Décrispation du climat politique : ADO va-t-il inspirer Alpha Condé ?

CONAKRY-Réélu pour nouveau mandat dans un climat de forte tension, Alpha Condé s'est inscrit dans une logique de défiance vis-à-vis de son principal adversaire Cellou Dalein Diallo. Plusieurs proches collaborateurs de l'ancien premier ministre sont visés par des poursuites judiciaires, ravivant davantage les braises déjà ardentes. Pourtant, de l'avis de maints observateurs, le chef de l'Etat devrait poser des actes qui rassurent qui vont dans le sens l'apaisement. Quittes à frustrer certains dans son propre camp.
Jusque-là, les discours et les actes qu'il a posé suscitent à la fois inquiétude et incompréhension. En déclenchant une "chasse aux sorcières" contre ses adversaires, Alpha Condé ravive les flammes de la crispation dans un pays fragile. Aujourd'hui, il faut le dire d'emblée, au-delà des récentes violences postélectorales dont les séquelles sont encore fraiches dans les mémoires, sa longue quête du troisième mandat, a laissé des traces et des blessures difficiles à cicatriser.
Trop de morts, trop de blessés, trop de biens détruits. Au point que beaucoup sont même tentés de dire : tout ça, pour ça ? Le 3è mandat est acquis, mais à quel prix ? Mais pour qui se rappelle de sa déclaration dans les colonnes du journal le Monde en octobre 2019, quand il a dit : "dans les autres pays où il y a de nouvelles Constitutions, il y a eu beaucoup de manifestations, il y a eu des morts, mais ils l’ont fait" (sic), ne doit s'étonner. Des morts ? Il y en a eu en grand nombre, des blessés aussi par milliers, des dégâts matériels très importants sans compter les arrestations. Justice ? Il n'y en jamais eu par contre pour les victimes et leurs proches. Aux yeux de maints observateurs, l'héritage du troisième mandat se résume en quelques mots : meurtres, pillages, incendies, division, douleurs.
Ça y est ! A 82 ans, Alpha Condé arrivé au pouvoir en 2010, suite à une "remontada d'anthologie", face à Cellou Dalein Diallo, qu'il a battu sur le fil du rasoir, s'est fait réélire pour un nouveau mandat de six ans. Le chemin pour y arriver n'a pas été un long fleuve tranquille. Au contraire, il a été parsemé d'embûches : de larmes, de douleurs, et de cadavres.
La volonté affichée par l'octogénaire à ne pas quitter le pouvoir en 2020, après ses deux quinquennats, comme le prévoyait la constitution de mai 2010, qu'il a changé par un référendum controversé le 22 mars, a donné lieu à des mois de manifestations souvent violentes qui ont causé la mort d'une centaine de civils pour la plus part, selon un décompte macabre effectué par le FNDC, le mouvement anti-troisième mandat.
Aujourd'hui, s'il peut se "frotter les mains", en se disant que sa victoire bien que contestée, par ses principaux adversaires, est reconnue sur la scène internationale, Alpha Condé est observé de près. La CEDEAO, l'Union Africaine demande clairement un apaisement de la situation, en amorçant un dialogue sincère en vue d'aplanir les différends. Mais pour qu'il y ait apaisement, faudrait-il poser des actes qui vont dans ce sens. Or, ce à quoi on assiste aujourd'hui, ne concoure guère à cet idéal.
En Côte d'Ivoire à côté, dont la crise est peu similaire à celle de la Guinée, Alassane Dramane Ouattara, a posé un acte fort, après la confirmation de sa victoire "controversée" à l'élection présidentielle du 31 octobre. Le fait d'avoir brisé "la glace de la méfiance" en rencontrant son principal opposant, Henry Konan Bedié, Alassane Ouattara commence déjà à apaiser les tensions. Alpha Condé en sera-t-il inspiré ? L'avenir nous le dira.
Focus Africaguinee.com
Créé le jeudi 12 novembre 2020 5:22Nous vous proposons aussi
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