Grâce accordée à Dadis Camara: la CPI soulève des craintes et reste en embuscade…

CONAKRY-La Cour Pénale Internationale (CPI) a soulevé des craintes par rapport à la grâce présidentielle accordée fin avril dernier à Moussa Dadis Camara, condamné le 31 juillet 2024 à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité.
Ces inquiétudes ont été exprimées par le procureur adjoint de la CPI Mame Mandiaye Niang qui a bouclé le 21 mai une visite de trois jours à Conakry.
« Lors de ses rencontres avec le Premier Ministre Amadou Oury Bah et le Ministre de la justice et des droits de l’homme, M. Yaya Kaïraba Kaba, le Procureur Adjoint Niang a fait part de ses craintes de voir la grâce accordée prématurément à l’ancien Président Camara porter fortement atteinte aux efforts déployés par la Guinée pour faire reculer l’impunité », indique la CPI dans une déclaration transmise à Africaguinee.com, ce vendredi 23 mai 2025.
Elle rappelle que l’ancien Président (Moussa Dadis Camara) est l’un des principaux responsables des crimes commis lors des événements du 28 septembre 2009. Il a été arrêté le 27 septembre 2022 puis condamné, le 31 juillet 2024, à une peine de 20 ans de prison par le tribunal criminel de Dixinn. La grâce prononcée en sa faveur a entraîné sa libération immédiate le 28 mars 2025. Depuis, trois semaines, il est au Maroc, officiellement pour des raisons médicales.

Procédure d’appel
« Aujourd’hui, les victimes sont découragées par l’octroi de cette grâce et redoutent que cette décision ne soit annonciatrice d’autres décisions semblables. Conformément aux engagements pris par la Guinée dans le mémorandum d’accord, de rendre efficacement la justice pour les crimes commis, il est essentiel que la procédure d’appel dans le procès principal, ainsi que les procédures judiciaires menées à l’encontre des auteurs présumés de crimes liés aux événements du 28 septembre, puissent aboutir », a déclaré le Procureur Adjoint Niang.
Doutes quant à la volonté de rendre justice
Bien que l’octroi de grâces puisse être une prérogative des États au regard du droit national, selon la CPI, le Procureur Adjoint a fait remarquer (aux autorités guinéennes) que de telles grâces accordées pour crimes contre l’humanité pourraient soulever des doutes quant à la volonté de l’État concerné de rendre justice et aller à l’encontre des obligations qui incombent à un État au regard du droit international d’enquêter sur des crimes internationaux et d’en sanctionner les auteurs.
Dans la déclaration, la Cour Pénale Internationale rappelle que le Procureur Karim Khan a clos l’examen préliminaire à propos de la situation en Guinée après avoir conclu que les autorités nationales n’étaient ni inactives, ni réticentes, ni incapables de mener véritablement à bien des enquêtes et des poursuites sur les crimes visés au Statut de Rome commis au stade de Conakry.
Le procès se poursuivra
Sur les préoccupations concrètes exprimées par des victimes, le Procureur Adjoint Niang a déclaré : « À l’heure où je quitte la Guinée, je suis rassuré de savoir que le procès se poursuivra au stade de l’appel et qu’il sera mené à son terme, que d’autres procès connexes s’ouvriront et que les réparations des victimes se poursuivront. Il n’y a pas eu de changement de cap. Le Gouvernement a affiché sa volonté d’apporter le soutien nécessaire à l’appareil judiciaire dans sa quête de justice et le Mémorandum d’accord continuera de guider les engagements mutuels du Bureau et de la Guinée pour que justice soit faite pour les crimes commis en septembre 2009 ».
A suivre !
Africaguinee.com
Créé le 23 mai 2025 15:11Nous vous proposons aussi
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