Fantagbè Kaba, arbitre attitrée FIFA : « Mon parcours et mes ambitions… »

Fantagbè Kaba

CONAKRY- C'est une femme au parcours atypique qui fait aujourd'hui la fierté de la Guinée ! Fantagbé Kaba, l’une des 3 femmes arbitres guinéennes assistantes à la Fifa. Titulaire d’un Master en Histoire des Relations Internationales, cette arbitre guinéenne a cravaché dur pour arriver au bout de son rêve. Celui de devenir arbitre international au compte de la FIFA. Des difficultés ? Elle en a rencontré. Mais Mademoiselle Kaba, la trentaine, les a surmontées avec résilience. Dans cette interview, Fantagbé Kaba revient sur ses débuts en tant qu'arbitre dans le foot, les difficultés rencontrées et parle de ses ambitions.

AFRICAGUINEE.COM : Parlez-nous de votre parcours ?

FANTAGBE KABA : Tout a débuté à Labé, en 2005. A l’époque, on organisait des tournois dans chaque région. C’est là que j’ai commencé mes premiers pas à l’arbitrage. Je faisais le collège à l’époque. J’ai continué jusqu’à un certain moment, j’ai lâché parce que tout départ n’est pas facile surtout pour une fille. C’était un peu compliqué. Je me disais que toutes mes copines avec lesquelles j’ai étudiées personne n’a choisi ce métier. Cela me décourageait. Finalement, grâce aux encouragements de ma maman, je suis revenue pour continuer le métier.

Comment avez-vous réussi à intégrer le cercle des arbitres de la Fifa ?

Cela est intervenu à l’issue d’une sélection. Chaque année, la commission des arbitres en accord avec la Fédération guinéenne de football (Féguifoot) organise des tests pour les arbitraires préalablement inscrits sur la liste. Celui qui réussit est reconduit sur la liste. Il y a une autre catégorie pour intégrer le championnat national. C’est dans cette catégorie qu’on choisit l’inscription pour la Fifa.

Depuis votre intégration sur la liste des arbitres de la FIFA, avez-vous officié des rencontres ou compétions internationales ?

Je suis arrivée en 2014 sur le plan international. Depuis cette date, j’ai réussi à arbitrer 8 matchs internationaux et deux compétions internationales.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce travail ?

Elles sont énormes. C’est un peu compliqué pour une femme quand on doit se lever tous les jours. Par exemple, moi, je me réveille à 5h, je me prépare pour être au stade à 6h, faire l’entrainement et faire le test comme le font les hommes. Ce n’est pas facile pour une femme car, non seulement, notre morphologie ne nous permet pas de faire parfois ce que nous voulons comme le font les hommes.

Souvent on parle des scandales ou de harcèlement des femmes dans le monde du sport. Le football n’en fait pas exception. Qu’en est-il de votre cas ?

Personnellement, je n’en ai pas été victime. Mais, je connais beaucoup de femmes qui en ont été victimes. Au début, quand parfois j'arbitrais, des supporters frustrés, lançaient : « toi une femme, au lieu d’aller préparer pour tes parents ou ton mari, tu es là à courir par-ci par-là on dirait une brebis galeuse ». Je les comprends parce que souvent, c’est des supporters frustrés. Sinon, je n’ai pas subi de discrimination, mais j’ai plutôt eu de soutien de la part des hommes avec lesquels nous travaillons. Ils comprennent notre situation et nous soutiennent et c’est le lieu pour moi de les remercier. Pour moi, dans ce métier d’arbitrage, les hommes et les femmes se complètent.    

 Être femme au foyer et arbitre international. Est-ce conciliable ?

Je suis encore célibataire, mais j’ai beaucoup d’amies qui sont femmes au foyer et qui sont arbitres à la fois. Elles font avec mais, c’est un peu compliqué pour elles car, même si tu n’es pas femme au foyer c’est difficile. Maintenant que tu sois femme au foyer, il y a les enfants qu’il faut s’en occuper, le mari, le foyer, les entrainements, les matchs et tout. C’est un peu compliqué. Mais comme le dit l’adage, « quand on veut, on peut ».

Le 8 mars de chaque année est célébré "la journée mondiale dédiée à la reconnaissance des droits de la femme". Que vous inspire cette date ?

C’est une date mémorable, mais je pense qu’au lieu que les femmes passent tout le temps à chanter et à danser, on devrait poser des actes. Il y a beaucoup de choses que les femmes doivent faire. Comme on aime le dire, « tout ce que femme veut, Dieu le veut », si toutes les femmes se donnaient la main pour faire quelque chose, mettre un projet sur papier c’est mieux que d’aller faire une fête.  

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des femmes et filles et de Guinée ?

Tout ce qu’un homme peut faire comme travail, nous pouvons le faire aussi. Ce n’est pas facile, il y aura toujours des obstacles parce qu’il y a d’autres personnes qui vont te décourager, mais je conseillerai aux femmes d’aller au bout de leurs idées. De s’abstenir de dire que ce travail est fait pour les hommes et non pour les femmes. Nous sommes tous égaux, tout ce que les hommes peuvent faire nous pouvons le faire aussi.  Je lance un appel à toutes les filles qui veulent intégrer le sport, l’arbitrage en particulier.

Aujourd’hui, le pourcentage de femmes est très faible surtout au niveau de l’arbitrage. Je dirais aux jeunes filles qui font le collège, lycée et même l’université et qui me liront ou regarderont ma vidéo, de ne pas abandonner les études parce que c’est primordial et si elles veulent venir dans l’arbitrage, la porte est grandement ouverte.  L’arbitrage c’est un métier qui t’ouvre le monde, donne des opportunités de voyage, stage et ce sont des avantages qui peuvent en créer d’autres. 

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 664 72 76 28

Créé le 14 mars 2021 10:45

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