majeurs : absence d’eau potable, pas de salle ni de lit d’accouchement, ni d’électricité.
Marie Kolié, sage-femme du poste, témoigne avec amertume :« Il faut aller à plusieurs kilomètres pour chercher de l’eau. Nous n’avons pas de lit d’accouchement, pas de lumière la nuit. Je fais ce que je peux, mais sans équipement adéquat, chaque accouchement devient un risque pour la mère et l’enfant. »
Un cri d’alarme lancé aux autorités
Conscient de la gravité de la situation, le président du Conseil de district, Hamidou Barry, relaye les multiples sollicitations restées sans réponse : « Nous avons informé les autorités sous-préfectorales, notamment sur le manque d’enseignants. On nous a promis des affectations pour la prochaine rentrée, mais rien n’est encore concret. L’accès difficile à certains secteurs complique aussi l’envoi d’enseignants et de matériel. Pourtant, ces zones sont les plus productives. Nous demandons un appui urgent de l’État et des partenaires. »
Guemessoron est aujourd’hui à la croisée des chemins : entre espérance d’une prise en charge de ses besoins élémentaires et résignation face au silence des décideurs. L’appel des citoyens est unanime : une mobilisation rapide est indispensable pour garantir un avenir digne aux enfants, aux femmes et à l’ensemble des habitants de cette communauté oubliée.
Un reportage de Sayon Camara
Pour Africaguinee.com
Créé le 25 juin 2025 11:12