DPJ : Gaoual et cie photographiés tenant une ardoise avec la mention « complot »
CONAKRY-Le collectif des avocats engagés dans la défense des responsables de l'UFDG et de l'ANAD, écroués à la maison centrale de Conakry, ont fait des "révélations troublantes" sur ce dossier judiciaire, ce jeudi 19 novembre 2020.
Au regard des dispositions du code de procédure pénale, le Collectif des Avocats de la défense relève plusieurs irrégularités portant atteinte, selon lui, aux droits fondamentaux des personnes poursuivies. Selon le pool des avocats cette procédure ne repose sur aucun élément tangible.
Pour Maitres Pépé Antoine Lamah, Salifou Béavogui, Mohamed Traoré, Alsény Aisssata Diallo, cette procédure n'a qu'un seul but : "Détourner l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les graves crimes commis sur des citoyens après le scrutin du 18 octobre 2020, à affaiblir, voire anéantir l’opposition politique en intimidant ses leaders et en entravant leurs activités sur le terrain".
Dans leur déclaration publiée aujourd'hui, les avocats soutiennent qu'à la Direction Centrale de la Police Judiciaire, leurs ont été entendus sur des faits qui n’étaient visés ni par la commission rogatoire, ni par les convocations qui leur ont été adressées.
"Les questions des enquêteurs ont porté essentiellement sur des propos qu’ils auraient tenus avant, pendant et après le scrutin du 18 octobre 2020. Au cours de l’enquête de police, il n’a été à aucun moment question des infractions de fabrication, acquisition, stockage, détention, usage d’armes légères, de guerre, de détention de munitions, de menaces et d’association de malfaiteurs. D’ailleurs, aucune arme, aucune munition n’ont été présentées aux intéressés. De même, il n’a été fait mention d’aucune perquisition, visite domiciliaire ou saisie relative à ces infractions", ont-ils expliqué.
Ils mentionnent cependant que le lundi 16 Novembre 2020, Ousmane Gaoual DIALLO, Etienne Soropogui, Mamadou Cellou BALDE et Abdoulaye BAH ont été conduits devant le Doyen des Juges d’instruction qui, après les avoir inculpés des infractions de fabrication, acquisition, stockage, détention, usage d’armes légères, de guerre, de détention de munition, les a placés en détention provisoire. Ibrahima Cherif BAH quant à lui, a été placé sous mandat de dépôt le 13 Novembre 2020 pour les mêmes infractions.
"Dans sa déclaration radiotélévisée, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Dixinn a soutenu qu’Ousmane Gaoual DIALLO, Etienne SOROPOGUI, Mamadou Cellou BALDE et Abdoulaye BAH « sont activement recherchés ». Or, ce sont des personnes dont les domiciles sont connus et qui n’avaient reçu aucune convocation. Cette déclaration du chef du parquet de Dixinn, n’avait d’autre but que de les diaboliser et de justifier éventuellement leur arrestation violente. Les convocations qui leur ont été adressées n’indiquaient pas les motifs pour lesquels ils sont actuellement poursuivis, ce en violation des dispositions de l’article 82 du Code de procédure pénale. De la même manière, les enquêteurs ont foulé aux pieds les dispositions de l’article 1257 du Code de procédure pénale relatives au droit à l’information de la personne mise en cause", soutient le collectif qui précise qu'en outre, les règles relatives à la garde à vue n’ont pas été observées.
Plus grave, a fait observer le collectif, la police judiciaire, avant de présenter les mis en cause au magistrat instructeur, les a photographiés individuellement en les obligeant à tenir une ardoise sur laquelle on pouvait lire le nom de l’intéressé et la mention « complot ».
Selon maitre Mohamed Traoré et ses confrères, en plus de la violation manifeste du droit de leurs clients à la présomption d’innocence, cet acte qui rappelle un passé sombre était destiné à humilier et à saper le moral des intéressés.
"Il traduit aussi la haine et le zèle de certains enquêteurs à leur endroit. En tout état de cause, le collectif des avocats de la défense entend œuvrer à la manifestation de la vérité en usant de tous les moyens légaux. Il craint tout simplement l’instrumentalisation à outrance de la Justice à des fins politiques", ont-ils averti.
Faits troublants, expliquent-ils, le réquisitoire introductif d’instance du procureur de la République et la commission rogatoire du Magistrat instructeur ont été établis le même jour, soit le 14 Octobre 2020. C’est-à-dire bien avant l’élection présidentielle du 18 Octobre 2020.
"Ce qui laisse apparaitre une volonté évidente de procéder à des arrestations sans aucune infraction. En d’autres termes, ces agissements ne sont ni plus, ni moins qu’une démarche qui consiste à interpeller d’abord et inventer les infractions par la suite. Le collectif déplore cette situation !", a fustigé le collectif.
Dossier à suivre…
Abdoul Malik Diallo
Pour Africaguinee.com
Créé le 19 novembre 2020 18:33Nous vous proposons aussi
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