Exil de Cellou Dalein, son départ et ses relations avec l’UFDG : Dr Ben Youssouf Keita parle… « interview »
CONAKRY- Après quinze ans au sein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, Dr Ben Youssouf Keita, médecin de profession, ancien député de la huitième législature a décidé de quitter le parti dirigé par Cellou Dalein Diallo. Depuis janvier 2022, il est président d’une formation politique, dénommée Alliance pour le Changement et le Progrès (ACP).
Dans cet entretien qu’il a accordé à Africaguinee.com, l’ex président de la commission santé du parlement guinéen évoque la situation actuelle de sa formation politique, ses rapports avec ses anciens collaborateurs de l’UFDG, de l’exil politique de Cellou Dalein Diallo et du retour de ce dernier en Guinée.
AFRICAGUINEE.COM : Depuis janvier 2022, vous avez pris la décision de quitter l’Union des Forces Démocratiques de Guinée en créant votre propre formation politique. Comment ça se passe avec ce nouveau parti ?
Dr. BEN YOUSSOUF KEITA : Je vous remercie sincèrement de m’avoir donné l’opportunité de parler de ma formation politique qui a été créée le 21 janvier 2022. Nous sommes en train de nous implanter. Aujourd’hui je peux vous dire que nous avons des antennes qui répondent au nom de notre formation politique un peu partout en Guinée et à l’étranger. C’est un motif de satisfaction. Ce n’est pas le jour de la guerre qu’il faut affûter les armes. Nous avons entamé les démarches pour avoir le précieux sésame (l’agrément), mais d’ici là, nous sommes en train de nous implanter, en faisant de bouche à oreille, de porte à porte.
Nous disposons de plusieurs atouts. D’abord, il y a le fait déjà que j’ai été pendant 15 ans, secrétaire général du syndicat des travailleurs d’une grande entreprise minière, la société AERODOR ; membre d’une grande formation politique qui s’appelle UFDG, et ayant occupé des postes de président de la commission santé, jeunesse, sports, administration, patrimoine historique et culture. Aussi, mon rôle de médecin disponible à tout temps et surtout polyglotte : je parle Malinké, poular, Sousou et Kissi en plus de l’espagnol, l’anglais, le français et le portugais, je me définis comme guinéen tout simplement. Tout cela fait que j’ai été connu dans mon pays. Et beaucoup de personnes, sans que je ne fasse le déplacement, ayant appris que j’ai une formation politique, ont décidé de me représenter dans leurs localités et constituer des antennes.
Aujourd’hui, à l’exception de quelques six (6) villes, nous sommes installés un peu partout en Guinée. Sinon, tout le reste du territoire national est couvert, et nous ne tarderons pas à nous installer dans ces six villes.
A l’étranger, d’abord dans les pays voisins : Côte d’Ivoire, Libéria, Sierra Leone, Gambie, Guinée Bissau et puis, Angola, Mozambique, nous sommes représentés. Chez les pays Maghrébins, Maroc, Egypte, Algérie, on est implanté. En occident, nous sommes également implantés en Angleterre, en France et en Belgique. Nous avons aussi nos antennes aux États-Unis et au Canada.
C’est donc pour vous dire que nous pouvons nous estimer heureux et confiants quant à l’aboutissement de notre projet d’accéder un jour au pouvoir, et d’être président de la république de Guinée.
Quels sont vos rapports avec votre ancien président Cellou Dalein Diallo ?
J’ai toujours eu de bons rapports avec tous les cadres de l’UFDG et notamment avec Elhadj Cellou Dalein Diallo. On s’est séparé en de bons termes. Le président Cellou ne voulait pas en réalité que je parte mais j’avais pris ma décision purement et simplement parce que je voulais voler de mes propres ailes. Et avec l’expérience que j’ai eue par-ci par-là, et avec ma propre ambition de devenir un jour, moi aussi, président de la République de Guinée, c’est ce qui m’a motivé, pas autre chose. Sinon, je n’allais pas quitter UFDG parce que j’ai tout eu avec ce parti : le respect, la considération et la promotion. Moi aussi, j’ai donné tout ce que je pouvais. Avec un peu de modestie, je vais vous dire que c’est moi qui ai installé l’UFDG dans toute la Haute Guinée et de la Guinée Forestière.
Sans modestie, je peux vous dire qu’en dehors de Cellou Dalein, Hadja Halimatou Dalein Diallo, aucun autre cadre n’a pas apporté à l’UFDG, en termes de mobilisation, d’implantation comme ma modeste personne, ça, je suis fier de cela. Je sais que l’UFDG me l’a reconnu. Et c’est pour cette raison, qu’une fois de plus, on s’est séparé en bon termes, et je garderai toujours de bons souvenirs et je ne souhaiterais que du bonheur à tous les militants et sympathisants de l’UFDG.
Depuis 2022, Cellou Dalein vit en exil, loin de ses proches et ses militants. Comment observez- vous cette situation ?
Il faut savoir que l’exil est difficile. On ne souhaite à personne l’exil. Vivre en dehors de la terre de ses ancêtres est très difficile même quand vous êtes étudiant. Moi j’ai fait mes études universitaires à Cuba, j’y suis resté près de huit ans, je suis revenu, j’ai été en France, j’y ai vécu. J’ai été également dans d’autres pays, notamment aux États-Unis, pour ne citer que ces quelques exemples. J’ai travaillé avec des gens qui ont vécu l’exil politique. Je vais citer le cas de l’actuel premier ministre Amadou Oury BAH. On était tous à l’UFDG, il a vécu l’exil politique, il n’a jamais cessé de marquer la souffrance qu’il a vécue quand il était en exil. Il y a un autre cas emblématique, d’un monsieur qui est le secrétaire général du ministère de l’information et de la communication Souleymane Bah dit Souley Thianguel, il a souffert de l’exil. Mais on ne souhaite à personne de vivre en dehors de son pays.
Tout ce que je peux dire, je prie Dieu que chaque compatriote rentre au pays de ses ancêtres et vivre plus normalement que possible.
Cellou Dalein est en exil pendant qu’une procédure judiciaire le concernant dans le dossier Air Guinée est en cours par devant la CRIEF. Pensez-vous qu’il doit rentrer pour faire face à la justice et préparer les futures échéances électorales ?
C’est une affaire qui date de longtemps. Je me souviens, quand le bouillant et patriote capitaine Moussa Dadis est venu au pouvoir (2008), j’étais encore de l’UFDG, j’ai suivi ce qui s’est passé toujours dans cette affaire du dossier Air Guinée. Bref, l’unique réponse que je pus vous donner vaut mieux mille précautions qu’une seule imprudence.
A suivre !
Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 25 septembre 2024 12:50Nous vous proposons aussi
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