Kindia : A la découverte de la mystérieuse grotte de Sambaya et ses merveilles (2ème partie)

KINDIA- Agropastorale, Kindia est également une zone touristique. A Sambaya, un de ses quartiers périphériques, sont cachés une pierre qui ressemble à la tête de Ramsès 2 (pharaons d’Egypte), une chaise naturelle et d’autres objets de l’antiquité.

Dans cette deuxième livraison, notre guide Alpha Ousmane Sow nous plonge dans plusieurs autres merveilles.

Cette-fois ci, nous sommes à Sambaya Takoui, quartier éponyme. Le train y passait à une certaine époque, malheureusement les rails ont été démontés par des inconnus, déplore le géologue.

« Ce sont des traces de burin et de picasses. Cette terre a été creusée à la main. Les mêmes traces sont visibles de l’autre côté. Cette partie était une colline. C’est dommage que les rails soient enlevés. Sinon c’est l’histoire de la Guinée mais l’État est toujours absent. Tout ce sable-là provient d’ici. On a creusé ici pour faire passer le chemin de fer qui continue jusqu’en ville, vers Caravansérail ; de l’autre côté ça continue vers Mamou jusqu’à Kankan « , explique notre guide.

Pour Alpha Ousmane Sow, toutes ces traces reflètent notre identité historique car, nos parents ont effectué les travaux forcés qui ont permis la construction de ces chemins de fer. Il a un cri de cœur.

» Ces traces-là représentent l’identité historique de la Guinée. Elles sont une des preuves des travaux forcés. À l’époque, il n’y avait ni outils de travail ni moyen de transport. Ce sont nos parents qui ont transporté ces rails de Conakry à Kankan. Démonter ces rails et les revendre me font pleurer en silence. C’est pitoyable quand même. Imaginez, qu’à la main, un être humain creuse une montagne. Combien d’âmes sont-elles tombées ici ? Si on fouillait on pourrait tomber sur des squelettes. Si l’État arrive à faire une expertise approfondie, on peut retrouver les restes des morts ici, parce qu’avec les travaux forcés, indéniablement il y a eu des morts ici. Tu ne pouvais pas dire que tu es fatigué. Toutes les personnes qui le disaient, auraient été tuées. C’est la raison pour laquelle il y a des villages partout en Guinée « , explique-t-il.

En bas de cette colline, il y a un grand bas-fond. Nous y croisons Mama Sayon Camara maraîchère en train de faire sa deuxième récolte de concombre.

» Depuis longtemps nous exerçons cette activité comme le faisaient nos parents. Nous rencontrons assez de difficultés. Nous n’avons pas de route pour le transport de nos marchandises (fruits). Nous les transportons à la tête, nous avons un problème d’engrais aussi mais on se débrouille. Sinon, notre rendement dépasse ce que vous voyez-là mais nous n’avons pas les moyens. La première récolte nous avions eu dix sacs de concombres. Pour cette deuxième j’estime que nous aurons vingt sacs. Nous avons beaucoup d’avantages dans l’agriculture. C’est grâce à cette activité que nous avons construit et nous gagnons quoi manger. Nous demandons à l’État guinéen de nous venir en aide, car nous cherchons l’autosuffisance alimentaire dans notre pays « , lance cette femme.

Dans ce vaste domaine cultivable, les agriculteurs rencontrent des difficultés. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs les canaux d’irrigation leur permettant de bien arroser les cultures sont visibles dans le bas-fond. Par manque d’eau, ils perdent la quasi-totalité de leurs produits agricoles. Mariama Camara maraîchère se plaint également du manque de moyens.

» Nous cultivons ici de l’aubergine, du manioc, de la patate, du gombo, de la tomate et du piment. Nous venons pendant la nuit pour arroser nos cultures parce que si c’est la journée vous ne pouvez pas avoir de l’eau. Nous vivons de cette activité agricole. Malgré le manque de moyens, nous réussissons à surmonter les difficultés que nous rencontrons « , explique cette autre femme.

Dans notre périple, nous avons découvert une pierre taillée qui ressemble à la tête de Ramsès 2 pharaon de l’antiquité. Plus loin, une chaise naturelle en pierre taillée.

« Cet endroit-là me dit beaucoup de choses. La superposition des rochers veut dire qu’il y a eu un séisme ici dans les anciens temps. Dans les temps géologiques, il y a eu un tremblement de terre ici qui avait séparé Sambaya de Filigbé. Ici c’était un marin mais le tremblement de terre qui a eu lieu à éparpillé tout avec la tête de Ramsès 2 et la chaise naturelle aussi « , précise notre guide.

» Ces cours d’eau ont une grande importance pour ceux qui travaillent dans ce bas-fond. Ce cours d’eau a pris sa source dans une grotte. Certes il est très rétréci mais c’est ce cours d’eau qui arrose l’un des plus grands bas-fonds à Kindia. L’État doit faire quelque chose pour sauver ce patrimoine”, préconise monsieur Alpha Ousmane Sow.

» On dit que la souffrance amène la politique. C’est du fait qu’il y a manque d’eau ici, ils arrivent à s’organiser, certains arrosent pendant la journée et d’autres pendant la nuit. C’est pour cela que vous avez constaté les canaux d’irrigation donc ce n’est pas fortuit, tout le monde ne peut pas arroser en même temps parce qu’il y a un manque d’eau« , ajoute notre guide.

Aux alentours de cette colline et du bas-fond, les bornes sont aussi visibles partout, comme pour dire que tout est acheté par des particuliers. Une situation perçue par notre guide Alpha Ousmane Sow comme un danger parce que le séisme peut survenir à tout moment.

» En voyant cette zone, il y a deux dangers qui pointent à l’horizon : la géologie nous enseigne que partout où un premier séisme s’est produit, obligatoirement il faut s’attendre à un deuxième. Donc l’État guinéen devrait être présent ici pour analyser la zone. Deuxièmement, c’est le manque d’eau et de route, les gens ont fini d’acheter tout ici et c’est loti, vous constatez les bornes ? La population est en avance sur l’État« , déplore-t-il.