Fesabag : Marie Ivonne fait des révélations « accablantes » contre Abdoulaye Sow…

Marie Ivonne Koumbassa

CONAKRY-Exclue de la Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances et Microfinances de Guinée (FESABAG) Madame Oliano Marie Ivonne Koumbassa, ex secrétaire de cette fédération a brisé le silence suite au congrès qui a conduit à la réélection d’Abdoulaye Sow pour un troisième mandat à la tête de cette organisation. Dans cet entretien, la syndicaliste dénonce la violation des statuts et règlements par l’actuel secrétaire général. Marie Ivonne fait d’autres révélations accablantes.

AFRICAGUINEE.COM : le 26 novembre dernier, Abdoulaye Sow a été reconduit à la tête de la Fesabag à la suite d’un congrès. Comment avez-vous appris cette nouvelle ?

MARIE IVONNE KOUMBASSA : Ce n’est pas un congrès, Abdoulaye Sow a fait un coup d’Etat. Si tu organises une élection avant l’expiration du mandat, c’est un coup d’Etat. Le dernier congrès de la Fesabag a eu lieu le 14 décembre 2016. Pourquoi cette fois-ci, il a anticipé le congrès pour le 26 novembre 2021 au lieu de le faire le 14 décembre 2021 ? C’est la raison pour laquelle je dénonce ce congrès et je voudrais qu’il soit annulé parce que nous sommes membres statutaires de la FESABAG, nous avons été élus par les travailleurs et ils devraient nous laisser le temps de venir participer au congrès. 

L’article 15 des statuts de la FESABAG stipule qu’on devrait informer les membres statutaires, les élus, un mois avant le congrès, leur dire le lieu et la date du congrès. Il ne l’a pas fait. C’est pourquoi nous le dénonçons parce qu’il faudrait que tout le monde s’inscrive aujourd’hui dans la vérité pour que la Guinée bouge. Le mouvement syndical est tombé par terre, si on a des nouvelles autorités qui veulent la nouvelle génération, nous devons nous inscrire dans cette dynamique. Abdoulaye Sow doit s’inscrire dans la solidarité, surtout pour que les travailleurs puissent obtenir leurs droits.

Lors du Congrès, Abdoulaye Sow a précisé que l’assemblée a entériné votre exclusion de la FESABAG. Qu’est-ce que vous en dites ?

Sow nous a exclus en violation des statuts réglementaires. Quand quelqu’un faillit, qu’est-ce qu’il faut ? La première des choses c’est de l’appeler, l’écouter avant de lui infliger une sanction. Il ne l’a pas fait. Il nous a exclu de la FESABAG sans nous écouter. Nous avons contesté la décision devant la justice. En première instance on nous a donné raison. La justice lui a même demandé de nous reprendre mais il a refusé. Il a interjeté appel devant la Cour d’Appel, et le 10 novembre, cette Cour a rendu un arrêt nous donnant raison. Pourquoi maintenant Abdoulaye Sow refuse de nous accepter alors qu’il a approché des syndicalistes exclus par Aboubacar Soumah du SLECG et nous ses collaborateurs directs, ils nous refusent.

Les travailleurs doivent se poser la question : pourquoi Abdoulaye Sow refuse ses deux adjoints, ses collaborateurs directs ? Sinon il aurait pu nous appeler devant ceux qui nous ont élus pour s’expliquer mais il n’a pas voulu. Pourquoi il refuse ? C’est parce qu’on (les exclus) refuse son comportement. On lui a dit qu’on était venu pour les travailleurs. Mais qu’est-ce qu’il nous a dit un jour ?  Il a dit : les travailleurs sont des ingrats. On lui a dit que même s’ils sont ingrats mais puisque c’est grâce à eux que nous sommes là, on doit se battre pour eux.

Qu’est-ce que vous reprochez réellement à Abdoulaye Sow ?

C’est sa malhonnêteté, il n’est pas sincère. Abdoulaye Sow n’est pas sincère ni ouvert. Nous sommes du secrétariat général. Normalement, le secrétariat doit se réunir et se dire des choses avant de venir vers le bureau exécutif, mais nous les adjoints on a toujours été mis à l’écart. On s’est insurgé contre cela, c’est comme ça qu’il a exclu la camarade Penda, qui était la secrétaire générale adjointe et le camarade Lounceny Camara, qui est encore vivant. Il s’est saisi seul la FESABAG. Mais nous, on lui a fait comprendre que ça ne marchera pas comme ça. Moi, je suis la secrétaire générale de la délégation syndicale de la banque populaire Marocoguinéeenne. J’ai été envoyée à la FESABAG, par mes collègues, je ne peux pas accepter que tout se passe comme ça. Mais Sow a caporalisé tout, c’est devenu comme une direction qui dirige tout. Et moi, j’ai dit que ça ne peut marcher.

Comment faites-vous pour défendre ceux qui vous ont mandatés ?

Je suis encore secrétaire générale de la délégation syndicale de la banque populaire Marocoguinéenne et là, Sow ne peut pas m’exclure de mes droits à cette banque. C’est les travailleurs qui m’ont porté leur confiance, il ne peut pas m’exclure. Le jour où les travailleurs diront qu’ils n’ont plus besoin de Marie Ivone Mme Oliano, je vais rendre le tablier. Ce n’est pas Sow qui m’a mis là-bas. Il a écrit des courriers qu’il a envoyés aux structures, à la banque centrale, à l’inspection générale, chez nos partenaires à l’étranger pour leur dire que nous sommes exclus du mouvement syndical mais les travailleurs de la BPMG (banque populaire Maroco-guinéenne) se sont mobilisés pour lui envoyer un courrier pour lui demander de quel droit dispose-t-il de me retirer de mon mandat de secrétaire général de la section syndicale ? C’est eux qui m’ont élu, et il n’en était pas question.

Pourquoi je dis que SOW est mauvais ? Vous savez, en 2017, le mouvement syndical du secteur financier avait déclenché un mouvement. Suite aux négociations collectives, on est parti juste qu’à la primature. Et comme il (Sow) avait les pré-négociations, il a voulu vendre les intérêts des travailleurs aux heures proposées. On a dit non, nous sommes venus négocier et les travailleurs nous ont dit de sortir des négociations avec deux chiffres. C’était le mois de ramadan. Mais qu’est-ce que Sow a fait ? Dans le bureau du premier du premier ministre (Mamady Youla), il dit : on va arrêter un montant. Mais à la banque centrale, on (syndicat) est convenu de dire aux partenaires de nous donner 9500 Gnf, ensemble on est tombé d’accord sur cette somme. Le feu secrétaire général, Louis Mbemba était celui que nous avions désigné comme porte-parole auprès du gouvernement. Sow nous a dit, on a choisi Louis M’Bemba, ce qu’il va dire devant, c’est ce qu’on va accepter. Mais à notre fort étonnement, Louis M’bemba sort un bout de papier où c’était écrit 9000 Gnf.

Dans le bureau du premier ministre, il y avait d’autres ministres, dont celui de la sécurité, de la justice, le gouverneur etc. Et quand le doyen a dit 9000, j’ai regardé.  Sow m’a dit qu’on s’était dit que tout ce que Louis M’bemba dirait, on allait s’en tenir à ça. J’ai rétorqué en disant non, qu’on ne pouvait pas prendre ça. On s’était retiré du bureau. Cette crise, c’est l’ex président Alpha Condé qui l’avait résolue en demandant à ce qu’on accède à notre exigence qui était les deux chiffres, (9500).

Sow n’était pas content avec les patrons, parce qu’il avait négocié avec les patrons pour qu’on nous donne les 9000. Dès après les négociations, le protocole disait que personne n’allait être inquiétée. Mais nous (douze syndicalistes) avons été poursuivis par la justice, nous avions été placés sous contrôle judiciaire. Où était Sow ? La FESABAG, qu’est-ce qu’elle a fait ? Si on devrait porter plainte, c’est contre la FESABAG car c’est elle l’initiatrice de la grève. Ma banque avait retiré sa plainte et quand j’ai eu toutes les informations j’ai compris que c’est Sow qui était derrière. Mais depuis ce jour, nous menons ce combat.

Je rappelle encore que c’est Abdoulaye Sow qui a fait licencier notre camarade Abdourahmane Bella Bah (actuellement activiste de la société civile ndlr). Le jeune Bella Bah s’est présenté pour être candidat à la Société générale, on avait un collègue asthmatique (d’ailleurs décédé) que la Société Générale avait affecté en dehors de Conakry. Alors qu’un asthmatique ne doit pas rester seul dans la maison. C’est ainsi qu’il a piqué une crise dans sa maison, il en est décédé. Bella Bah, dans sa campagne, a déclaré si « vous votez pour moi je vais éclaircir les circonstances du décès de notre collègue Baldé ». Ils ont pris cette déclaration et l’ont qualifiée de menaçante. Un secrétaire général qui laisse ses camarades syndicalistes et entrent dans le bureau d’un Directeur général, négocie avec lui et sort avec un accord, qu’est-ce que ça veut dire ? Il a vendu le petit, ils ont demandé à Bella, soit il démissionne ou soit on l’enlève à Conakry. C’est ainsi qu’il a pris une décision responsable, il a dit qu’il ne va pas avec eux et a rendu sa démission.       

Il faudrait que Sow comprenne qu’il y a des nouvelles autorités qui sont là et qui veulent aider les populations, il faudrait qu’il s’aligne. Parce que lui c’est un démarcheur des patrons. Il a trahi la population en 2018, suite à l’augmentation du carburant.

Comment ?

C’est lui Sow qui a tapé la poitrine devant le premier ministre Dr Kassory Fofana en lui disant si vous augmentez un centime sur les 8 000 Gnf, nous allons tout fermer. Mais pourquoi ? On avait un accord tripartite qui dit que quand il y a augmentation de carburant, le gouvernement, le patronat et le syndicat doivent se retrouver pour discuter des mesures d’accompagnement. Mais le gouvernement avait augmenté unilatéralement le prix du carburant sans faire appel à ses partenaires. On a demandé à ce que le gouvernement ramène le prix à 8 000 en attendant la fin de négociations. La veille, Sow a fait un retournement de veste en disant qu’il n’accompagnait pas la société civile parce qu’il n’était pas concerné. Pour lui, la société civile ne défendait que ceux qui avaient un salaire d’un million ou deux millions et les banquiers sont au-dessus. Or, les banquiers viennent de la population, c’est grâce à leur petit montant que les banques vivent.

Comptez-vous organiser un congrès ?

Nous avons d’abord écrit et adressé un courrier au gouverneur de la banque centrale parce qu’avant c’est la banque mère. Et c’est là que je condamne la banque centrale, le gouverneur de la BCRG est le papa de tous les travailleurs du secteur banquier. Lorsqu’il apprend que ça ne va pas au sein d’une structure, quel devrait être son rôle?  C’était de les appeler et les approcher. Mais il ne l’a pas fait. Il a préféré prendre Sow de son côté et nous laisser parce que nous ne sommes pas des bénis oui-oui. Je suis choquée d’apprendre que M. le gouverneur a dit que Sow aurait dit que nous nous avons démissionné de la Fesabag. Qu’est-ce qu’il a fait ? C’est d’écouter seulement la version du camp de Sow sans nous écouter. Pendant trois ans il ne l’a pas fait.

Ce que je voudrais dire, que les syndicalistes se remettent en cause parce qu’aujourd’hui les fonctionnaires souffrent. Nous avons un accord avec le gouvernement qui dit que chaque année les syndicalistes doivent négocier les salaires des fonctionnaires. Mais à cause de notre division, il y a de cela trois ans les fonctionnaires n’ont pas eu un franc sur leurs salaires parce que nous sommes divisés. Le gouvernement ne fait qu’en profiter parce qu’en face, il n’y a aucune structure qui se lève pour faire des réclamations pour les travailleurs.

Maintenant que des nouvelles autorités sont là, nous devons sortir de l’ornière et de cette crise pour enfin défendre les travailleurs, la nation guinéenne parce que tout le monde n’est pas fonctionnaire. Sow a raté de sortir par la grande porte. Je voudrais d’ailleurs rappeler à Abdoulaye Sow qu’on a un accord… Aujourd’hui la BICIGUI est remplie de sous-traitants. Etant le premier secrétaire général de la Fesabag, signataire de cet accord, il est incapable d’appliquer cet accord. Les enfants sont là, ils travaillent comme des esclaves, il y a quelqu’un qui les traite avec la direction. Ce dernier a une partie du salaire qui est payée aux sous-traitants. C’est de l’esclavage de l’homme par l’homme, on a dépassé ce stade. Mais ça se passe dans notre pays, les responsables le savent.

Vous voyez un caissier qui compte des millions et des milliards de francs guinéens mais à la fin du mois il ne touche qu’un million deux cent cinquante mille francs guinéens (1 250 000 FG), et dans cette somme, s’il y a des manquants dans son travail, c’est dans ces 1 250 000 fg qu’il est obligé de prendre et rembourser. Ceci doit cesser. On ne peut pas mettre un enfant au monde, payer sa scolarité, et qu’à la fin dans son travail, il se retrouve esclave de quelqu’un d’autre.

Nous invitons les nouvelles autorités à jeter coup d’œil dans la sous-traitance. Elle doit être supprimée dans le secteur financier. Vous prenez quelqu’un qui compte plus d’un milliard et à la fin du mois, vous prenez 1 250 000 pour lui remettre. Nous devons nous lever contre cela. Et nous devons céder la place à la nouvelle génération pour mener la lutte syndicale tout en leur laissant une route bien défrichée.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 114

Créé le 6 décembre 2021 12:01

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