Immigration : Témoignage d’un rescapé de la méditerranée… (Exclusif)

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ITALIE- Il avait pourtant fini ses études supérieures, tout comme des milliers d’autres jeunes de son âge, M.I s’est lancé dans l’aventure. Pour des raisons de sécurité, il a voulu témoigné dans l’anonymat. Au micro d’Africaguinee.com ce jeune rescapée de la méditerranée raconte son périple. De Conakry où il tenait une baraque de transferts de crédits téléphoniques aux côtes italiennes, en passant par l’Algérie, M.I nous dit tout. Exclusif !!!

 

AFRICAGUINEE.COM : Bonjour Monsieur !

M.I : Bonjour Monsieur Bah !

Qu’est-ce qui vous a poussé à quitté votre pays alors que vous aviez déjà fini les études supérieures ?

D’abord depuis ma tendre enfance, j’ai toujours été animé par le rêve d’aller en Europe. Il y a beaucoup de fils d'immigrés qui sont rentrés dans les annales de l'histoire et qui ont marqué leur temps avec des œuvres. Donc c’est vrai que je suis un cadre diplômé, mais les conditions de vie dans mon pays sont également désastreuses. C’est pourquoi il y a la fuite des cerveaux dans l’espoir d'un lendemain meilleur. Et je crois que c’est cela qu'offre le continent européen.

Votre famille était-elle informée de votre projet de voyage ?

Ma famille était au courant et c’est en commun accord que j’ai quitté le pays. C’était ma décision.

Comment avez-vous pour subvenir aux charges liées au voyage ?

Je tenais une petite baraque de transfert de crédits et de location de CD. Mais je précise que cet argent m’a permis seulement d'arriver en Algérie. Là, j’ai travaillé pendant 6 à 7 mois avant de continuer mon périple jusqu’en Italie.

Quelle a été la durée de ton voyage ?

Une année juste. J’ai quitté Conakry le 4 Septembre 2015 et je suis arrivé en Italie le 2 août 2016. Je suis arrivé en Algérie où j’ai passé 7 mois avant d’aller en Libye où j’ai traversé via la méditerranée.

Combien cela vous a-t-il coûté ?

Plus de 1000 euros.

Comment avez-vous traversé la méditerranée ?

Le climat surtout favorisait la traversée. L’état des zodiaques et le nombre de personnes à bord, c’est ça le plus important. La police de mer libyenne patrouille et vous pouvez être chopés à tout moment.

Comment avez-vous pu rentrer en contact avec le réseau des passeurs ?

C’est grâce à des amis qui m’avaient laissé à Alger et qui sont venus avant moi en Libye. C’est eux qui m’ont mis en contact avec le passeur.

Avez-vous connu la prison durant votre périple ?

Contrairement à beaucoup d’amis ou des compatriotes et des connaissances qui ont fait la prison à Tripoli, moi je n’ai pas connu la prison dans ce pays devenu ingouvernable de nos jours. Grâce à Dieu, j’ai été épargné.

Comment vivez-vous actuellement ?

Quand vous arrivez, on vous loge dans des centres d’accueil. Après quelques temps on vous reloge dans les hôtels, villas et appartements. Moi je suis dans un appartement dans une petite commune qu’on appelle Ascoli. Pour le moment, je peux dire tout va bien ici pour moi en attendant la suite de ma demande d’asile

Avez-vous une idée sur Le nombre de demandeurs d’asile venant de la Guinée ?

Depuis le début de l'année il y a eu près de 130.000 immigrés qui sont arrivés de l’Afrique par la mer. Environs 7% (10.000) sont des guinéens, 7% d'ivoiriens, 7% de gambiens, 12% de nigérians et 20 % d'érythréens et de somaliens.

Êtes-vous rentrés en contact avec l’ambassade de Guinée basée à Rome ?

Non pas du tout! Et je crois que ce n'est pas nécessaire pour nous en tant qu’immigrant de rencontrer ces autorités. Parce que nous sommes rentrés illégalement dans ce pays. Notre cas, relève exclusivement de l'Union Européenne.

Comment avez-trouvé l’accueil qui vous a été réservé par les autorités italiennes ?

Ils prennent en charge presque tout : santé, nourriture, hébergement, effets de toilettes, études de langues et déplacements

Avez-vous la liberté de circuler ?

Si tu as les frais de transports, tu peux aller où tu veux. Pour le déplacement vous recevez des tickets de bus pour la commune où vous êtes. Mais à l’extérieur de cette commune, tu te prends en charge.

Avez-vous le droit de travailler ?

Pour l’instant non. Vous aurez droit au travail qu’après l’acceptation de la demande d'asile, ou bien vous aurez officiellement des papiers. Le manger et le logement, c'est gratuit.

Voulez-vous nous dire que toute la vague de personnes arrivées au même moment que vous sont logés dans des appartements ?

Ça dépend de l’endroit d’où tu es arrivé. Moi je viens de déménager dans un appartement alors que pour la première fois, je suis resté près de 3 mois dans un hôtel. Dans le centre où nous étions passés, il y a plusieurs personnes qui sont restées au moins pour un mois. Mais après ils ont été relogés aussi dans des hôtels ou des appartements. C'était juste le temps de leur trouver de la place aussi. Nous avons débarqué pour la première fois à Pozzalo en Sicile. La Sicile est une île qui se trouve au sud de l’Italie

Comment avez trouvé la vie européenne particulièrement celle l'Italie ?

D'abord, c’est l'intégration avec la langue qui représente une barrière. Les choses ont beaucoup changé avec l'afflux des migrants. Il y a la crise qui commence à baisser un peu. Mais bon, l'espoir est là.

Que comptez-vous faire en Italie si votre demande est acceptée ?

Je compte m'installer dans un autre pays européen. Le football reste également un projet pour moi. Mais l'Italie pour moi ce n’est pas un pays où je veux rester.

Un dernier mot ?

Les autorités guinéennes doivent essayer d'aider la jeunesse afin de freiner ce phénomène. Si les jeunes sortent sans savoir si ça peut marcher ailleurs, c’est parce que dans le pays, on ne met rien en œuvre pour répondre aux attentes de la jeunesse, on ne cherche pas mieux qu’un emploi. On doit mettre à la disposition des jeunes tout ce dont ils ont besoin pour leur émancipation.

C’est un danger que nous courrons en voulant traverser la méditerranée. Il n’y a aucun bonheur dans ce voyage périlleux. Que les parents cessent de dire que mon fils aussi doit aller en Europe parce que celui de mon voisin est là-bas.

Enfin, je formule une prière à l'endroit de tous mes compagnons de route qui ne sont pas arrivés à destination, soit parce qu’ils ont été fauchés par la mort ou parce qu’ils ont été refoulés. Que le tout puissant vienne en aide à ceux qui sont bloqués en cours de route et qu’il pardonne les morts.

Merci !

Merci à vous, merci à africaguinee.com qui donne souvent la parole aux immigrés clandestins guinéens et qui passent des messages liés à leur calvaire à l’étranger.

 

Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah

Tel. : (00224) 657 41 09 69

 

 

Créé le 1 novembre 2016 14:42

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