Guinée Télécom, coût de l’internet : Ousmane Gaoual Diallo dit tout…

CONAKRY- Longtemps attendue, la société Guinée Télécom, née des cendres de la défunte SOTELGUI (Société des télécommunications de Guinée) fermée en 2012, arrive à grand pas. Que va-t-elle apporter en terme d’innovation ? Comment sera-t-elle gérée ? A quelle période sera-t-elle lancée ? Le ministre des Postes, Télécommunications et de l’économie numérique a répondu aux questions d’Africaguinee.com. Dans cet entretien, Ousmane Gaoual Diallo parle également des ambitions de son département pour amoindrir le coût du data en Guinée. Interview.

AFRICAGUINEE.COM : Vous êtes à la tête du département des Télécommunications depuis quelques mois. Parlez-nous des actions que vous avez entreprises ?

OUSMANE GAOUAL DIALLO : Notre ministère a plein d’ambitions. Nous avons déjà élaboré une stratégie digitale, on a revu le cadre légal et institutionnel.  Certaines institutions ont été mises en place dont l’agence de lutte contre la cybersécurité. C’est une agence qui lutte contre l’insécurité dans l’espace du web. Il y a des chantiers qui étaient sur la table dont Guinée Télécom, puis le schéma directeur informatique qui va être élaboré. Donc, il y a un certain nombre de chantiers qui étaient sur la table et sur lesquels je suis en train de travailler pour matérialiser leur mise en œuvre.

Nous avons des ressources humaines nécessaires ici pour aller de l’avant. Il y a quelques réajustements à faire pour que l’efficacité puisse prendre le dessus. Nous travaillons dans ce sens-là. C’est le rôle aussi de la gestion managériale du ministère pour amener cette dynamique à l’intérieur pour que la production intellectuelle puisse suivre. Nous allons mettre tout en mouvement. Le chantier de la réduction des coûts d’accès au téléphone et à l’internet, dès que nous sommes arrivés, les négociations ont permis avec l’appui des opérateurs mobiles d’avoir un impact de près de 40% de réduction du coût de connexion internet. Cela va se poursuivre, nous continuons à délivrer des licences pour amener d’autres câbles sous-marins, dans le pays.  L’arrivée massive d’autres câbles sous-marins, la disponibilité de l’énergie à bas prix permettront à coup sûr de diviser par 2 voire 3 le coût de l’accès à l’internet et au téléphone.

Internet à haut débit

Nous avons aussi agréé des opérateurs d’infrastructures pour pouvoir déployer plus rapidement l’internet à haut débit par fibre optique dans les foyers. Il faut savoir qu’actuellement le coût d’accès c’est 1 500 000 GNF par mois. Notre ambition est d’amener ça à 300 000 GNF pour avoir la téléphonie, l’internet et la télé à domicile. Il faut savoir que tous les câbles électriques guinéens qui sont tirés actuellement ont 32 pairs. Donc, on peut amener l’internet dans les maisons en utilisant le déploiement aérien de la fibre optique. A côté de l’électricité, il y a la fibre optique, la même manière que vous vous branchez à l’électricité aujourd’hui on peut brancher votre domicile comme ça à la fibre optique. Donc, nous avons agréé des opérateurs dans ce sens-là qui vont commencer à commercialiser ces produits-là dans les mois et années à venir. C’est pour permettre aux guinéens partout où ils sont d’avoir accès à la téléphonie et à l’internet à bas prix. Si on cumule le réseau d’EDG (Électricité de Guinée) et celui de la SOGEB (société de gestion et d’exploitation du backbone national), nous sommes à plus de 12 000 km de fibre qui sont disponibles dans le pays.

Parlant de Guinée Télécoms qu’est-ce que cette société va apporter concrètement en termes de nouveauté ?

Il faut rendre hommage au coordinateur de Guinée Télécom qui se bat sur tous les fronts pour donner corps à cette entité. C’est un collaborateur dévoué et qui a l’ambition d’être dans cette entreprise qui est en train petit à petit de se matérialiser. Quand nous sommes venus, nous avons fait un état des lieux clair de l’existant, on s’est rendu compte que nos équipements sont de la dernière génération. C’est des équipements 3G et 4G qui sont opérationnels, on s’est rendu compte également que nous avions la possibilité d’émettre en voix. Les tests d’émission en données ont été concluants. On a pu activer des puces, on a fait des appels et on a envoyé de l’internet 4G. Et, ça marche très bien.

Maintenant, on est en train de négocier pendant la phase de test avec les différents opérateurs pour l’itinérance pour nous permettre d’amplifier nos tests à travers le pays, le temps pour nous d’activer l’ensemble des antennes. Parce que ce sont des antennes qui sont à l’arrêt depuis 15 ans. Donc, pour certaines antennes, il est nécessaire de changer de batterie ou carrément remplacer les installations, passer au solaire. Parce qu’au moment où ça se passait il y a 15 ans, il n’y avait pas une grande maturité dans les énergies solaires pour pouvoir alimenter les pilonnes. Donc, on va le faire, puis augmenter le nombre de pilonnes dans le pays parce que nous n’avons que 180 pilonnes. Comparativement à l’opérateur dominant qui a plus de 2000 pilonnes, c’est peu.

Il faut continuer à acheter les pilonnes pour augmenter la densité du réseau dans le pays tout ceci pendant une phase de test. Normalement l’opération de lancement des activités, non pas commerciales, de Guinée Télécoms avec le démarrage de tous les serveurs et puis l’offre de service pendant la période, devrait intervenir d’ici la fin du mois de février. Nous sommes prêts, nous attendons qu’on nous livre les cartes SIM qu’on a commandées, dès qu’elles vont arriver on va mettre en place un programme de lancement de Guinée Télécom. Mais je précise que c’est un lancement non commercialisé.  On va distribuer à des hommes de presse, à des hommes de l’administration, des testeurs tout ça pour que pendant toute l’année 2023, l’on puisse tester la robustesse et l’efficacité du réseau. En même temps, continuer le déploiement et rechercher un partenaire stratégique avec lequel nous allons contractualiser pour la suite de l’aventure de Guinée Télécoms.

Mais d’ores et déjà, nous sommes très heureux de dire qu’aujourd’hui que les tests ont été concluants en voix et en data. Ce qui n’était pas arrivé depuis plus de 15 ans. C’est une chose qu’il faut mettre à l’actif de l’ensemble des cadres du ministère et même ceux qui ne sont pas recrutés actuellement et qui sont des anciens de Guinée Télécoms, qui ont été les gardiens, de ces équipements là pendant plus de 10 ans. Ces équipements ont été gardés dans des conditions exceptionnelles, c’est ce qui nous a permis de lancer sans ajout supplémentaire de ressources. Maintenant, au fur et à mesure qu’on va se déployer dans le pays, on va constater quelques dégâts techniques et on va les mettre à jour. Pendant cette période de test et de production, les guinéens pourront à termes dire ‘’Dieu merci’’ sur ces activités.

Qui va gérer Guinée Télécom ?

Il faut savoir que le président de la transition a pris un décret pour faire de Guinée Télécom une entité privée, c’est une SA avec l’Etat comme actionneur unique. Mais l’Etat est capable de descendre jusqu’à 30% de ses actions pour laisser quelqu’un d’autre gérer. Ce qui est clair, à côté de l’opérateur mobile qui viendra gérer Guinée Télécom, nous avons l’ambition de réunir l’ensemble des entités qui gèrent les infrastructures des télécoms dans le pays. Le but est de faire de Guinée Télécom, le socle de gestion des infrastructures du numérique. Parce que je reste convaincu que c’est sur ça que les Etats vont gagner dans les années avenir. C’est sur le transport des données et non sur la quantité de minutes qu’on aura à téléphoner. Quand on va basculer sur l’IP, ce n’est plus le temps qui va compter mais les données. Donc, l’Etat sera là pour administrer des infrastructures qui vont soutenir le transfert de ces données-là entre les différentes entités.

Guinée Télécom viendra-t-elle avec la 5G ?

La question de 4G et de 5G ne repose pas seulement sur la volonté des opérateurs. Il y a une question d’équipements, les téléphones 4G déjà, on est arrivé à la saturation du nombre de guinéens qui peuvent acheter le téléphone 4G. Quand on arrive à ce niveau il n’y a plus de progression dans l’utilisation de la donnée 4G parce que le téléphone 4G coûte à peu près deux millions gnf. Donc, le nombre de guinéens capables de débourser deux millions gnf pour acheter un téléphone a atteint le maximum. Si vous mettez la 5G alors  que les téléphones qui sont accessibles à la 5G coûtent encore plus chers, combien d’entre nous pourraient acheter le téléphone à 5G pour pouvoir simplement téléphoner ou aller plus vite sur internet alors que la 4G les satisfait déjà ?

Il faut faire une étude de marché fine pour justifier le changement radical des équipements pour aller vers la 5G. Il faut voir si le potentiel existe en termes de clientèle par rapport à l’investissement nécessaire. Mais il n’y a pas de frein à l’adoption des technologies, des normes d’émission des données. Nous allons voir ça avec beaucoup de prudence en s’assurant que la clientèle est là et que les consommateurs sont prêts à débourser des ressources nécessaires pour aller plus vite dans la navigation et avoir une meilleure fluidification de leur communication vocale.

Fin

Entretien réalisé par Oumar Bady Diallo

en collaboration avec Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 13 février 2023 10:26

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