Sud de la Guinée : A la rencontre des « amazones » de Gbouo, spécialisées dans l’extraction de l’huile de Palme…
CONAKRY-Tout au long de mars, mois dédié aux Droits de la Femme, votre quotidien électronique braque les projecteurs sur ces femmes anonymes qui cravachent dur dans des conditions souvent difficiles pour gagner leur vie. Elles sont nombreuses qui excellent dans divers domaines, notamment dans la région de N’Zérékoré.
Notre correspondant en Guinée forestière s’est rendu à Gbouo, district situé dans la sous-préfecture de Soulouta. Sur place, il a partagé le quotidien de ces braves femmes qui excellent dans l’extraction d’huile de Palme. Dans cette zone rurale, les difficultés ne manquent pas. Reportage.
En Guinée, notamment en région forestière, la culture des palmiers à huile représente une source de revenus considérable pour les exploitants agricoles. L’huile rouge extraite de la pulpe de fruit du palmier est l’une des plus consommée en Guinée. On la retrouve dans presque tous les mets locaux.
Avec plus de 50 millions de tonnes produites chaque année (dans le monde), c’est l’huile végétale la plus consommée au monde en cuisine, selon le ministère américain de l’Agriculture.
Comment cette huile était-elle extraite ? Rencontrées en pleine activité dans un vaste champ de palmiers, ces femmes racontent le processus très long d’extraction et de transformation avant d’obtenir le produit fini livrable directement sur le marché pour consommation.
« Pour un premier temps nous tentons de négocier avec le jeune grimpeur. Et cette négociation concerne la location de la ceinture qui s’élève à 20.000Gnf. Après la récolte des régimes, nous les transportons pour les rassembler dans un seul endroit. Le prix de récolte d’un régime varie entre 2.000 Gnf à 10.000 Gnf. Tout au long de la récolte, nous sillonnons partout pour transporter les régimes pour les rassembler.
Si la personne fait tomber par exemple 50 régimes la journée, c’est arrivé au village que nous lui remettons les 100.000Gnf la valeur correspondante. Ensuite, nous nous rendons au lieu de rassemblement des régimes pour les tailler tous. Puis nous, les couvrons avec les feuilles et les rameaux pour permettre aux pulpes de tomber. Deux jours après, nous venons enlever les pulpes que nous mettons dans les sacs », explique Monique Kolié.
A partir de là, c’est une autre étape qui commence. Ces exploitantes agricoles négocient avec les conducteurs de taxi-moto pour transporter les sacs remplis de noix (pulpes) à l’endroit où se la machine. Le transport est en fonction de la distance. Le prix d’un sac commence à partir de 20.000Gnf, mais parfois il peut aller jusqu’à 40.000Gnf. Une fois transporté au niveau de la machine, les futs sont remplis de noix, ensuite on ajoute de l’eau pour bouillir ces noix de palmes. Le processus de cuisson dure entre 2 à 3 heures.
« Nous enlevons au feu pour transporter les noix de palme au niveau de la machine puis nous ajoutons encore de l’eau. C’est là où les noix de palme sont broyées et la machine procède à la décantation. Il y a les résidus et les noix de palmes qui restent d’un côté et l’eau sort d’un autre côté sous forme de boue pour descendre dans un récipient. Ensuite nous faisons le tamisage pour filtrer le produit versé dans le récipient. C’est une manière de la débarrasser des petits résidus que la machine n’a pas pu enlever.
Puis, nous ajoutons encore de l’eau pour remettre dans le fut et faire bouillir. Une fois que c’est bouilli, l’huile monte à la surface et l’eau reste en bas. C’est l’huile qui monte à la surface que nous prélevons pour mettre dans un récipient, puis dans des bidons. Une fois le produit fini obtenu, il y a des commerçants qui viennent à la source pour acheter ces bidons d’huile rouge », explique Monique Kolié, une mère de famille rencontrée sur place.
La production de l’huile de palme varie en fonction des palmiers mais aussi en fonction du climat nous-apprennent ces spécialistes. L’huile rouge donne beaucoup plus dans la chaleur que dans la fraicheur.
‘’Ce qu’il faut signaler, il y a des variétés de palmiers. Il y a certains qui donnent beaucoup plus d’huile et d’autre en donne moins. En plus de cela, il y a le climat qui a un impact dans le processus d’extraction d’huile de palme. Quand il fait chaud, les palmiers produisent beaucoup plus d’huile. Mais quand il y a assez de fraicheur, ils produisent moins d’huile’’, précise Marie Loua.
De nos jours, un bidon d’huile rouge se vend entre 105 à 115.000Gnf. Cette baisse considérable du prix sur le marché est la conséquence de l’interdiction d’exportation de plusieurs produits dont l’huile de palme par le gouvernement actuel. Une situation qui frustre ces femmes qui excellent dans cette activité d’extraction.
« Après tous ces efforts fournis et ces dépenses effectuées, quand les gens viennent acheter, ils prennent le bidon à 100.000Gnf. Donc, nous ne gagnons rien presque, nous souffrons d’ailleurs beaucoup. E si nous ne faisons pas cette activité, nous ne pouvons pas trouver les moyens pour satisfaire nos besoins vitaux et les besoins de nos enfants scolarisés », se lamentent-elles.
« Le prix de l’huile est très bas cette année. C’est seulement pendant ces 2 dernières semaines que le prix est monté à 120.000Gnf. Sinon avant, c’était entre 90.000 à 100.000Gnf. Donc ça fatiguait tout le monde. Les gens se plaignaient », déplore Noel Haba, Vice-président du district de Gbouo.
Au-delà de ces plaintes, il y a également la rareté de l’eau dans le village. Or, dans le processus d’extraction et de transformation de l’huile de palme, l’eau est un élément fondamental.
‘’L’année passée, la pluie nous a donné beaucoup de production. Mais cette année, il n’y a pas de pluie et il y a un fort maque d’eau’’, déplore le Vice-président du district de Gbouo.
La Guinée forestière est l’une des régions d’extraction d’huile par excellence. Les femmes sont au cœur de cette activité.
De retour de Gbouo,
SAKOUVOGUI Paul Foromo
Pour Africaguinee.com
Tél : (00224) 628 80 17 43
Créé le 12 mars 2024 08:00Nous vous proposons aussi
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