Guinée-Le prix de la farine explose : Alpha Condé a-t-il levé son « véto » ?

Alpha Condé, président de la République de Guinée

CONAKRY-Se dirige-t-on vers une nouvelle hausse du prix du pain ? Cette éventualité n'est pas à exclure. Et pour cause : Le prix du sac de farine à l'usine de production a connu une hausse de près de 40.000 Gnf depuis ce mardi 2 mars. Le prix d’un sac de farine sortie d’usine est désormais vendu à 285.000 gnf alors que jusque-là, il était à 250.000 GNF.

Dans les magasins de vente en détails, le sac de 50kilos de farine se négocie entre 290.000 à 400.000 GNF, a appris Africaguinee.com. Cette augmentation ne restera pas sans conséquences. Même ce matin, dans certains quartiers, une crise de pain s'est fait un ressentir. "J'ai trouvé le four fermé. Dans les boutiques, il y avait une longue file. J'ai acheté ma baguette à 5000 GNF", a confié un citoyen.

En janvier dernier, l'ancien ministre du commerce Boubacar Barry, avait revu à la hausse le prix de la farine fixant le sac sortie d’usine à 285.000 gnf. A l'époque, le Chef de l'Etat avait opposé son véto. Mais l'histoire semble lui donner raison, puisque selon nos informations, c'est de commun accord avec le Gouvernement que cette hausse a été décidée.

Mais pourquoi une telle augmentation à la veille du mois saint de Ramadan ? Joint au téléphone par notre rédaction, un Responsable d'une usine de production de farine, nous a expliqué les causes. Selon Yaya Ousmane Diallo, cette augmentation du prix du sac de farine à l’usine est due à plusieurs facteurs, mais la plus importante c’est la hausse du blé à l’étranger et le coût élevé du transport. Car selon lui, la Guinée dépend à 98% des produits importés.

« Aujourd’hui nous dépendons à 98% de l’extérieur. Par exemple, même les fils que les usines utilisent pour coudre les sacs sont importés. Maintenant la matière première qui est le blé, qui est vendu sur le marché mondial en dollar que nous ne contrôlons pas, quand il y a une évolution du coût du transport, ça va impacter toute la chaine. Lorsque vous prenez encore les reformes au niveau de la douane, tout va augmenter. Nous, nous avons une unité de production de la farine, nous avons comme la matière première le blé et tous nos ingrédients sont importés, même les produits dans lesquels nous emballons sont importés. Nos fournisseurs sont payés en devises », a expliqué Yaya Ousmane Diallo avant de revenir sur le cas particuliers des boulangers.

Lire aussi-Guinée : Alpha Condé inquiet de la hausse du pain?

« Il faut noter également pour les boulangers qui transforment la farine en pain, que les prix des autres ingrédients comme la levure, le bois et le sel ont augmenté. Aujourd’hui, le sel iodé que tous les boulangers utilisent dans les fours provient du Sénégal. Maintenant avant la fermeture des frontières, ce sel était vendu 35 000 Gnf et aujourd’hui le même sac  de 30 kg est vendu à 150 000 Gnf parce que les camions passent par le Mali, ensuite rentrer par Korémalé. Le carton de levure de 20 paquets qui était vendu à 320 000 Gnf est vendu aujourd’hui à 380 000 Gnf.

Pour nous aussi, le prix du blé a augmenté à 70 dollars la tonne sans compter la facture de l’électricité que nous payons à EDG par mois, là aussi c’est des millions. Il y a aussi les salaires des employés. Avec le COVID-19 les producteurs ont rehaussé les prix de leurs produits. Mais c'est surtout le coût du transport qui est en train d’agir négativement sur les produits importés. Voici autant de raisons qui font que tous les prix ont augmenté. Mais il faut noter que même ce prix est provisoire parce que nous dépendons de l’extérieur », a-t-il averti.

Il soutient que ce prix a été fixé de commun accord avec l’Etat à travers le ministère du Commerce. Parce que selon lui, les producteurs de farine ne pouvaient pas continuer à tourner à perte.

« Heureusement l’Etat à travers le ministère du Commerce nous a compris. Il y a eu un débat houleux, il y a eu des calculs techniques et l’Etat a compris qu'avec le coût actuel du blé, il fallait qu’ils augmentent le prix de la farine. Donc nous sommes partis de 250 000 Gnf à 285 000 Gnf prix de l’usine. Les détaillants revendent à 290 000 ou 295 000 Gnf au niveau des magasins », a précisé Yaya Ousmane Diallo.

Cette augmentation qui intervient à la veille du mois de ramadan va davantage corsée les consommateurs alors que sur le marché, une hausse généralisée des prix se fait ressentir depuis plusieurs semaines.

 

Oumar Bady Diallo

Pour Africaguinee.com

Tél. : (00224) 666 134 02

Créé le 3 mars 2021 13:42

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