Kadiata Diallo : « Comment ma vie a basculé… »

Kadiata Diallo couchée, sa maman assise derrière voilée

CONAKRY- Kadiata Diallo traine des douleurs atroces depuis 2007, année à laquelle elle a reçu une balle (voir photo en bas de l'article) venue se loger dans sa colonne vertébrale. A l’époque âgée de 14 ans, elle faisait la 9ème année. Aujourd’hui désespérée, elle demande de l’aide aux bonnes volontés pour son évacuation aux Etats-Unis où elle a bénéficié d’une prise en charge.

Lors des évènements de janvier-février 2007, cette fille a été blessée par arme à feu. Aujourd’hui âgée de 28 ans, Kadiata Diallo n’en peut plus. Les soins qu’elle a bénéficié dans diverses cliniques en Guinée et à l’étranger ne l’ont pas soulagé. Elle a perdu l’usage de ses membres inférieurs.

Après des soins dans plusieurs pays, son dernier espoir reste les USA où elle a obtenu une prise en charge, mais la garantie de visa pose problème. La procédure est en cours nous apprend -on mais la malade complètement désespérée, s’impatiente. Ses douleurs persistent. Entourée de ses proches, Africaguinee.com l’a rencontré, alité dans son lit de malade. Mariama Ciré Diallo, mère de Kadiata Diallo passe des nuits longues au chevet de sa fille. Elle témoigne.

« Ma fille traine une maladie liée aux séquelles de sa blessure par balle depuis des années. Chaque fois, cela se répercute sur son état de santé. Toute la famille a souffert à cause d’elle, toutes nos maigres économies et biens familiaux sont partis pour ses soins, en vain. Actuellement, nous sommes menacés d’expulsion de notre logement faute d’avoir payé les frais de loyer. Je me débrouillais un peu, mais j’ai arrêté pour rester auprès de ma fille, l’unique terrain que j’avais acquis, je l’ai revendu pour soigner Kadiata, c’est avec ça je l’ai envoyé au Sénégal et ailleurs pour les soins. 

Nous sommes maintenant sans ressources aujourd’hui. Ce qui nous reste aujourd’hui, nous avons tous les regards sur des personnes qui peuvent nous aider. Nous avons eu des espoirs de soins vers les Etats-Unis si nous arrivons à la faire voyager ; mais dans les démarches ça traine un peu. Je ne sais pas à quel niveau, nous sortons souvent, nous achetons du carburant afin que des personnes nous accompagnent dans leurs voitures mais chaque jour on revient bredouille. Je vous prie toutes les bonnes volontés de nous aider » explique la mère de Kadiata en larmes.

Récit de Kadiata Diallo

« C’était un jour de janvier 2007, j’étais à la maison à Bambeto où je nettoyais des habits et des bols dehors. C’est là que j’ai reçu une balle au niveau de la colonne vertébrale. Je faisais la 9eme Année. Quand la balle m’a atteint j’ai perdu connaissance, c’est les voisons qui sont venus au secours pour me conduire dans une clinique à côté. Les médecins ont tenté de me retirer la balle pendant plus de 3 heures en vain. Vers 18 heures ils ont fait appel à la croix rouge pour me déposer à l’hôpital national de Donka. Ce jour, Donka était rempli, ils ont dit qu’il n’y avait plus de places.

Finalement, j’ai été admise à Ignace Deen, je suis restée à l’urgence jusqu’au matin en compagnie de ma mère. Le matin ils ont demandé à ce que je fasse la radio, ils ont confirmé que la balle est dedans encore. Les médecins m’ont fait savoir que les produits disponibles ne sont pas très efficaces pour calmer la douleur pendant l’opération. Ils ont dit si je suis prête à me concentrer et à supporter la douleur dans cet état, ils peuvent m’opérer. Je n’avais pas le choix j’ai accepté (pleurs).

Je suis admise au bloc où j’ai passé 5 heures du temps pour me faire enlever la balle en vain. Ils n’ont pas pu retirer la balle. Le surlendemain, on me dit de rentrer à la maison avec les plaies que j’ai soignées pendant 8 mois.  Je suis restée là pendant un an également avec cette balle dans le corps. Ce n’est qu’en janvier 2008 un an après qu’on m’a programmé de repartir encore au service de traumatologie de l’hôpital Ignace Deen. Cette fois, ça avait réussi, on m’a enlevé la balle. C’était vraiment un soulagement. Pour moi, tout était fini avec la douleur. J’allais retrouver ma santé pleinement.

Malheureusement la douleur est revenue progressivement. Vers la fin, je ne supportais plus. En 2009 ma mère m’a envoyée à Dakar. J’ai fait beaucoup d’examens, je ressentais des douleurs atroces, je ne voyais pas du tout mes règles pendant des années. Ils n’ont pas trouvé les soins appropriés pour moi, ils m’ont donné des produits, je suis rentrée. Plus les années passent, plus je suis secouée par la maladie. Je suis repartie encore à Dakar, malheureusement ils n’ont pas trouvé le problème. En 2019 la maladie m’a vraiment terrassé, au-delà des douleurs, je ne pouvais plus marcher maintenant. Ça c’est à partir de septembre 2019.

Je suis retournée à Dakar, cette fois à l’hôpital Fann. De Fann j’ai été transférée dans beaucoup de services hospitaliers comme à Principal où on m’a passé le scanner pour envoyer en France. Au retour des résultats, ils ont instruit aux médecins sénégalais de demander qu’est-ce que j’ai au niveau du dos, j’ai expliqué l’histoire de la balle. Ils disent que le problème c’est à ce niveau alors. Ils sont touchés mes nerfs, je n’arrive même plus à marcher. Ils ont demandé les rapports médicaux de mon pays, ce que je n’avais pas.

Le papier que j’avais reçu était faux. Ceux de Dakar ont dit qu’ils peuvent m’aider mais il faut que trouve le rapport médical. Quand je suis rentrée je suis restée 3 mois sans trouver le rapport. Comme on ne trouvait pas, mes parents se sont battus aussi pour que je parte en Inde avec l’appui d’un journaliste de Gangan TV, Tanou à travers un SOS, des bonnes volontés ont assisté la famille comme elles peuvent. Je suis partie encore. J’ai passé 3 mois en Inde, eux aussi ils ont exigé le rapport médical de mon pays pour faire une suite des soins. Ils m’ont dit de revenir repartir après 2 ans mais avec les rapports médicaux, conditions pour mes soins.

Quand la balle m’a touché je faisais la 9eme Année, j’ai trainé ce mal avec beaucoup de courage. Là où je suis, j’ai vraiment besoin d’aide ; mais je suis désespérée aujourd’hui (larmes NDLR) je ne pense pas pouvoir me retrouver (pleurs).  C’est en demandant des aides aux uns et autres que certains m’ont parlé de Monsieur Charles Wright, il n’était pas encore ministre, il était procureur. J’ai eu son numéro j’ai longtemps appelé sans réponse.

Les jours qui ont suivi sa nomination au poste du ministre de la justice, j’étais au lit et je me tordais de douleurs, je me dis de tenter une dernière fois, ce jour dès que j’ai appelé il a répondu. Je me suis présentée à lui j’ai dit que j’ai besoin de le rencontrer il a donné son accord le même jour. Il m’a reçu le lendemain chez lui, j’étais avec des amis au fait, c’était le 15 juillet 2022. Une de mes amies a expliqué tout mon problème.  J’ai besoin d’une assistance pour avoir le visa afin de suivre mes soins.

Le ministre a été vraiment attentif, il a dit qu’il va consulter le Gouvernement pour espérer une prise en charge. Moi je ne voulais pas retarder sachant que j’ai très mal. J’ai dit que la prise en charge est assurée par des personnes de bonne volonté tout ce que j’attends du gouvernement c’est l’assistance dans les démarches pour l’obtention du Visa. Depuis là j’attends chaque jour on me dit que la procédure est en cours, la procédure est en cours alors que ma souffrance s’amplifie chaque jour.

Aujourd’hui je suis couchée à la maison, j’ai perdu l’usage des membres inférieurs. Tout ce dont j’ai besoin, même aller aux toilettes, il faut que ma mère soit là. Depuis 15 ans, elle a fait ce qu’elle peut, pendant 15 ans elle n’a pas relâché. J’avais tout l’espoir que je serai partie depuis pour retrouver ma santé. Ça fait 3 mois que ça traine. Ma mère n’a plus rien pour m’aider maintenant ; c’est avec les bonnes volontés que j’ai eu la prise en charge, mais ça tangue encore toujours. Pendant 15 ans je suis là, je demande de l’aide ».

Laouratou Diallo aide la famille de Kadiata à titre personnel pour espérer de la faire évacuer depuis un moment. Peinée aujourd’hui, elle tend encore la main pour sauver une vie. « Sa souffrance a commencé en 2007. Elle tombe malade fréquemment, elle a fait beaucoup de voyages sur les moyens de la famille et des amis de la famille. Les médecins qui l’ont opéré aussi à Ignace Deen n’ont pas livré un certificat médical au moment des faits. Aujourd’hui, ce qui est essentiel c’est son évacuation.

Nous avons compté sur le ministre de la justice dès sa nomination pour l’évacuation vers les Etats-Unis vue que la personne qui tient à l’aider financièrement se trouve aux USA. Il faut remercier le ministre pour son accompagnement pour tous les pas effectués. Il nous a reçu plusieurs fois à son bureau malgré son calendrier chargé   depuis 3 mois. Nous pensons qu’il fait son mieux. Même le ministre a vu l’état de la fille un jour qui a perdu connaissance en faisant des crises. Il a donné son véhicule VA pour la ramener à la maison. Ce qui fait nous manque, c’est la garantie auprès de l’ambassade.

La fille a une prise en charge médicale assurée de plus de 4 milliards de francs guinéens de la part d’un citoyen à travers sa banque où son compte est domicilié. C’est pour des raisons de sécurité que nous n’allons pas montrer le document de garantie. Nous avons aussi vu les correspondances signées du ministre de la justice demandant l’octroi de Visa à notre compatriote pour les soins. Mais l’attente devient longue, Kadiata est désespérée », raconte Laouratou Diallo.

Joint au téléphone ce jeudi matin, le ministre de la justice, Charles Wright a confié qu’il n’y a aucun problème particulier. Il invite à garder espoir dans la patience.

Alpha Ousmane Bah

Pour Africaguinee.com

Tel : (+224) 664 93 45 45

Créé le 27 octobre 2022 17:51

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