Kankan : Porteuse de handicap, Kadiatou Kaba révolutionne l’éducation spécialisée

KANKAN- L’école primaire publique Tawakaltou, dont le nom signifie en arabe « Je me confie à Dieu », a été fondée en 2003. Située dans le quartier Morioulen, en plein cœur de la ville de Nabaya, cette école, unique dans la région de Kankan, est dédiée à la scolarisation et à la formation des enfants en situation de handicap.
À la tête de cet établissement, une femme remarquable : Kadiatou Kaba. Porteuse de handicap elle-même, elle incarne à la fois l’espoir et la résilience, défiant au quotidien la marginalisation et la discrimination. Malgré les obstacles liés à son handicap physique, elle dirige l’école avec détermination et brio, offrant aux enfants une éducation de qualité et un cadre adapté à leurs besoins spécifiques.
« Le mois de mars, c’est le mois de la femme, un mois où les femmes réclament leurs droits. Je ne suis pas en dehors de cette revendication, en tant que femme vivant avec handicap. Même si nous voulons nous émanciper, les stéréotypes de la société nous empêchent souvent d’atteindre nos objectifs. C’est pourquoi je suis très heureuse de ce mois », confie-t-elle.
Le centre Tawakaltou, qu’elle dirige, est un établissement spécialisé qui prend en charge les besoins médicaux, pédagogiques et socioprofessionnels des enfants vivant avec un handicap. Il est seul et unique à l’intérieur du pays qui accueille des personnes souffrant de différents types de handicaps, tels que définis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Ici, nous avons des enfants vivant avec un handicap physique, tels que des albinos, des sourds, des aveugles, des enfants atteints de retard mental, ainsi que des enfants déshérités », explique-t-elle.
Kadiatou Kaba déplore cependant la marginalisation persistante des personnes porteuses de handicap, y compris par leurs propres familles.
« Vraiment, cette couche de la population est marginalisée, même par les propres parents biologiques. Si mes parents avaient décidé de ne pas m’envoyer à l’école en disant qu’ils vont simplement subvenir à mes besoins parce que je suis porteuse de handicap, je ne serais pas là aujourd’hui. Mais ils ont accepté que j’aille à l’école, et c’est pourquoi je suis aujourd’hui directrice d’une école », raconte-t-elle avec émotion.
Son parcours est une source d’inspiration pour de nombreuses personnes, notamment les femmes porteuses de handicap qui luttent pour leur place dans une société mais souvent victimes de discrimination. Malgré les regards pesants et les préjugés, Kadiatou Kaba surmonte les obstacles, continue son ascension et atteint progressivement ses objectifs.
À l’occasion de l’édition 2025 du mois dédié aux femmes, Kadiatou Kaba lance un appel pressant :
« Je demande à tout un chacun de respecter les droits des personnes vivant avec handicap. Aux parents et à la société, je dis : ne marginalisez pas les porteurs de handicap, traitez-nous bien. Et je demande au président, le général Mamadi Doumbouya, d’aider les personnes vivant avec handicap à intégrer la fonction publique. »
Son message est clair : les porteurs de handicap ont leur place dans la société et méritent les mêmes opportunités que les autres. À travers son école, elle offre non seulement une éducation, mais aussi un espoir d’intégration et de dignité pour des enfants souvent oubliés.
Certes dans la douleur, mais Kadiatou Kaba a su transformer des épreuves en une force motrice. Son histoire montre que même face à l’adversité, il est possible de se battre, réaliser ses rêves et se distinguer des autres.
En ce mois de la femme, son parcours est une célébration de la résilience, du courage et de la détermination.
Facely Sanoh, correspondant
Régional Africaguinee.com à Kankan
Tel: (+224) 623 75 80,95
Créé le 17 mars 2025 14:53Nous vous proposons aussi
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