Guinée : Alpha Condé, les « opposants », les 100 millions et les sacs de riz…

Alpha Condé, Président de la République de Guinée

CONAKRY- Au lendemain de son accession au pouvoir, le Président Alpha Condé avait fait une promesse aux guinéens : « Tuer » l’opposition. Plus de cinq ans après avoir tenu ces propos à l’occasion de la journée internationale de la jeunesse, cette promesse du Chef de l’Etat envers ses compatriotes semble avoir été honorée.

Contrairement aux années 2012 et 2013, l’opposition guinéenne traverse une crise sans précédent. À la veille des élections législatives, il s’en était pourtant fallu de peu pour que le camp d’Alpha Condé n’obtienne pas la majorité à l’Assemblée Nationale.

Au lendemain de la présidentielle de 2015, Sidya Touré, le leader de l’Union des Forces Républicaines a pris la décision de poser ses valises auprès d’Alpha Condé. En guise de « récompense », il a été nommé Haut Représentant du Chef de l’Etat. L’Union des Forces Républicaines dispose également depuis cette date, d’un représentant dans le Gouvernement. Lansana Kouyaté, l’ancien Premier Ministre qui dirige les destinées du « PEDN » a pris ses distances vis-à-vis du bloc d’opposition conduit par Cellou Dalein Diallo.

Tous ces départs ont certes marqué les esprits, mais la récente prise de position d’Aboubacar Sylla et ses nouveaux « complices » a surpris plus d’un. Le désormais ancien porte-parole de l’opposition républicaine conduit désormais une alliance dénommée « Front pour l’Alternance Démocratique.

L’Union des Forces Démocratiques de Guinée en découdra toute seule face au régime d’Alpha Condé. Autour du parti que dirige Cellou Dalein Diallo gravitent quelques acteurs politiques ; Et pas des moindres. El hadj Papa Koly Kourouma et Alhousseine Makanera. Certes ils ne drainent pas une foule derrière eux, mais ils disposent d’un atout : Ils connaissent tous les stratégies d’Alpha Condé parce qu’ayant appartenu au « système » pendant longtemps.

En Guinée, le fait pour un homme politique de changer de camp, de discours, et même de nier ses propos n’est pas anodin. Les Hommes politiques nous ont habitué aux mensonges. Certains parmi eux ne disent-ils pas que « la politique c’est l’art de mentir » ?

Qui ne se rappelle pas du bras de fer entre Alpha Condé et Ibrahima Kassory Fofana. Ce dernier n’avait cessé de critiquer la gouvernance d’Alpha Condé. Leur différend s’était transporté dans les mines avec un bras de fer entre le numéro un guinéen et le milliardaire israélien Benny Steinmetz. Au mois de mai 2013, à l’occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l’Union Africaine, au sortir de la grande salle de conférence, Alpha Condé a pris la main de Denis Sassou, le Président congolais. Le Président guinéen expliquait à son homologue congolais comment Benny avec sa société « BSGR » auraient financé la campagne électorale du leader du parti « Guinée Pour Tous » lors de la présidentielle de 2010. Que dire de Boubacar Barry qui dit être prêt à soutenir Alpha Condé pour son projet éventuel de modification de la Constitution. La suite de l’histoire, on l’a connaît.

Le FAD, cette alliance qui a vu le jour le jeudi 29 juin dernier, a pris le contre-pied de la décision de l’opposition d’appeler à de nouvelles manifestations.

 (…) Soucieux de garantir un climat politique apaisé et favorable à la mise en œuvre de l'ensemble des dispositions de l'Accord Politique du 12 Octobre, devant améliorer la transparence du processus électoral ainsi que de la préservation de la quiétude sociale, le Front pour l'Alternance Démocratique se désolidarise complètement de cette décision annoncée de manifestations de l'Opposition Républicaine. Il décide subséquemment de retirer ses représentants de la commission d'organisation de ces manifestations et se réserve le droit de participer aux prochaines manifestations éventuelles pour autant que leurs motifs soient pertinents et leur utilité clairement établie », avait tranché Aboubacar Sylla et ses alliés.

Le RDIG de Jean Marc Teliano, l’UFC d’Aboubacar Sylla et le parti NFD de Mouctar Diallo était pourtant bien représentés à la plénière de l’opposition républicaine. Autour d’Alhousseine Makanera, le porte-parole du jour de l’opposition républicaine, il y avait les différents représentants des partis membres du Front pour l’Alternance Démocratique. C’est à juste titre d’ailleurs que certains observateurs se posent la question de savoir qu’est-ce qui a réellement créé la division au sein de l’opposition républicaine.

De par son âge et son expérience politique, Alpha Condé est parvenu à connaître les « appétits » de ses concitoyens ; Du citoyen lambda aux leaders politiques, notamment ceux de l’opposition. Il fait et défait les alliances politiques à sa guise. Comme des marionnettes, ses opposants suivent la cadence.

Diriger un parti d’opposition n’est pas un exercice facile ; Et Alpha Condé le sait mieux que quiconque. Lui qui parvenait à supporter les charges liées au fonctionnement du « Rassemblement du Peuple de Guinée » grâce à la « générosité » de ses amis qu’il a eu la chance de connaître en France, pays qui lui avait servi de base arrière dans son combat politique. De par sa position, Alpha Condé dispose quasiment de tous les moyens de l’Etat. Il est capable de faire preuve de « générosité » envers certaines personnes. Il « offre » des voitures, de l’argent à certains de ses hôtes du Palais Sékoutoureya.

Pendant le ramadan, Alpha Condé a fait un « geste » pour des acteurs politiques dont certains membres du Front pour l’Alternance Démocratique. 100 sacs de riz et 100 millions ont été gracieusement offerts à ces leaders politiques pendant le mois de ramadan. Pour l’argent, Alpha Condé peut ne pas lever le petit doigt. Au delà de ses « avoirs » à Sékoutoureya qui ressemble par moment à une agence de la Banque Centrale, le numéro un guinéen fait souvent appel aux services d’un homme d’affaires de la place. Il est bien connu pour sa « générosité ». C’est ce dernier qui est chargé de livrer les « colis ».

Pour casser l’élan de l’opposition, Alpha Condé fait miroiter à certains la formation prochaine d’un Gouvernement « d’union nationale » dans lequel seraient présents de nombreux partis politiques dits de l’opposition. La Primature est également lorgnée par ces Hommes politiques qui semblent ne plus croire à une alternance politique en 2020.

Cellou Dalein Diallo, le Chef de file de l’opposition guinéenne, a trop vite fait confiance à son adversaire politique. Les 500 millions destinés au fonctionnement de son institution est finalement apparu comme un piège, et comme par magie, Dalein a mordu à l’hameçon.

Pour espérer un changement de régime en 2020, Cellou Dalein devra certainement améliorer ses relations avec les autres acteurs politiques. Il devra fédérer autour de lui, les mauvais, les moins bons, les bons et les meilleurs.

L’opinion qui s’interroge sur la capacité réelle de cette opposition à faire des propositions concrètes allant dans le sens d’une alternance politique, pense déjà à une solution alternative. Un « Emmanuel Macron » guinéen. Un jeune intelligent, quasiment sorti de nulle part qui pourrait amener tous ces vieux politiciens à la retraite.

 

Amadou Diallo

Pour Africaguinee.com

Créé le 12 juillet 2017 14:32

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