Dubréka-Tobolon : plusieurs jeunes écroués suite à l’attaque du bureau du quartier
DUBREKA- Des jeunes du quartier Tobolon-centre accusent leur chef de quartier d’avoir voulu soustraire 3 milliards Gnf à un opérateur économique, au détriment de la construction d'infrastructures sociales de base. Lorsque l’affaire a été ébruitée, les jeunes se sont interposés, demandant au donateur de construire des infrastructures socioéconomiques de base au lieu de donner le montant en espèces.
En représailles, Fodé Tobolon Camara, aurait ordonné l'arrestation des jeunes qui ont découvert et empêché sa “manigance”. Ce bras de fer a provoqué un soulèvement ayant conduit à la destruction du bureau du quartier. De nombreux jeunes sont arrêtés et placés en détention, actuellement à Dubreka.
Selon Aboubacar Lory Sylla, secrétaire du bureau exécutif de la jeunesse de Tobolon Centre, le chef de quartier n’a pas aimé la démarche de la jeunesse auprès de l’opérateur économique Saliou Kégnéko qui, d’après ses explications, a accepté de financer la réalisation des infrastructures dans la localité.
« Notre chef de quartier qui se nomme Fodé Tobolon Camara a injustement fait arrêter nos amis disant qu’ils ont reçu une somme de 700 millions Gnf de la part d’un opérateur économique du nom de M. Kegnéko. C’est la raison pour laquelle il a fait arrêter nos amis alors que la jeunesse n’a fait que défendre les populations en demandant à cet opérateur de construire des infrastructures notamment, un hôpital public, un marché, un forage et faire la clôture du cimetière » explique Aboubacar Lory Sylla.
« Nous nous sommes allés vers voir l’opérateur économique pour lui demander une doléance. Ce qu’il a accepté. Il a même commencé le forage plus la clôture de notre cimetière dont les travaux ont été lancés mais n’ont pas continué parce que nos amis ont été arrêtés et mis en prison » précise Sylla.
Sur le terrain, les travaux de construction du forage et de la clôture du cimetière ont été déjà entamés, constate-t-on. « Nous avons appris que le chef de quartier est allé négocier en personne chez monsieur Kégnéko pour lui dire que s’il veut investir sur son domaine, il faudrait qu’il lui donne 3 milliards Gnf. Nous nous sommes dit que ça c’est injuste parce que le quartier est en manque d’infrastructures de base, il n'y a pas d’hôpital, il faut aller jusqu’à Km 36 alors que la route n’est pas bonne. C’est pourquoi nous nous sommes constitués en groupe pour aller faire cette demande » précise-t-il.
A la suite d’une descente des hommes armés pour arrêter le président de la jeunesse de Tobolon, les citoyens se sont révoltés et ont saccagé le siège du quartier. « C’est pendant la nuit du 3 février 2021 que des hommes armés sont venus capturer notre président. Ils sont venus chez lui à 4 heures du matin. Il a été arrêté sans avoir reçu de convocation, ni de plainte pour dire qu’il a refusé de répondre. Ensuite, ils se sont mis à notre recherche. Heureusement, on nous a alertés très tôt. C’est suite à cela que les gens se sont révoltés et ont incendié le bureau du quartier » précise-t-il.
La situation reste toujours tendue. Une plainte a été adressée à 6 autres jeunes du quartier. Partis répondre à la convocation, ceux-ci aussi ont été arrêtés et détenus en prison. « Si nos amis doivent comparaitre, nous exigeons qu’on nous juge tous et nous demandons le départ du chef du quartier », martèle M. Sylla.
Interrogé, le chef de quartier, Fodé Tobolon Camara a rejeté toutes les accusations portées à son encontre. « Il n’y a rien entre les enfants de Tobolon et moi. Ceux qui m’accusent là, je ne les connais pas. Je ne connais pas cette affaire d’argent. Je ne connais pas et ce monsieur qui s’appelle Kégnéko. Si ce monsieur Kégnéko est venu là-bas ou non, moi je ne connais pas. Tout ce que je sais, ils ont organisé une manifestation et ont saccagé le siège du quartier qu’on a construit. Personne n’a contribué pour la réalisation de ce siège, c’est pour l’Etat et non pour moi. Celui qui a gâté, on l’a attrapé et envoyé à la justice. C’est à la justice de dire pourquoi il a gâté», rétorque M. Camara tout en précisant que les autres jeunes ont été arrêtés parce qu’ils font partie de ceux qui ont saccagé le siège du quartier de Tobolon.
Interrogé sur cette affaire, le conseiller personnel d’Elhadj Saliou Kégnéko PGD du groupe SONOCO, a confirmé avoir eu des échanges téléphoniques avec le chef de quartier de Tobolon. Elhadj Tidjane Koula Diallo, précise qu’il n’a pas donné de l’argent à Fodé Tobolon Camara, mais ce dernier a tenté de l’escroquer.
«Ce terrain nous appartient, il y a de cela 20 ans depuis que nous l’avons acquis. C’est une plantation qui était là-bas d’ailleurs. Il y a de cela quelques mois que nous avons reçu une délégation des gens de là-bas disant qu’ils ont appris qu’on veut construire une usine sur notre terrain. Ils ont énuméré quelques besoins en infrastructure de base qu’ils souhaiteraient qu’on construise pour le quartier. Nous avons approuvé leurs requêtes tout en précisant que si on veut implanter une usine, on priorisera les jeunes de là-bas lors du recrutement mais en fonction de leurs compétences.
A un moment donné lorsqu’on a voulu travailler sur le terrain, le chef de quartier a tenté de nous faire croire que c’est un domaine en conflit. Mais nous, nous détenons tous les dossiers y compris le titre foncier. Les papiers ont été faits il y a de cela 20 ans. Il a voulu qu’on se rencontre mais j’ai refusé.
Les jeunes ont formé une délégation et sont venus me voir. Ils nous ont dit qu’ils n’ont pas besoin d’argent mais ils nous demandent juste d’aider les populations à travers des infrastructures de base. On leur a promis qu’on fera de notre mieux. Nous leur avons fait comprendre aussi que le chef de quartier n’a obtenu aucun sous avec nous.
Cependant, lors de ma conversation téléphonique avec le chef de quartier de Tobolon, il a proposé à ce qu’on lui donne 3 hectares ou 3 milliards francs guinéens à cause du terrain. Mais je lui ai fait savoir que je n’ai pas à discuter de l’affaire du terrain avec lui. C’est seulement avec le ministre de l’Urbanisme qu’on peut discuter sur ça » a précisé le conseiller de personnel du PGD du groupe SONOCO, Elhadj Foula Diallo.
Selon Alkaly Mohamed Touré, avocat de 7 jeunes détenus, le dossier est au cabinet d’instruction du tribunal de première instance de Dubréka. « Le juge d’instruction a fait l’audition de la partie civile et l’interrogatoire des inculpés. On a fait une demande de mise en liberté provisoire dans un premier temps qui n’a pas été acceptée par le juge d’instruction et également par le parquet aussi », explique l’avocat qui compte renouveler sa demande de mise en liberté provisoire.
Siddy Koundara Diallo
Pour Africaguinee.com
Tel: (00224) 664-72-76-28
Créé le 27 février 2021 10:05Nous vous proposons aussi
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